L’ancien sonneur en chef du bagad d’Auray mis en examen pour viol et harcèlement

Loïc Le Cotillec, considéré comme un virtuose à seulement 24 ans, aurait violé au moins trois jeunes femmes entre mai et septembre derniers.

 Loïc Le Cotillec avait pris les rênes de la formation en 2014, à 18 ans seulement (ici en 2017).
Loïc Le Cotillec avait pris les rênes de la formation en 2014, à 18 ans seulement (ici en 2017). PHOTOPQR/LE TELEGRAMME/MAXPPP

    C'est peut-être le meilleur sonneur de sa génération. Une « star » à l'échelle du petit milieu des « bagadoù », ces orchestres de musique traditionnelle bretonne qui font la renommée de la culture celte. À 24 ans, Loïc Le Cotillec était le sonneur en chef (Penn-soner en breton) du bagad d'Auray, le Kevrenn Alré, l'un des plus célèbres de Bretagne. Ce mardi, la révélation de sa mise en examen pour viols et harcèlement par Le Télégramme et Le Monde a donc fait l'effet d'une bombe dans ce microcosme.

    Dans un communiqué, le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc, a confirmé cette information : « Loïc Le Cotillec a été mis en examen pour viol au préjudice de trois personnes, ainsi que pour harcèlement, les faits présumés s'étant produits entre mai et septembre derniers. Dans un cas, la circonstance aggravante par personne ayant autorité a été retenue », a déclaré le représentant du parquet. Dans le détail, le jeune homme a été mis en examen le 25 octobre dernier, puis placé en détention provisoire immédiatement.

    Les victimes, des jeunes majeures

    L'affaire débute réellement à la fin du mois de septembre, au cœur du Kevrenn Alré, où des bruits courent sur le plus jeune penn-soner de l'histoire du groupe, nommé à l'âge de 19 ans, en 2014. Damien Moulin, le président de l'association, décide de mener son enquête après qu'on lui a rapporté des rumeurs inquiétantes sur le comportement de son « chef d'orchestre ».

    « J'ai rapidement recueilli deux témoignages pour des faits qui me semblaient compromettants, des faits commis en dehors de l'association », nous confie le président de l'association. « Je l'ai convoqué à une réunion du bureau et je l'ai interpellé en lui demandant s'il savait pourquoi on le convoquait, il nous a dit oui et il a démissionné », explique encore Damien Moulin. Le lundi suivant, ce dernier était à la gendarmerie pour porter plainte au nom de la prestigieuse association.

    Le groupe, qui se produit régulièrement à l'étranger, est le troisième orchestre plus titré de Bretagne en première catégorie du championnat national des bagadoù (pluriel de bagad) depuis 1949, selon Bodadeg ar Sonerion, l'assemblée des sonneurs à l'origine du réveil de la musique bretonne. C'est donc un nom que ses membres veulent protéger. Le Kevrenn ne pouvant se porter partie civile, « il a porté plainte pour préjudice indirect mais pas pour les faits de viols dont elle n'a pas été victime directement », précise Me Ermeneux, qui défend le bagad.

    « L'association ne souhaite en aucun cas étouffer l'affaire », appuie l'avocat du barreau de Rennes, qui représente également une des plaignantes. « Ma cliente n'était pas membre depuis longtemps de l'association, c'est une jeune majeure. D'ailleurs, les autres plaignantes ont toutes le même profil », explique l'avocat. Certaines seraient élèves de l'école du Pont supérieur de Rennes, où Loïc Le Cotillec officiait comme professeur de musique à temps partiel, selon Le Télégramme.

    D'autres victimes potentielles ont été évoquées lors de l'enquête préliminaire, mais elles n'ont pas donné suite aux convocations de l'enquêteur ou ne souhaitent pas déposer plainte, explique le parquet de Rennes.

    Sa défense évoque des « relations » avec des petites amies

    « La qualification pénale n'est pas anodine mais mon client collabore et collaborera avec les services des enquêteurs et le magistrat instructeur », a réagi auprès du Parisien le conseil du sonneur, Me Frédéric Birrien. « Ce sont des relations qu'il avait avec des petites amies », assure également son avocat, qui indique ne pas avoir eu accès à l'intégralité des dépôts de plainte pour le moment.

    Si Loïc Le Cotillec a quitté son poste avant même sa mise en examen, il ne faut donc pas y voir un quelconque aveu de culpabilité, selon son représentant. « Des bruits couraient, et il a préféré de sa propre initiative démissionner pour plus de sérénité dans l'enquête », explique-t-il. Son client devrait être prochainement entendu dans le cadre de l'instruction.