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Entreprise

Pretty Simple joue gros

La start-up s'est imposée dans les petits jeux en ligne avec un seul titre, qui a séduit 100 millions d'utilisateurs. Cette dépendance n'inquiète pas ses fondateurs.
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383 Stratégie Pretty Simple
Bastien Cazenave et Corentin Raux.
Réa

Sur son ordinateur, Bastien Cazenave montre fièrement des photos de l'immeuble, classé aux Monuments historiques, où s'installera en juin sa start-up. Dans le quartier de l'Opéra à Paris, une splendide façade Art déco, couverte de céramiques, avec un portail orné de ferronneries. "Nous occuperons les huit étages, précise le jeune homme. Une surface de 3.300 mètres carrés." Bien assez pour accueillir les 60 salariés de Pretty Simple, dont les effectifs doivent grimper à 150 d'ici à l'an prochain.

Créé en 2010, cet éditeur français de social gaming, ces jeux en ligne prenant leurs racines dans les réseaux sociaux, connaît un succès phénoménal. "Plus de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2013", se réjouit Corentin Raux, l'autre cofondateur. Combien exactement? "Beaucoup, beaucoup plus que 10 millions d'euros", consent Guillaume Lautour, l'associé du fonds de capital-risque Idinvest, qui a investi près de 3 millions d'euros dans la start-up. "C'est le record de la tech française en termes de croissance et de rentabilité : mieux que Criteo, Deezer ou Kelkoo", note Julien Codorniou, directeur plateforme Europe de Facebook, support sur lequel Pretty Simple a percé.

Ce triomphe est le fait d'un petit jeu d'enquêtes policières, Criminal Case, qui cartonne dans le monde entier et génère plus de 80% de ses revenus : 100 millions d'utilisateurs, dont 5 à 6 millions quotidiens, se glissent dans la peau du personnage principal, un policier devant résoudre chaque semaine une nouvelle énigme très scénarisée. Un vrai feuilleton en ligne, qui tient autant du Cluedo que de la série Les Experts. Elu meilleur jeu Facebook l'an dernier, Criminal Case, lancé fin 2012, est l'un des cinq divertissements les plus prisés du réseau social.

Cap sur les mobiles

Comme tout le monde dans le secteur, Pretty Simple a opté pour le modèle du free to play. On peut jouer gratuitement, mais on est limité dans le temps. Il faut dépenser quelques euros pour s'amuser sans limite. Le taux de transformation n'est que de 3%, mais Criminal Case n'est pas encore accessible sur mobile. Le lancement d'une application dédiée sous iOS (Apple) et Android (Google) est prévu cette année. "Le marché du gaming sur Facebook, c'est 3 milliards de dollars, rappelle Guillaume Lautour. Sur mobile, ce sera 22 milliards l'an prochain [selon le cabinet Gartner, NDLR]." Le meilleur serait donc à venir. A condition de durer, le principal défi de la start-up. Dans le secteur, les succès peuvent être aussi foudroyants qu'éphémères – le pionnier américain Zynga a perdu les deux tiers de sa valeur depuis son introduction en Bourse, il y a deux ans. Surtout quand ils tiennent à un seul jeu. "Notre problème n'est pas d'être dépendants de Criminal Case ; nous avons justement voulu qu'il soit très fort", réplique Bastien Cazenave. "Nous espérons faire vivre la licence des dizaines d'années", poursuit Corentin Raux. L'ajout hebdomadaire d'énigmes doit permettre de la pérenniser. Guillaume Lautour en est convaincu : "Criminal Case est une machine de guerre." 

Les fondateurs de Pretty Simple – des "surdoués", selon Julien Codorniou, pour qui leur réussite n'a "rien d'un miracle" – n'en assurent pas moins leurs arrières. Deux nouveaux jeux, dont ils ne veulent rien dévoiler, sinon qu'ils s'adresseront encore au grand public, sont en cours de production. "Rien n'est garanti dans cette industrie, mais ils ont un boulevard devant eux, reconnaît Guillaume Lautour. Et puis, ces gars-là ont tellement de talent qu'ils peuvent échouer et rebondir."

 

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