Joël Le Scouarnec aurait fait 349 victimes présumées, selon la justice. Accusé de viol et d’agression sexuelle sur des enfants entre 1990 et 2017, le chirurgien a exercé dans une dizaine d'établissements, en Indre-et-Loire, en Bretagne, et à Jonzac en Charente-Maritime. Pendant près de 30 ans, il a consigné ses actes criminels dans des carnets, auxquels France Info a pu accéder.

Alors que le quotidien La Charente Libre avait révélé l'affaire et que le témoignage d'une petite voisine de 6 ans avait permis son arrestation en avril 2017, l'homme de 68 ans, incarcéré, devrait comparaître du 13 au 17 mars 2020 devant les assises de la Charente-Maritime.

Des carnets retraçant ses agressions pédocriminelles

De 1990 à 2017, Joël Le Scouarnec tient des carnets où il retrace ses agressions d'enfants. Intitulé "Mon journal intime", ce dossier consulté par France Info comporte des milliers de pages aux paroles glaçantes. 

Le 10 avril 2004, l'ex-chirurgien écrit : "Tout en fumant ma cigarette du matin, j'ai réfléchi au fait que je suis un grand pervers. Je suis à la fois exhibitionniste (...), voyeur (...), sadique (...), masochiste (...) scatologique (...), fétichiste (....), pédophile (...). Et j'en suis très heureux".

Je suis un grand pervers. Et j'en suis très heureux.

Les premières années, Joël Le Scouarnec écrit des lettres, précise France Info. Alors qu'il commence toujours celles-ci par "ma chère petite", "mon petit", ou seulement un prénom, et leur écrit parfois "je t'aime", il décrit des caresses, des attouchements et des pénétrations digitales.

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Stockés dans un ordinateur

Après son arrestation en avril 2017, les enquêteurs trouvent ses carnets stockés dans un ordinateur, à son domicile à Jonzac (Charente-Maritime). Au fil des années, des petits textes de quelques lignes ont remplacé les lettres des premières pages. Entre parenthèses, il note parfois les noms de famille de ses victimes, ainsi que leur date de naissance et leur adresse.

Joël Le Scouarnec écrit également des récits de masturbation, qui ont lieu surtout dans son bureau à l'hôpital, précise France Info. Le jour de son anniversaire, chaque année, il note son âge et en majuscule : "Je suis un pédophile".

L'ex-chirurgien, qui se définit lui-même comme un collectionneur, accumule plus de 300.000 vidéos et photos pédopornographiques dans sa maison, et possède des poupées et des jouets sexuels.

Sa nièce a été sa première victime

Joël Le Scouarnec rencontre sa femme à 23 ans, alors qu'il est externe en médecine et elle, aide-soignante. Ils se marient trois ans plus tard et ont trois garçons. Selon France Info, le chirurgien ressent ses premières pulsions pédophiles à 35 ans, à l'égard de sa petite nièce.

"Elle venait souvent sur moi, sur mes genoux", explique-t-il aux enquêteurs, "peut-être que je voyais en elle la petite fille que j'aurais voulu avoir. Elle avait les cheveux longs, et oui, elle me séduisait. Inconsciemment, bien évidemment."

"J'ai dépassé le stade des câlins jusqu'au stade sexuel. Cela s'est fait naturellement", déclare-t-il. Ensuite, il agressera une fille d'amis, que sa femme garde régulièrement : il la photographie quand elle dort et lui fait subir des attouchements. "Le pli était pris", raconte-t-il.

J'ai dépassé le stade des câlins jusqu'au stade sexuel. Cela s'est fait naturellement.

La plupart des victimes suivantes sont des patients des hôpitaux où il exerce. "Il faut savoir être patient et compter sur sa chance", affirme-t-il dans ses carnets. Il attend que les enfants soient seuls, endormis ou anesthésiés dans le bloc opératoire avant de les agresser, rapporte France Info.

Près de trois ans après son arrestation, Joël Le Scouarnec déclare désormais aux psychiatres : "Je veux comprendre pourquoi je suis devenu comme ça."