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Taxe de séjour collectée par Airbnb : "Rien en comparaison des impôts qu'ils devraient payer", selon Ian Brossat
"On ne va pas se mettre à plat ventre pour ça", tempère Ian Brossat.

Taxe de séjour collectée par Airbnb : "Rien en comparaison des impôts qu'ils devraient payer", selon Ian Brossat

Entretien

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Bien que la mairie de Paris s'apprête à toucher un joli pactole de 15,3 millions d'euros au titre de la taxe de séjour collectée par Airbnb, l'adjoint au Logement de la capitale, Ian Brossat, tient à relativiser auprès de Marianne les bienfaits de l'entreprise américaine.

58 millions d'euros : c'est le montant du chèque signé par Airbnb à 28.000 communes françaises, selon les informations duParisien ce vendredi 10 janvier. Ce montant correspond aux taxes de séjour versées par les loueurs Airbnb, entre janvier et octobre 2019, pour chaque nuitée réservée sur la plateforme de location en ligne. "Nous réglons la taxe Gafa de 3%, à laquelle nous n'avons jamais été opposés, nous collectons la TVA, la taxe de séjour et nous permettons à nos hôtes de générer des revenus, qui peuvent être imposés", se félicite ainsi auprès de nos confrères le directeur général France d'Airbnb, Emmanuel Marill trop heureux de pouvoir redorer le blason d'une marque très controversée pour son influence néfaste sur le prix de l'immobilier. Bien que la mairie de Paris s'apprête à toucher un joli pactole de 15,3 millions d'euros au titre de la taxe de séjour, l'adjoint au Logement de la capitale, Ian Brossat, tient à relativiser auprès de Marianne les bienfaits de l'entreprise américaine.

Marianne : Vous vous battez depuis des années pour qu'Airbnb joue le jeu, notamment en matière fiscale. Ce paiement est donc plutôt une bonne nouvelle, non ?

Ian Brossat : Attention, il ne faut pas aller trop vite en besogne ! Airbnb ne fait que collecter la taxe de séjour. L'entreprise ne paie pas, ce n'est pas son argent. Il y a une grosse opération de communication là-dessus, destinée à entretenir le flou. La plateforme ne fait en fait qu'appliquer la loi. On ne va pas se mettre à plat ventre pour ça…

Mais Airbnb a anticipé ses obligations légales : ne s'agit-il pas d'un signe de bonne volonté ?

C'est vrai qu'Airbnb a devancé ce à quoi la loi l'oblige aujourd'hui. Ils imaginaient sans doute que la municipalité les laisserait tranquilles sur le reste en anticipant sur le paiement de la taxe de séjour, mais ce n'a pas été le cas, et ils font preuve depuis d'une grande hostilité.

Ces millions sont donc très loin de solder la dette d'Airbnb envers la société française ?

Bien sûr… ces sommes ne représentent rien comparativement aux impôts que devrait payer Airbnb, qui organise des dispositifs d'évasion fiscale depuis des années. Il faut mettre les choses en perspective : 15 millions d'euros, ce n'est pas grand chose comparativement aux 9 milliards de budget de Paris, ni aux 400 millions du budget du Logement pour la capitale.


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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne