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Gouvernement Valls : où sont les sports ?

Najat Vallaud-Belkacem dirige un vaste ministère qui regroupe les sports, les droits des femmes, la ville et la jeunesse. Ce portefeuille inquiète le milieu sportif.

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Publié le 07 avril 2014 à 14h49, modifié le 07 avril 2014 à 16h35

Temps de Lecture 4 min.

Najat Vallaud-Belkacem, ministre des sports, des droits des femmes, de la ville et de la jeunesse.

C'est une question de périmètre, de territoire et donc d'influence. En regroupant les sports avec les droits des femmes, la ville et la jeunesse, Najat Vallaud-Belkacem hérite, à 36 ans, d'un ministère très élargi, justifié par la volonté de François Hollande et Manuel Valls de former un gouvernement restreint. Mais le domaine sportif, ainsi dilué, ne risque-t-il pas de perdre en partie son influence ?

L'intitulé du nouveau ministère apporte un premier élément de réponse. Dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, Valérie Fourneyron était ministre des sports, de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie associative. « Vous remarquerez que le sport arrive maintenant en quatrième position, fait remarquer Jean-François Lamour, élu UMP et ministre des sports sous Jacques Chirac. Bien que j'adhère à l'idée d'un gouvernement resserré, je pense qu'il s'agit ici d'un ministère voiture-balai. » 

« LA POMPE À FRIC ! »

Marie-George Buffet, ministre des sports communiste sous le gouvernement de Lionel Jospin entre 1997 et 2002, ne cache pas non plus sa déception de voir ainsi le sport « noyé » parmi d'autres domaines. « J'ai laissé un message à la ministre pour lui dire qu'en réalité ce grand ministère va affaiblir toutes ses missions, assure-t-elle. Quand on ajoute la ville, on décapite jeunesse et sports... Ce grand ministère n'est pas bon pour le développement du milieu sportif. Le sport est une question à part entière et il serait temps de s'y pencher. » La même inquiétude est d'ailleurs ressentie du côté des associations féministes. « L'ajout des portefeuilles ne semble pas de nature à maintenir la priorité sur le sujet de l'égalité femmes-hommes », explique Osez le féminisme, dans Le Monde daté du 5 avril.

L'une des craintes est de voir le budget des sports siphonné pour alimenter d'autres secteurs. Selon Jean-François Lamour, ce grand ministère « a été créé pour gonfler le porte-feuille de Najat Vallaud-Belkacem. Il n'y a aucune cohérence dans tout ça ! Il s'agit d'un fourre-tout et je me dis que le sport va servir de variable d'ajustement. Car nous savons tous que ce gouvernement est dans une impasse et qu'il doit viser les aides aux collectivités. Ce grand ministère pourrait permettre de puiser dans le budget des sports et celui du CNDS [Centre national pour le développement du sport]. En conclusion, il ne faudrait pas que le sport devienne la pompe à fric ! »

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UN DOMAINE TRANSVERSAL

Mais ce rapprochement de tous les secteurs au sein d'un même ministère a aussi ses défenseurs. Certains considèrent le sport comme un domaine transversal, qui concerne autant les jeunes que les associations et la politique de la ville.

Bernard Amsalem, président de la Fédération française d'athlétisme, voit le nouveau portefeuille de la jeune ministre « d'un bon œil, car cela permet de donner une vision plus sociétale du sport et ne le cantonne pas à la seule performance sportive. Le sport est le premier mouvement social français. Je considère un club ou une association sportive comme le dernier rempart de la république ». Dans un premier temps, Noël Le Graët, président de la Fédération française de football et ancien maire (PS) de Guingamp, n'avait pas souhaité réagir à la création de ce « super ministère ». Avant de se raviser : « J'ai une grande confiance en François Hollande et dans la politique qu'il mène. Je n'ai qu'une seule chose à dire : je fais entièrement confiance au président ! »

Il se murmure qu'un secrétaire d'Etat aux sports – qui pourrait être Valérie Fourneyron – devrait être nommé mardi ou mercredi. « C'est pour moi quelque chose de prioritaire, indique Alain Bertholom, président de la Fédération française de lutte. Le rapprochement entre les différents domaines ne me dérange pas à cette seule condition. Le fait que la ville soit associée au sport me semble même logique, car nous travaillons, par exemple, dans certains quartiers difficiles. »

ASSEOIR SON INFLUENCE INTERNATIONALE

Mais la crainte de voir resurgir des tensions ou des désaccords entre un secrétaire d'Etat et son ministre de tutelle sur des arbitrages parfois complexes n'est pas à exclure. Le cas s'est déjà produit sous le gouvernement de François Fillon, entre Rama Yade (secrétaire d'état chargée des sports de 2009 à 2010) et Roselyne Bachelot (ministre de la santé, de la jeunesse et des sports).

Le choix de créer un grand ministère incluant les sports intervient à une période où le gouvernement cherchait justement à l'utiliser comme un moyen d'asseoir son influence internationale. Le 15 janvier, Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, et Valérie Fourneyron présentaient en grande pompe au Quai d’Orsay un nouveau concept en France : la diplomatie sportive. Ils expliquaient que « le sport était un outil de rayonnement international, de compétitivité et de création d’emplois » et qu'il « avait désormais une place importante dans notre diplomatie économique et d’influence... »

Ce ministère taille XXL arrive aussi à un moment crucial pour le mouvement sportif tricolore qui réfléchit, depuis déjà plusieurs mois, à présenter un dossier de candidature pour les Jeux olympiques de 2024.

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