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La responsable de l’ONU rappelait dans un communiqué l’une des dernières tueries en date : c’était jeudi, jour du marché aux légumes. Les bombes se sont abattues sur les étals, tuant au moins 15 personnes et en blessant une soixantaine. Auparavant, c’étaient les écoles, les maisons, les lieux de travail qui avaient été visés dans cette «violence insensée».
Une aggravation encore possible
Malgré un prétendu cessez-le-feu annoncé par la Russie il y a une semaine, la situation donne tous les signes de vouloir encore s’aggraver. Vendredi, les forces russes et l’armée syrienne semblaient ainsi déterminées à ouvrir un nouveau front plus au nord, aux abords de la ville d’Alep. Pris en tenaille, voyant se réduire encore davantage leurs chances de survie, des milliers de Syriens supplémentaires sont allés rejoindre les quelque 300 000 fuyards qui s’entassent déjà dans des camps surpeuplés à la frontière de la Turquie.
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Officiellement, cette région est toujours qualifiée de «zone de désescalade» dans le jargon cynique qui accompagne depuis des années la guerre syrienne. Le pire est donc encore à redouter, à mesure que s’approche la future «escalade».Le pouvoir de Damas n’a jamais fait mystère de sa volonté de reconquérir militairement Idlib, où sont désormais regroupés 3 millions de Syriens et où se concentrent quelque 30 000 combattants appartenant à divers groupes djihadistes ainsi qu’à ce qui reste de l’Armée syrienne libre.
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Mais derrière cette volonté de reconquête se cache aussi une sorte de guerre indirecte entre la Turquie et la Russie. «Les derniers développements à Idlib sont fâcheux», estimait vendredi le président turc, Recep Tayyip Erdogan, en promettant d’en débattre avec son alter ego russe Vladimir Poutine.
«Fâcheux», en effet. Ne serait-ce qu’en raison du fait que, ces dernières semaines, un deuxième théâtre de guerre est venu se superposer à la Syrie. La Turquie a en effet décidé de déployer en Libye plusieurs centaines de combattants de la rébellion syrienne, transformés en purs mercenaires. En Syrie, la Turquie dispose d’une douzaine d’avant-postes militaires, dont au moins un est aujourd’hui assiégé. Or elle ne semble pas loin de déclarer forfait, au risque d’offrir en pâture la population d’Idlib.
Un renouement turco-syrien
Cette semaine, pour la première fois depuis des années, Ankara a accepté de renouer avec les responsables de la Syrie de Bachar el-Assad, avec laquelle les relations sont coupées depuis 2012. Ainsi, sous les bons auspices de la Russie, les chefs des services secrets des deux pays se sont rencontrés, faisant exulter la presse officielle syrienne : «La Turquie est en chemin pour reconnaître pleinement la souveraineté de la République arabe syrienne», triomphait l’agence Sana, en prédisant que cette rencontre annonçait la «libération» d’Idlib et le retour de la région sous l’autorité de l’Etat.
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Cité par la presse turque, Alan Makovsky, un officiel américain naguère chargé de la Turquie au Département d’Etat, partageait cette opinion: «La Russie est désormais le seul arbitre en Syrie, et la Turquie n’a pratiquement plus de marge de manœuvre. Cette rencontre est, sans doute, le premier pas d’un retrait militaire turc de Syrie.»