Le Paris-Dakar prend ses quartiers pour cinq années en Arabie Saoudite. Le pays mène une offensive d'ampleur pour attirer des grands événements médiatiques, stratégie clé pour donner une bonne image du Royaume. Mais il ne faudra pas oublier que les droits humains, et en particulier ceux des femmes, y sont catastrophiques. Plusieurs ONG appellent le diffuseur France Télévision à ne pas donner une image complaisante.

Après avoir quitté les pistes d’Afrique, le Paris-Dakar a passé plusieurs années en Amérique du sud. Nouveau déménagement pour l’épreuve sportive motorisée qui se déroule du 5 au 17 janvier sur les dunes de sable d’Arabie Saoudite. Un choix de destination pour cinq années où les droits de l’Homme sont malmenés et où les femmes en particulier sont privées de libertés avec un statut de mineures à vie. La Fédération Internationale pour les droits humains (FIDH) – à travers trois de ses membres le Gulf Center for Human Rights (GCHR), ALQST et la Ligue des droits de l’Homme (LDH) – dénonce la médiatisation importante de cette compétition.
La FIDH attaque en particulier le rôle joué par le groupe France Télévisions qui accorde un vaste temps d’antenne et distribue ses images dans le monde entier. "Alors que la dissidence pacifique est réduite au silence en Arabie Saoudite, que ses défenseurs des droits humains sont exilés, assassinés, torturés, ou mis en prison, comment imaginer que les habituels reportages de fond diffusés sur les pays traversés par le Rallye dans les formats magazine de France Télévisions accompagnant habituellement la course, soient autre chose qu’une suite de belles images et de propos amènes sur l’histoire, la géographie et la culture du pays, à la grande joie de ses dirigeants ?", s’interroge la FIDH.
Stratégie sportive et culturelle
Celle-ci dénonce la stratégie du Royaume Wahhabite d’acquisition d’événements sportifs et culturels pour "dissimuler la réalité du pays". Ainsi, à l’instar d’autres pays du Golfe, Ryad est parvenu à attirer des matchs majeurs en basketball (NBA) et baseball, des manches de Formule 1 et E, des tournois de golf et de tennis. Le pays accueille des matchs des coupes italiennes et espagnoles de Football. Enfin, le 7 décembre dernier, la capitale a accueilli un sommet de la boxe avec l’affrontement de Andy Ruiz et Anthony Joshua.
Du côté du Dakar, on assure ne pas faire de complaisance avec le Royaume. "Le groupe ASO (qui organise l’épreuve, ndr) s’est évidemment posé la question de savoir s’il fallait y aller ou pas. On ne va pas en Arabie Saoudite comme on va partout ailleurs par rapport à tout ce qui se dit. Mais ce qui a facilité la décision, c’est la réelle volonté d’ouverture du pays depuis quelque temps maintenant", explique au Figaro le patron de l’épreuve David Castera.
13 des 557 participants sont des femmes cette année. Certaines d’entre elles défendent l’organisation. "C’est une bonne chose qu’on soit ici au final", assure la pilote espagnole de moto Lait Sanz. "C’est positif de montrer à tout le monde que les femmes peuvent être compétitives et fortes et je suis contente de représenter les femmes ici". Dans une déclaration à l’AFP, l’Allemande Jutta Kleinschmidt, seule femme vainqueure du Dakar, espère que "cela puisse aider les femmes à prendre confiance en elles" dans le pays.
 Ludovic Dupin @LudovicDupin

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