POLLUTION - Malgré la pluie qui s’abat ce jeudi sur certaines régions, les incendies se poursuivent en Australie. Et avec eux, l’émission massive de gaz à effet de serre. Selon une ONG britannique, les feux ont émis depuis le mois de septembre autant de CO2 que le pays n’a pu le faire en 2018.
Malgré la pluie qui s’abat ce jeudi sur certaines régions, les incendies se poursuivent en Australie. Et avec eux, l’émission massive de gaz à effet de serre. Selon une ONG britannique, les feux ont émis depuis le mois de septembre autant de CO2 que le pays n’a pu le faire en 2018.
Non seulement catastrophiques pour les Australiens, la faune et la flore locale, ils le sont aussi pour le climat. Selon l’ONG britannique Carbon Brief, les incendies en Australie ont relâché dans l'atmosphère 400 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) depuis le mois de septembre. Cela équivaut aux émissions cumulées des 116 pays les moins émissifs au monde. Ces émissions de gaz à effet de serre sont également quasiment équivalentes à celles de l’Australie en 2018 (422 millions de tonnes), qui est l’un des pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre de la planète. D’après les données du groupe international de réflexion et de recherche Global Carbon Project, il se classe dans le top 20 des pays qui rejettent le plus de CO2 par habitant au monde.
The ongoing #AustralianFires have already released more CO2 than the combined annual emissions of more than 100 countries put together… pic.twitter.com/f9sXFNPx66 — Carbon Brief (@CarbonBrief) January 14, 2020
Cercle vicieux
Si ces feux représentent une menace à l’instant présent, ils s’inscrivent de plus dans une boucle sans fin. En émettant autant de gaz à effet de serre, l’une des principales causes du réchauffement climatique, ces incendies vont encore l’accentuer, tandis que le réchauffement climatique favorise lui-même ce type d’événement. De plus, privées de végétation, de vastes étendues australiennes seront bien moins aptes, à l’avenir, à absorber le CO2.
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Selon Eric Rigolot, ingénieur à l’unité de recherche "écologie des forêts méditerranéennes" à l'Institut national de la recherche agronomique et de l'environnement (Inrae), que nous avons interviewé il y a peu, la flore australienne devrait éprouver beaucoup de difficultés à se régénérer étant donné la puissance des incendies qui l’ont détruite. Une forêt d’eucalyptus, par exemple, mettrait entre 30 et 60 ans à repousser. "Nous entrons dans un nouveau monde où l’on ne connaît pas la réponse des espèces. Nous savons qu’elles sont adaptées au feu, mais jusqu’à un certain point. Et on peut imaginer que ce point est franchi par endroits, ce qui va créer une mosaïque entre des zones qui vont se régénérer comme d’habitude et d'autres où l'on pourrait aller vers une forte régression biologique avec un changement de végétation", nous explique-t-il.
Plus de 6 gigatonnes de CO2 émises par les feux de forêts dans le monde
Entre le 1er janvier et le 30 novembre 2019, la quantité de CO2 rejetée dans l’atmosphère par les différents feux de forêts dans le monde a été estimée à 6,735 gigatonnes par le CAMS, le service pour la surveillance de l’atmosphère Copernicus. En comparaison, activités humaines ont été responsables de l’émission de 43,1 gigatonnes de CO2 la même année, selon le Global Carbon Project.
Les spectaculaires incendies ayant consumé l’été dernier des centaines de milliers d’hectares de forêt amazonienne seraient à eux seuls responsables de l’émission de 25 mégatonnes de CO2 au cours des 26 premiers jours d’août. En Indonésie, où les feux de forêts ont démarré début août, le bilan est d’au moins 708 mégatonnes de CO2 jusqu’à fin novembre. Moins médiatisés mais pourtant particulièrement inédits en termes d’emplacement, d’ampleur et de durée, les feux de forêt dans le cercle polaire arctique ont entraîné le rejet de 182 mégatonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Ils ont été principalement causés par des conditions exceptionnellement chaudes et sèches.