Publicité

Grève : pour l'Opéra de Paris la facture grimpe à 15 millions

Danseurs, choristes, techniciens et musiciens restent déterminés à sauver leurs régimes spéciaux. L'ardoise des pertes frise les 15 millions d'euros et l'institution publique est fragilisée chaque jour un peu plus. Les syndicats CGT et SUD sont désormais dépassés par leur base.

Le 18 janvier dernier, des musiciens revendiquent devant le Palais Garnier alors que le retour à la normale s'effectue peu à peu dans les transports urbains.  
Le 18 janvier dernier, des musiciens revendiquent devant le Palais Garnier alors que le retour à la normale s'effectue peu à peu dans les transports urbains. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Par Martine Robert

Publié le 23 janv. 2020 à 15:58Mis à jour le 24 janv. 2020 à 09:59

Qui l'eût cru ? Alors que, malgré un nouveau baroud (d'honneur ?) ce vendredi le retour à la normale se fera progressivement à la RATP et à la SNCF , rien de tel à l'Opéra de Paris. L'institution a déjà dû annuler 74 représentations à Garnier et à Bastille, du fait d'un système de grèves tournantes. L'établissement public s'approcherait des 15 millions d'euros de recettes perdues. Catastrophique.

Les syndicats (SUD a obtenu 43,6 % des voix du personnel et la CGT 24,6 %) sont même maintenant débordés par la base. Les danseurs qui peuvent partir à 42 ans, les choristes et techniciens à 57, et les musiciens à 60, restent très déterminés à préserver leur régime spécial.

Le directeur général de l'Opéra de Paris, Stéphane Lissner, ne cache pas la gravité de la situation. « Cette situation appelle de ma part des décisions fermes. J'ai déjà demandé à tous les services de préparer un plan d'économies drastiques portant sur l'ensemble des dépenses de fonctionnement et d'investissement », écrivait-il au personnel il y a déjà une semaine dans un courrier que « Les Echos » ont pu se procurer.

Publicité

Plus de 150.000 spectateurs touchés

Au 31 décembre, 150.000 spectateurs, prévenus au dernier moment, avaient été touchés. L'annulation des premières représentations du Barbier de Séville cette année a encore alourdi le bilan. De nombreux chefs d'entreprise, membres de l'Arop, le cercle des mécènes de l'Opéra de Paris, se disent exaspérés. Une soirée BNP Paribas prévue ce jeudi soir a été annulée, ce qui fait craindre un effet négatif durable auprès du public comme des donateurs, même après la reprise du travail, qui reste à ce stade hypothétique.

Et ce malgré plusieurs avancées concrètes. Les musiciens, choristes, techniciens étant à moins de dix-sept ans de l'ouverture de leurs droits ne seront pas concernés par la réforme. Quant aux danseurs, ils ont même obtenu la clause du grand-père : les règles en vigueur les concernant seront maintenues pour ceux en poste comme pour ceux recrutés avant 2022.

En outre, il ne s'agit pas de les faire danser davantage, mais de leur assurer une solide reconversion grâce à une formation diplômante pouvant durer plusieurs années. Afin d'organiser leur fin d'activité, « le recours à des outils juridiques conçus pour les sportifs de haut niveau ou le dispositif de congé de mobilité » est envisagé, a écrit Stéphane Lissner. Par exemple, la possibilité d'abonder un plan d'épargne salarial pour assurer aux danseurs une sécurité financière. Actuellement, la retraite oscille, après vingt-quatre ans de services, entre 1.799 euros pour le corps de ballet et 3.050 pour une étoile.

Un cabinet d'actuaire missionné

Pour l'ensemble du personnel, les modalités de la transition devront être négociées au cours de l'année 2020 et la réforme sera mise en oeuvre de façon très progressive, afin de prendre en compte la pénibilité et la situation particulière des danseurs, a promis le patron de l'Opéra de Paris. L'idée de constituer une caisse autonome, adossée à la caisse de retraite de l'établissement, a également été évoquée.

Pas suffisant, à ce stade, pour rassurer le personnel qui demande « des simulations concrètes pour mesurer l'impact sur les revenus », selon un proche du dossier. Un cabinet d'actuaire a été missionné par le ministère de la Culture, qui sera contre-expertisé par un expert propre aux syndicats. La caisse de retraite de la SNCF a aussi été sollicitée pour aider à ces calculs. Des chiffres devraient être ainsi présentés la semaine prochaine.

Il y a urgence : la CGT SNCF Saint-Lazare s'est invitée cette semaine à une assemblée générale de la maison lyrique pour plaider « la convergence des luttes » et… forcer le destin.

Martine Robert 

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité