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Alain Marschall et Olivier Truchot: «La CGT ne va pas dicter la ligne éditoriale de RMC!»

Alain Marschall (à gauche) et Olivier Truchot (à droite). Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

FIGAROVOX/ENTRETIEN - Les animateurs des «Grandes Gueules» de RMC ont été contraints d’annuler une tournée de l’émission partout en France à la suite d’un incident grave survenu à Béziers. Plus que jamais, les citoyens doivent pouvoir prendre la parole, jugent-ils.

FIGAROVOX.- Vous avez interrompu le «tour de Gaule des Grandes Gueules» à la suite d’un incident grave survenu pendant l’émission de vendredi dernier, enregistrée à Béziers. Que s’est-il passé?

Alain MARSCHALL.- Vendredi matin, un quart d’heure après le début de notre émission qui était enregistrée ce jour-là à Béziers dans le cadre d’une tournée commencée quelques jours plus tôt, un petit attroupement s’est réuni à proximité de là où nous étions. Il y avait dans le groupe des gens de Sud, de la CGT, des «gilets jaunes»... Ils étaient très bruyants à cause des cornes de brume et des pétards artisanaux (qui font un vacarme gigantesque, ce sont presque de petites bombes!). La sécurité a commencé à s’en inquiéter, je l’entendais dans mon oreillette.

On avait prévu de faire passer un «grand oral» aux Biterrois, comme à Lyon le 10 janvier: nous avons donc sollicité les manifestants en leur proposant d’intervenir en direct sur notre antenne un peu plus tard dans la matinée. Mais leur porte-parole a répondu: «on parle quand on veut!», et après cela ils ont coupé le courant électrique dans le camion de la régie, ce qui est assez dangereux car il était alimenté par des câbles à haute tension. Puis ils l’ont visé avec un pétard. À ce moment la situation est devenue nerveuse, les manifestants voulaient envahir notre plateau, et le bruit des pétards et des sirènes rendait difficile la poursuite de l’émission. Nous avions peur également qu’ils s’en prennent à notre public. Après seulement une heure et quart d’émission, nous avons donc été contraints de l’arrêter.

Olivier TRUCHOT.- Ce qui est frappant c’est qu’il y avait parmi eux des représentants syndicaux, notamment de la CGT Enedis, et qu’aucun d’entre eux ne s’est excusé à la suite de cet incident. Tout au plus un manifestant nous a dit qu’il regrettait ce qui s’était produit, mais c’est tout.

Pourtant, l’émission des «Grandes Gueules» fait entendre une voix populaire. Comment expliquez-vous une telle animosité?

Olivier TRUCHOT.- C’est assez incompréhensible. D’autant que nous n’avions ce jour-là sur notre plateau que des citoyens assez hostiles au gouvernement: une enseignante remontée contre la réforme des retraites, un médecin engagé contre la réforme de l’hôpital, une élue de gauche...

Ces militants n’avaient même pas envie de parler.

Les manifestants contre la réforme des retraites sont en train de perdre la bataille, donc ils se radicalisent. La CGT avait dit qu’elle souhaitait le retrait pur et simple de la réforme et elle ne l’obtiendra pas. Alors leur lutte est de plus en plus violente. Ils ont voulu s’en prendre à notre émission de radio pour semer le désordre, même pas nécessairement par hostilité à notre antenne.

Pour éviter que de telles violences se reproduisent, et bien que je le regrette, la direction de l’antenne a donc décidé de mettre un terme à notre tournée. Quel gâchis!

Alain MARSCHALL.- Ces militants n’avaient même pas envie de parler, puisqu’on le leur a proposé et qu’ils ont refusé. Du reste, on les entend déjà partout en ce moment - et c’est bien normal, puisque la CGT est engagée dans un bras de fer important. Mais ils ont voulu faire un coup d’éclat.

Cet incident participe-t-il selon vous d’un climat général d’hostilité à l’égard des médias?

Olivier TRUCHOT.- Notre société, c’est certain, est de plus en plus violente et les communautés s’affrontent avec une hostilité grandissante. Chacun veut avoir raison et, pour cela, n’hésite plus à faire taire son adversaire s’il le peut. Quand on voit qu’un syndicat comme la CGT en vient à envahir les locaux de la CFDT, c’est grave! Comme si nous, on se mettait à attaquer RTL car on ne partage pas leur ligne éditoriale! Mais enfin, nous avons fait l’objet d’une violence aveugle, qui ne nous était sans doute pas personnellement destinée. J’ajoute enfin que les réseaux sociaux sont souvent un support pour cette violence.

Nous continuerons de donner la parole aux citoyens et de permettre à chacun de dire ce qu’il a à dire.

Comment les médias, et en particulier les «Grandes Gueules», peuvent répondre à ce phénomène?

Olivier TRUCHOT.- Déjà, nous n’allons pas nous arrêter! Même si nous avons mis un terme à la tournée pour ne pas nous retrouver à enregistrer des émissions en étant entourés de CRS, nous continuerons de donner la parole aux citoyens et de permettre à chacun de dire ce qu’il a à dire, peu importe qu’il soit pour ou contre le gouvernement ou je ne sais quoi. C’est la meilleure réponse possible à la violence: laisser la possibilité à chacun de s’exprimer. Et ce n’est pas la CGT qui va définir la ligne éditoriale de RMC!

Alain Marschall et Olivier Truchot: «La CGT ne va pas dicter la ligne éditoriale de RMC!»

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29 commentaires
  • jclach

    le

    Mr Truchot, a force de vouloir soutenir à tout prix les GJ depuis plus d'un an et maintenant les grévistes au détriment de certaines vérités, vous avez le retour de bâton, vous pouvez constater qu'il n'y a aucune reconnaissance

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