En dépit de l'ampleur, inédite depuis des décennies, des grèves contre la réforme des retraites, qui perturbent notamment les transports, le mouvement social ne devrait pas peser outre mesure sur la croissance économique en 2019, malgré des effets sectoriels importants, juge la Banque de France. Après les "gilets jaunes", c'était la nouvelle inquiétude pour l'économie française en 2019 : la croissance allait-elle être fortement pénalisée par une grève dont la durée est particulièrement longue?

Mercredi devant les sénateurs, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, s'est voulu rassurant, en évoquant un impact "d'au plus" 0,1 point sur le produit intérieur brut (PIB), déjà intégré dans la prévision de croissance à 0,2% de la Banque de France pour le quatrième trimestre. Il a aussi confirmé la prévision de croissance pour l'ensemble de l'année à 1,3%. Les prévisions de la Banque de France reposent notamment sur une enquête qu'elle réalise tous les mois auprès des entreprises françaises. "Il y a un an au moment du mouvement des +gilets jaunes+, 20% des entreprises se disaient affectées. Aujourd'hui, sur le même échantillon, ce sont 10% des entreprises, dans les mêmes secteurs, principalement hébergement-restauration et transports", a ainsi détaillé M. Villeroy de Galhau.

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La grève est en effet essentiellement circonscrite au secteur des transports, qui pénalise les déplacements des personnes et des marchandises, notamment en Ile-de-France, même si les raffineries, l'éducation ou encore certaines professions libérales ont également participé au mouvement.

Mi-décembre, le gouverneur de la Banque de France avait expliqué, au regard de l'expérience historique, que les mouvements sociaux "pèsent finalement peu sur la croissance de l'économie, avec plutôt un simple décalage de l'activité, notamment avec les +gilets jaunes+ il y a un an et lors des grandes grèves de 1995". En 1995, la croissance avait été amputée de 0,2 point au quatrième trimestre. Et depuis, les autres grèves ont eu un impact qui n'a jamais dépassé 0,1 point.

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Cette fois, "la production industrielle ne paraît pas touchée, alors qu'en 1995 elle avait été affectée par des blocages divers", avait aussi rappelé mi-décembre Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l'Insee, qui n'a pas encore dévoilé sa propre estimation de l'impact des grèves. Le mouvement, source d'incertitude, a toutefois pesé sur le moral des ménages, qui a baissé en décembre pour la première fois depuis un an, selon l'Insee. Or, cet indicateur est un élément important pour évaluer le niveau à venir de la consommation, principal moteur de la croissance économique du pays.

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Au-delà des effets macroéconomiques, certains secteurs souffrent beaucoup du mouvement qui dure maintenant depuis plus d'un mois. "Je ne pense pas que ça coûtera très cher à la France", avait ainsi noté lundi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, tout en reconnaissant que "cela coûte très cher à un certain nombre de commerçants".

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Les professionnels du tourisme et les commerçants, en particulier en Ile-de-France, sont en effet les principales victimes du mouvement de grève contre la réforme des retraites. Au total, la baisse de chiffre d'affaires a atteint 30% à 40% pour les commerçants et artisans à Paris, selon le président de la Chambre des métiers et de l'artisanat (CMA) Bernard Stalter.

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Pour pallier ces difficultés, le gouvernement a relancé mi-décembre une partie du dispositif d'aide déjà débloqué durant le mouvement des "gilets jaunes". Cette fois cantonné à l'Ile-de-France, il cible les entreprises du secteur du tourisme qui pourront bénéficier d'un étalement de paiement de leurs charges fiscales et sociales, de mesures de chômage partiel, et éventuellement d'autorisations d'ouverture le dimanche.

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Depuis, la gouvernement a aussi évoqué la possibilité de mesures exceptionnelles de dégrèvement fiscal. "Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour qu'aucun commerçant n'ait à mettre la clé sous la porte", a insisté à plusieurs reprises Bruno Le Maire.

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