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Les librairies en voie d'extinction en Italie

Quelque 2.300 librairies ont fermé dans la Péninsule au cours des cinq dernières années. L'association italienne des libraires réclame que soit adoptée au plus vite une loi pour les protéger face à Amazon.

En Italie, 2.300 librairies traditionnelles ont fermé depuis 2015 du nord au sud de la Péninsule.
En Italie, 2.300 librairies traditionnelles ont fermé depuis 2015 du nord au sud de la Péninsule. (Cathrine Stukhard/LAIF-REA)

Par Olivier Tosseri

Publié le 14 janv. 2020 à 06:40

« Nous assistons à un Caporetto de la culture. » En citant la plus grande défaite militaire de l'Italie unifiée, le président de l'Association des libraires veut faire comprendre que la guerre contre Amazon est en train d'être perdue. Les pertes sur le champ de bataille ne concernent qu'un camp, celui des librairies traditionnelles qui ont fermé depuis 2015 : 2.300 du nord au sud de la Péninsule.

La dernière victime en date se situe en plein coeur de Rome. La Feltrinelli International était l'un des rares endroits où l'on pouvait trouver des livres en langue étrangère dans la capitale. Elle disparaîtra prochainement, rejoignant les 233 librairies romaines qui ont mis la clef sous la porte depuis 2007.

« Les petits libraires sont des héros civils », commente Umberto Croppo, ancien éditeur et conseiller à la culture de la municipalité de Rome, aujourd'hui président de sa quadriennale d'art. « Les fonds publics, de moins en moins importants, sont destinés aux théâtres ou aux cinémas. Les libraires ne peuvent compter sur personne, les banques ne leur font pas crédit et la seule chose que tente le gouvernement est de lancer un bonus culture de 500 euros pour inciter les jeunes de 18 ans à acheter des livres. »

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Une loi en panne au Parlement

Une initiative louable mais bien insuffisante. D'où l'appel du président de l'Association des libraires à adopter au plus vite une loi pour sauver - et non plus juste soutenir - le secteur. Elle est toujours bloquée au Parlement, qui étudie depuis juin dernier la « loi sur le livre ».

Elle est destinée à promouvoir la lecture dans un pays où un habitant sur deux n'a pas ouvert un seul livre au cours des douze derniers mois et où 20 % d'entre eux sont complètement vierges de toute activité culturelle chaque année, ne franchissant ni les portes d'un théâtre, ni celles d'un musée ou même d'une salle de cinéma. La loi prévoit notamment l'adoption d'une fiscalité plus avantageuse sur la vente des livres, ainsi que la création d'une carte destinée aux plus défavorisés pour leur permettre d'effectuer des achats culturels.

« Le texte est toujours bloqué au Sénat parce que le ministère de l'Economie n'a pas encore donné son feu vert, dénonce l'Association des libraires. Les déclarations ne suffisent plus, il faut des actes concrets car, pendant ce temps, les librairies ferment, des emplois se perdent et des entreprises ne voient pas le jour. » Et la nuit culturelle continue de descendre sur l'Italie.

Olivier Tosseri (Correspondant à Rome)

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