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Reconnaissance faciale : une start-up analyse les photos des réseaux sociaux pour la police américaine

Le « New York Times » a publié une enquête sur cette entreprise financée par Peter Thiel (Palantir, Facebook) qui fournit son logiciel à la police américaine.

Le Monde

Publié le 20 janvier 2020 à 12h41, modifié le 20 janvier 2020 à 15h05

Temps de Lecture 2 min.

Pouvoir comparer en quelques instants une photographie avec une base de données de plus de trois milliards de photographies publiées par tout un chacun sur les réseaux sociaux : la promesse a séduit six cents services de police aux Etats-Unis. Cet outil est proposé par Clearview, discrète start-up américaine à laquelle le New York Times a consacré une longue enquête, parue le 18 janvier.

Fondée par Hoan Ton-That, 31 ans, l’entreprise a, pour faire fonctionner son logiciel, discrètement copié des milliards d’images publiées sur les plates-formes sociales les plus courantes du monde occidental : profils Facebook ou LinkedIn, photos Instagram ou Twitter… Elle a ainsi pu constituer une gigantesque base de données, dans laquelle un moteur de recherche par reconnaissance faciale permet ensuite d’identifier des suspects ou des témoins. Des visages qui auraient été par exemple enregistrés par des caméras de surveillance pourraient conduire à l’identification d’une personne grâce aux informations présentes dans cette base de données.

« Les utilisateurs de Clearview peuvent potentiellement identifier de la sorte toutes les personnes qu’elles ont vues. L’outil pourrait être utilisé pour identifier des militants dans des manifestations, ou un bel inconnu dans le métro, ne révélant pas seulement leur nom mais aussi leur lieu de vie, ce qu’ils ont fait précédemment, et quelles sont leurs fréquentations », écrit le New York Times.

L’outil est populaire auprès des forces de police locales, qui, aux Etats-Unis, disposent de leurs propres budgets et sont libres d’utiliser les logiciels et équipements de leur choix. Clearview a par ailleurs aussi fourni ses solutions à des entreprises privées de sécurité, rapporte le New York Times. Pour certains enquêteurs, Clearview complète utilement les bases de données locales ou fédérales contenant les photos de personnes condamnées ou les portraits des permis de conduire. « Avec Clearview, on peut utiliser des photos qui ne sont pas parfaites ; la personne peut porter un masque ou des lunettes, et cela fonctionne même avec les images partielles d’un visage », témoigne ainsi un policier dans le quotidien new-yorkais.

Danger majeur pour les libertés individuelles

Cette efficacité affichée inquiète fortement les défenseurs des libertés individuelles ; l’entreprise affirme que son système trouve une correspondance dans 75 % des cas, mais ne donne pas le taux de « faux positifs » – le nombre de personnes identifiées par erreur. Or, plus la base de données est importante, plus les chances d’y trouver plusieurs personnes dotées d’une forte ressemblance augmentent, a fortiori lorsque l’image utilisée pour la recherche est de mauvaise qualité. Plusieurs études ont également montré que les logiciels de reconnaissance faciale, s’ils sont en progrès constant, sont loin d’être précis à 100 %.

L’histoire de Clearview suscite également des inquiétudes en raison de sa coloration très politique. Elle a ainsi été financée initialement par le multimilliardaire Peter Thiel, fondateur de Palantir, membre du conseil d’administration de Facebook et réputé proche de Donald Trump.

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La société a aussi fait appel à plusieurs républicains ultraconservateurs pour assurer sa promotion auprès des services de police du pays. Entreprise privée, Clearview n’est par ailleurs pas soumise aux mêmes types de contrôles pointilleux que les bases de données classiques des forces de l’ordre – les photos ne sont par exemple jamais effacées de ses archives.

Mais au-delà du cas spécifique de Clearview, la crainte est grande de voir ce type de services se multiplier. Clearview a établi son prototype original avec deux ingénieurs seulement, et un budget très réduit. « Sans une loi fédérale très stricte sur la vie privée [qui interdirait ces collectes massives d’images], nous sommes foutus », a résumé au New York Times Al Gidari, professeur de droit de la vie privée à l’université Stanford.

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