SANTE - L’Anses en remet une couche. Dans un avis publié ce lundi 20 janvier, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail a dévoilé les résultats de nouveaux essais sur les tampons et coupes menstruelles. Le but de ces analyses: mieux comprendre la composition des protections et savoir si certaines substances chimiques qui entrent dans leur composition peuvent augmenter le risque de développer un staphylocoque doré, l’une des deux bactéries responsables du syndrome du choc toxique (SCT).
Cette infection, si elle reste rare -une vingtaine de cas par an- a des conséquences graves et peur même provoquer la mort des femmes qui la contractent. Après le port prolongé d’une protection périodique, des toxines sont produites par deux types de bactéries présentes dans le vagin, les staphylocoques dorés et les streptocoques B. De cette prolifération découle une infection. Dernier cas en date, Maëlle avait 17 ans, une adolescente belge. Elle a succombé le 9 janvier 2020 à un syndrome de choc toxique provoqué par le port prolongé d’un tampon hygiénique.
Une absence de risques pour l’instant
Dans un premier rapport publié en juillet 2018, l’Anses avait relevé la présence de substances chimiques “en très faible concentration” dans les protections féminines, soulignant que cela ne présentait pas de risque pour les utilisatrices. L’Anses avait alors recommandé aux fabricants “d’améliorer la qualité de ces produits afin d’éliminer ou de réduire au maximum la présence des substances chimiques”.
La recommandation de l’Anses auprès des fabricants est toujours la même. Pour autant, en l’état actuel des connaissances et malgré les nouvelles analyses, l’Anses conclut à “l’absence de risque sanitaire dans les tampons, les serviettes hygiéniques et/ou les protège-slips et les coupes menstruelles, que ces substances chimiques aient été détectées ou bien quantifiées”.
Pour parvenir à ces conclusions, l’Anses a étudié la littérature scientifique et s’est appuyée sur des analyses commandées pour l’occasion par la DGCCRF. Ainsi, le service commun des laboratoires (SCL) a étudié les substances présentes dans les protections intimes (protège-slips, serviettes hygiéniques et tampons) en 2016 et dans les coupes menstruelles en 2019. L’Anses a commandité à l’IFTH (l’Institut Français Textile Habillement) des essais
complémentaires pour compléter les informations sur la composition des tampons et des coupes menstruelles et pour estimer les risques de colonisation des différentes protections intimes par le Staphylocoque doré en 2018.
Des compositions toujours pas transparentes
Dans le rapport, les experts déplorent toujours le fait que “les matériaux de fabrication des protections intimes sont mal documentés et que les auditions des représentants des fabricants de ces produits n’ont pas permis de les caractériser de façon précise. Un même manque d’information a été constaté pour la description des auxiliaires de fabrication comme les colles par exemple, ou les substances ajoutées intentionnellement (parfums, encres, etc.).” Une exigence de transparence a pourtant été demandée par les consommatrices comme par le gouvernement.
Les experts ont également mesuré la présence et la quantité de perturbateurs endocriniens; toutes les mesures montrent des taux inférieurs aux seuils sanitaires. Mais la conclusion des experts n’est pas forcément rassurante: l’exposition à ce type de substances est multiple dans notre environnement, il est donc difficile de connaître notre exposition totale et donc d’en tirer des conclusions sur les effets sur notre santé.
Contactée par Le HuffPost, l’Anses explique avoir décidé de communiquer à nouveau sur le bon usage de ces produits d’hygiène notamment après la mort de l’adolescente belge quelques jours plus tôt.
Il est ainsi recommandé ainsi de respecter “les recommandations d’utilisation des industriels, en particulier, celles sur la durée de port des tampons et des coupes, le port d’un tampon uniquement pendant les règles et l’utilisation de tampons ayant le plus faible pouvoir absorbant nécessaire par rapport à l’abondance des règles, afin d’éviter le port de la protection au-delà du temps recommandé”. Il est également préconisé d’utiliser “la nuit, d’une protection externe afin de diminuer le risque de développer un SCT menstruel compte tenu de la durée de port.”
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