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En brefIncendies

Contre l’inaction climatique, des marches réunissent des milliers de personnes dans neuf villes

Huit millions d’hectares (80.000 km²) ont été ravagés dans toute l’Australie depuis le mois de septembre. Si ces incendies se déroulaient en France, la quasi-totalité de la région Nouvelle-Aquitaine (84.000 km²) serait partie en fumée. C’est trois fois plus que les 25.000 km² détruits par les incendies d’août 2019 en Amazonie [1]. En comparaison, les feux de forêt californiens de l’été 2018 font figure de « petits » incendies : 8.000 km², soit la taille de la Corse (8 679,8 km²).

Pour manifester leur colère contre « l’inaction climatique du gouvernement », des milliers d’activistes ont marché ce vendredi 10 janvier dans la plupart des grandes villes australiennes.

« Nous manifestons ce vendredi parce que nous sommes fous de rage quant à la négligence criminelle de notre gouvernement »

Les mobilisations ont été organisées par une organisation étudiante nationale, Uni Students for Climate Justice, et se déroulent dans des villes comme Melbourne, Sydney, Brisbane et Perth.

« Nous manifestons ce vendredi parce que nous sommes fous de rage quant à la négligence criminelle de notre gouvernement face à la crise des feux de bush », peut-on lire sur la publication Facebook de la page.

Les manifestants ont cinq réclamations : une hausse du budget alloué aux pompiers, davantage d’aides pour les habitants affectés par les feux, la souveraineté de l’eau et des terres pour les communautés indigènes, une transition immédiate vers des énergies renouvelables et une « transition juste » pour les travailleurs dans l’industrie des énergies fossiles. La plus grande manifestation sera probablement à Melbourne, où les organisateurs comptent maintenir la marche malgré l’appel des autorités locales à reporter l’événement à plus tard, au vu des conditions des feux dans la région et des ressources policières limitées.

La semaine dernière dans la ville de Cobargo dans la Nouvelle-Galles du Sud – une ville ravagée par les feux – le premier ministre australien a été durement accueilli par des habitants furieux d’avoir perdu leur maison. Une femme a refusé de lui serrer la main s’il n’augmentait pas le financement des pompiers de la Nouvelle-Galles du Sud. « Nous avons besoin davantage d’aide ! » a-t-elle crié au premier ministre, alors qu’il s’éloignait. Un autre habitant, plus explicite, l’a qualifié « d’idiot ».

Autre cible des critiques : les médias conservateurs australiens – particulièrement ceux que le magnat des médias australiens Rupert Murdoch possède, comme le quotidien influent The Australian —, accusés de relayer de fausses informations et critiqués parce qu’ils condamnent les manifestants demandant une action plus sérieuse de la part du gouvernement.

Au-delà des terres brûlées, les citadins respirent un air fortement pollué

Les dégâts causés par les incendies ne se limitent pas aux terres qu’ils brûlent. Leurs fumées étouffent depuis de longues semaines plusieurs villes d’Australie. C’est particulièrement vrai à Canberra, la capitale, dont la qualité de l’air était pourtant vantée par The Telegraph en 2018. Le 1er janvier 2020, l’air était saturé de particules fines PM10 : 815,11 µg/m³ en moyenne pendant la journée, bien loin de la limite des 50 µg/m³ recommandée par l’OMS. Le même jour, les Parisiens respiraient un air 33 fois moins pollué et les habitants de New Delhi, l’une des villes les plus polluées du monde, évoluaient dans un environnement 1,6 fois moins chargé en particules fines.

Les feux, provoqués par une canicule et une sécheresse d’une intensité jamais observée jusqu’ici sur l’île-continent, projettent dans l’atmosphère des tonnes de gaz et de particules de combustion. Cette inquiétante pollution va non seulement entraîner de sérieux problèmes sanitaires, mais aussi perturber l’environnement local.

En réaction aux critiques que reçoit le gouvernement australien, certains conservateurs australiens, comme le député Barnaby Joyce, ont accusé les politiques écologistes d’avoir favorisé les incendies dans l’arrière-pays australien. Cette thèse — démentie — a été défendue dans les médias australiens par Alan Jones (ex-sélectionneur de l’équipe de rugby devenu polémiste et animateur radio, connu pour son climatoscepticisme) et relayée en France par l’urologue et climatosceptique Laurent Alexandre.

Pour relire nos articles sur les mégafeux en Australie, cliquez ici.

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