Publicité

Dix insultes vieillottes pour se quereller avec élégance

Rue des Archives/©IPA/Rue des Archives

«Chattemite», «gougnafier»... Le dictionnaire regorge de petits mots fleuris. Les connaissez-vous?

«Il paraît que le vent tourne à la bêtise générale. Avec ça je deviens aussi de jour en jour plus stupide et plus abruti.» Dans ses Correspondances, Flaubert avait toujours le bon mot pour vilipender son petit monde. Mais on le lui pardonnait. C’était si bien tourné...

» LIRE AUSSI - Les réseaux sociaux ont-ils tué le journal intime?

Il faut dire qu’un joli mot fait toujours son petit effet. Pourquoi donc céder à la vulgarité quand la langue française regorge de termes fleuris? Si l’agacement monte, causez un «chat-en-jambes», c’est-à-dire «un embarras» en employant une expression de derrière les fagots. Le Figaro vous en propose quelques-unes.

Ganache

Les amateurs de chocolat le connaissent davantage pour ses vertus sucrées que pour son sens, bien salé. Mais revoyons notre recette! Le mot est emprunté à l’italien ganascia, attesté au sens de «mâchoire des animaux», peut-on lire dans Le Trésor de la langue française. Il est lui-même issu du bas latin d’Italie ganathos, altération du grec gnathos «mâchoire». Dès le XVIIe siècle, le terme se pare d’un sens négatif pour désigner la «personne peu intelligente et incapable». Il peut, de nos jours, tout autant qualifier un individu borné qu’un vieillard décrépit et radoteur.

À noter que le dictionnaire n’est pas avare d’adjectifs qualifiant ces «Jean-foutre», c’est-à-dire «propre-à-rien». Comme le notait (encore) Flaubert dans ses Correspondances : «Bardoux décidément m’a l’air d’un jean-foutre. Pas de réponse à mes billets. Pas de dîners. Si je n’ai de lui aucune nouvelle avant mon départ, j’irai lui reprendre le manuscrit de la féerie, lui cracherai son fait au nez, et puis, bonsoir.» On peut utiliser les mots: «butor», «lourdaud», «pataud», «gougnafier».

Pétras

La nuance est mince, c’est vrai. Mais le pétras, non content d’être peu «dégourdi et borné», est «lourd». Au sens propre comme figuré. Le mot est d’origine incertaine. Selon Le Trésor de la langue française, «il se rattache moins probablement aux représentants du latin pedester ‘‘qui va à pied’’ qu’à la famille de ‘‘pét-’’». Quelques exemples: péteux «poltron; grossier» ; pétrille «fillette embarrassante» ou encore petroelliat «faiseur d’embarras».

Le français connaît un rayon de noms pour décrire ceux que l’on dit «imbéciles». Au locuteur de faire ses courses: melon, courge, couenne, croûte, tourte, anchois, noix, poire, saucisse, etc.

Escogriffe

Dans la catégorie des bandits et escrocs, l’escogriffe a les dents longues. Comme la consonance du mot peut le laisser penser, l’escogriffe est cet individu auquel il faut éviter de se frotter. Il peut très vite montrer les griffes pour voler de l’argent. Heureusement pour nous, son «allure louche» le trahit et nous incite donc à la méfiance. On le reconnaît de plus par sa «haute stature». Il est «généralement, mince et mal bâti, dégingandé».

Chattemite

Attention là aussi la consonance peu heureuse du mot trahi les mauvaises intentions de la personne dite «chattemite». Attesté dès le XIIIe siècle, le terme désigne l’individu «affectant des manières doucereuses et hypocrites pour tromper ou séduire quelqu’un», ainsi qu’on peut le lire dans Le Trésor de la langue française.

Sans couper court à la référence féline, sachez que l’on peut également le désigner sous le titre de «patte-pelue». Enfin, si l’on s’attarde sur le ton caressant du flatteur, on peut aussi l’appeler «peloteur». À noter: si le menteur cherche de plus à vous céder un bien de maigre qualité, vous pourrez tenter le surnom de «vendeur d’orviétan». Il désigne celui ou celle qui vend «toute proposition, toute solution tendant à exploiter la crédulité publique».

Verrat

Enfin, pour épancher votre colère, n’hésitez pas à faire appel à vos amis les animaux. Le «verrat», par exemple, désigne le «mâle non castré de la truie». Dans l’expression «écumer comme un verrat», il caractérise celui ou celle qui «se laisse facilement aller à la colère et aux débordements d’humeur». Dans la même famille, le pourceau dépeint «la personne dont l’attitude physique ou le comportement moral ou intellectuel suscite un profond dégoût». Le «chameau» qualifie la «personne hargneuse». Le «pachyderme» peut s’employer, quant à lui, pour parler de l’individu «lourd, pesant aussi bien dans sa démarche que dans ses comportements».

» À voir aussi - Dictée du Figaro: Bernard Werber s’impose en maître de l’orthographe

Dictée du Figaro : Bernard Werber s'impose en maître de l'orthographe - Regarder sur Figaro Live

Dix insultes vieillottes pour se quereller avec élégance

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
8 commentaires
  • tiboye75

    le

    Pour Macron le Cavilleux, on peut ajouter donc désormais, chattemite. C'est excellent, ça lui va si bien au teint.

  • pg44

    le

    Ectoplasme, moule à gaufres, bachi-bouzouk, etc.

  • Hérétique

    le

    Alors on aperçois que bien beaucoup d'insultes soient la partie intégrale de la langue la plus courtoise de l'Occident.

À lire aussi