Médicaments, génétique, biologie cellulaire, où en est la recherche pour ralentir le vieillissement ?

De plus en plus de chercheurs mènent des études pour vieillir en bonne santé. ©Maxppp - Pierre Heckler
De plus en plus de chercheurs mènent des études pour vieillir en bonne santé. ©Maxppp - Pierre Heckler
De plus en plus de chercheurs mènent des études pour vieillir en bonne santé. ©Maxppp - Pierre Heckler
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Les recherches pour ralentir le vieillissement se multiplient et sont de plus en plus concrètes. Il n’est pas question, encore, d’augmenter l’espérance de vie de plusieurs dizaines d’années, mais plutôt de vieillir en bonne santé. État des lieux des dernières avancées.

Avec
  • Jean-Marc Lemaitre Directeur de recherche Inserm, co-directeur de l’Institut de médecine régénérative et biothérapies (IRBM) à Montpellier.

"Ce n’est pas prendre trop de risque de dire que l’on aura une espérance de vie de 120 ans en 2050." C’est Jean-Marc Lemaître, l’un des pontes de la recherche sur le vieillissement qui l’assure. Avant d’espérer trouver la fontaine de jouvence, les scientifiques se concentrent plutôt sur les causes du vieillissement. Et l’une des découvertes les plus prometteuses est l’utilisation de la metformine. Ce médicament est utilisé à l’origine comme antidiabétique, raconte Xavier Nissan. Il est directeur de recherche à l’Itsem : "Le traitement à la metformine permet de ralentir le vieillissement accéléré des cellules atteintes de progeria, cette maladie génétique qui entraîne un vieillissement accéléré."

Aux Etats-Unis, une étude clinique est montée sur 3 000 personnes âgées de plus de 80 ans. Elles ne sont pas du tout diabétiques. L’objectif est de voir si le traitement à la metformine peut rallonger leur espérance  de vie. 

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Des télomères qui rajeunissent de 25 ans

Des chercheurs ont une autre piste. Les télomères. Ces petits morceaux d’ADN qui forment des capuchons sur les extrémités de nos chromosomes.

Leur raccourcissement ont un rôle sur le vieillissement comme l’explique Guilhem Velvé Casquillas. Cet ancien chercheur en biologie cellulaire dirige à présent un laboratoire privé : "Vos cellules se divisent. Et à chaque fois qu’elles se divisent, le bout de vos chromosomes, où il y a l’ADN, se rétrécit un peu. C’est ce que l’on appelle les télomères. Au début, ils ont un gros capuchon. Avec le temps, ils se rétrécissent, puis les cellules meurent."

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Mais une découverte a tout chamboulé tout dans les années 80, récompensé trente ans plus tard d’un prix Nobel de médecine. La découverte d’une enzyme, la télomérase. Elle fabrique les télomères.

En 2012, une équipe de chercheurs a montré qu’il était possible de maintenir les télomères à leur taille, voire de les rallonger grâce à cette enzyme. Ces chercheurs en ont injecté dans des souris. Résultat : leur longévité moyenne a augmenté de 13%. Il n’y a pas encore d’étude sur l’homme. Mais une Américaine, Liz Parrish, a décidé de mener cette expérience, d’être son propre cobaye, avec succès pour l’instant comme l’explique Guilhem Velvé Casquillas : "Elle a testé une thérapie génique. Cela me paraît un peu dangereux pour elle. Elle a 45 ans, mais elle a récupéré les télomères qu’elle avait quand elle était âgée de 20 ans." Cette expérience a été critiquée par la communauté scientifique.

La rapamycine, le médicament anti-vieillisement ?

Ce médicament est d’abord destiné à lutter contre le rejet des greffes d'organes. Mais comme la metformine, il y a des effets secondaires. "Les dérivés de la rapamycine sont l’un des meilleurs candidats pour diminuer la vitesse du vieillissement chez l’homme" précise Hugo Aguilaniu. Ce biologiste est directeur de recherche au CNRS et actuellement détaché dans un institut brésilien. "Dans les années 90, on a identifié les gênes qui sont la cible de la rapamycine et les chercheurs ont remarqué qu’ils étaient capables d’affecter la vitesse à laquelle les cellules vieillissaient."

Mais pour la rapamycine, il faudra trouver le juste milieu, car le médicament diminue également l’efficacité du système immunitaire, "la dose dans laquelle on maintient le système immunitaire à une activité relativement bonne, mais avec un effet anti-vieillesse qui soit notable" poursuit Hugo Aguilaniu.

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La longévité de souris augmente de 30%

En France, l’un des chercheurs en pointe sur la question du vieillissement travaille à Montpellier. Il s’agit de Jean-Marc Lemaitre. Il a démontré avec son équipe en 2011 que le vieillissement est un processus réversible.

On sait aujourd’hui que ce sont les cellules sénescentes qui nous font vieillir. Elles sont toxiques pour notre corps. Il faut donc tenter de les éliminer assure Jean Marc Lemaitre : "Il a été mis en évidence il y a quelques années aux Etats-Unis, sur un modèle de souris, que lorsque l’on détruit les cellules sénescentes, on arrive à retarder l’apparition de toutes les pathologies liés à l’âge comme le cancer et on augmente la longévité de ces souris de 30%."

Et pour détruire les cellules sénescentes, il existe des molécules, on les appelle des sénolytiques. Et il y a déjà eu des tests chez l’homme, notamment pour l’arthrose.  

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Une bonne hygiène de vie, le meilleur médicament

Tous les deux ou trois ans, une nouvelle molécule est découverte. La recherche avance, et pourtant pour Xavier Nissan, de l’Itsem : "Ce qui marche le mieux, c’est la restriction calorique. Des études prouvent que l’on vieilli plus longtemps et en meilleur santé. Réduire l’apport calorique à chaque repas permet d’augmenter l’espérance de vie de l’ordre de 5 à 15%."

Selon Xavier Nissan, mieux manger et faire du sport est ce qu’il marche le mieux, tout simplement. L’avenir, dit-il, "est surtout dans l’éducation à une alimentation saine et une hygiène de vie correcte, plutôt que dans les médicaments."

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