Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« Les filtres, c’est une drogue » ou la tyrannie du « visage Instagram »

Une certaine culture retouche, façon retour de bloc opératoire,  s’est imposée sur les réseaux. Une image déformée de soi-même qui n’est pas sans risque.

Par 

Publié le 17 janvier 2020 à 14h55, modifié le 19 janvier 2020 à 15h26

Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

Photos extraites de la série « Selfie Harm project » par Rankin pour la campagne « Visual Diet ».

Nez microscopique plein d’hématomes, pommettes saillantes, lèvres gonflées avec traces de piqûres de Botox : sur Instagram, une mode récente faisait un peu peur, celle des filtres façon « retour de bloc opératoire ». Nommés Bad Botox, FixMe ou encore Plastica, ces filtres permettaient de modifier son selfie pour obtenir un visage mutant. En gros, le visage de la fortunée new-yorkaise Jocelyn Wildenstein, la « femme-chat » défigurée par excès de bistouri. Mais, en octobre 2019, Facebook a banni ces filtres en réalité augmentée, au centre d’une polémique. Dans un article paru en 2018 dans la revue JAMA Facial Plastic Surgery consacrée à la chirurgie plastique, un groupe de chercheuses de l’université de Boston les accusaient de favoriser la dysmorphophobie, soit un trouble classé dans le spectre obsessionnel compulsif – les personnes atteintes perçoivent comme difformes certaines parties de leur corps – qui toucherait 2 % de la population mondiale, selon une étude médicale publiée par la Bibliothèque américaine de médecine en 2018. Surtout des jeunes, en perpétuelle quête de « like » et de validations.

« Les filtres, c’est comme une drogue, ça peut te rendre jalouse de toi-même. » Lena, 12 ans

Habitués à altérer leur apparence en un instant grâce à des applis parfois préinstallées dans leur smartphone, ils peineraient à supporter leur image « dans la vraie vie ». Pour Carla, lycéenne de 17 ans, modifier son visage avant de poster une story sur Instagram, c’est « la nouvelle norme » : « Tout le monde le fait, même ceux qui se sentent bien dans leur peau. Moi, je passe l’image sur FaceTune, pour un effet lissé, sans boutons. Mais je n’abuse pas. J’ai des copines qui se font une peau orange, des yeux de poupée et un corps trop retouché. Tout le monde sait que c’est fake, mais ça les aide à se donner une image. » Pour Lena, Parisienne de 12 ans, « les filtres, c’est comme une drogue, ça peut te rendre jalouse de toi-même, parce que tu voudrais être celle qu’on voit avec les effets ». Et si l’on en croit les chirurgiens plasticiens américains, nombre de leurs jeunes patients n’auraient qu’un désir : ressembler à leur « avatar » amélioré. Les spécialistes ont même trouvé un nom à ce nouveau mal : la « Snapchat dysmorphia » – d’après le nom de cette messagerie très prisée des ados, l’une des premières à avoir lancé les filtres de retouches, appelés lenses (« lentilles »).

Il vous reste 67.86% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.