Dimanche 19 janvier au soir, un documentaire sur les défaillances de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) était diffusé dans l'émission Zone interdite sur M6, mettant en lumière les violences que subissent les mineurs en foyer d’accueil.

C'est en réaction à ce reportage que le secrétaire d’État chargé de la Protection de l’enfance Adrien Taquet s'est exprimé ce lundi 20 janvier, dans un communiqué et un entretien avec le journal La Croix, admettant que la prise en charge des enfants placés présente des "dysfonctionnement majeurs". 

Des enfants face à un quotidien violent

Alors que 341 000 enfants étaient placés sous protection de l'ASE, la plupart à la suite d'une décision judiciaire, fin 2017, les placements représentent un peu plus de la moitié des mesures des ASE, selon la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES).

Mais dans les foyers, déscolarisation, fugue, viols ou encore drogue et prostitution s'avèrent faire partie du quotidien des jeunes placés. Un quotidien dénoncé dans le documentaire choc diffusé dans Zone interdite, qui a fait réagir Adrien Taquet. 

"Ces images montrent des enfants et des adolescents pris en charge dans des conditions indignes, victimes de violences de la part d’adultes qui devraient prendre soin d’eux et les protéger”, s'est défendu le secrétaire d’État dans un communiqué publié sur Twitter. 

Alors que le secrétaire d'État a annoncé au journal La Croix qu'il allait demander aux préfets de lui “transmettre, dans les trois mois, un état des lieux de la manière dont ces établissements sont contrôlés”, il a également dit souhaiter "établir, au niveau national, des taux d’encadrement dans les lieux d’accueil".

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Des mesures jugées insuffisantes

Selon Lyes Louffok, auteur du livre Dans l’enfer des foyers et lui-même ancien enfant placé, les mesures annoncées par Adrien Taquet ne sont pas suffisantes. Sur Twitter, ce membre du Conseil National de la Protection de l'Enfance explique les lacunes de cette annonce, jugée "trop faible".

Parmi les mesures promises, Lyes Louffok estime qu'un "état des lieux" ne "sera pertinent uniquement que si les enfants placés sont auditionnés". Il demande notamment "une agence nationale indépendante de contrôle", ainsi qu'"une transparence totale des missions d'inspection". "L'État doit être dans le préventif, pas dans le curatif. On ne peut pas attendre la révélation des dysfonctionnements pour agir. C'est trop tard.", dénonce-t-il. 

L'État doit être dans le préventif, pas dans le curatif. On ne peut pas attendre la révélation des dysfonctionnements pour agir.

La justice saisie

De son côté, François Sauvadet, président du conseil départemental de la Côte-d’Or dont les services sont chargés de l’accueil des mineurs, a également réagi. Dans un communiqué, il a annoncé ce lundi 20 janvier avoir porté plainte auprès du procureur de la République de Dijon pour faits de prostitution et présence de stupéfiants, "compte tenu des images et des propos diffusés dans le reportage" de Zone interdite.

Si le fond du reportage a fait réagir François Sauvadet, ce sont également les méthodes des journalistes qui l'ont interpellé, alors que ces derniers ont dû user de faux documents afin de réussir à s'introduire dans un établissement géré par une association d'aide à l'enfance. Une opinion partagée par les élus du département de la Seine-Saint-Denis.

Marrant tous ces départements qui 's'interrogent' sur les méthodes de Zone Interdite, alors que toute la France s'interroge sur les méthodes des responsables.

Pour Stephanie Lamy, co-fondatrice de l'association Abandon de Famille, l'intérêt porté sur les méthodes des journalistes ne fait que détourner l'attention sur le réel problème auquel les enfants placés sont confrontés. "Seine Saint-Denis, Côte-d'Or ... Marrant tous ces départements qui 's'interrogent' sur les méthodes de Zone Interdite, alors que toute la France s'interroge sur les méthodes des responsables... les élu.e.s & le gouvernement", s'insurge-t-elle sur Twitter.