Mesures drastiques en Italie. La pandémie de coronavirus continue de ravager le pays transalpin où elle a fait samedi près de 800 morts en 24 heures, et le gouvernement a ordonné l'arrêt de toute activité de production autre que celle "strictement nécessaire". "La décision adoptée par le gouvernement est de fermer à travers le territoire toute activité productive qui n'est pas strictement nécessaire, cruciale, indispensable pour garantir les biens et les services", a déclaré le Premier ministre Giuseppe Conte dans un discours télévisé tard dans la nuit.

Il a néanmoins assuré que les épiceries et les pharmacies resteront ouvertes, sans détailler la liste des activités "indispensables". "Nous allons ralentir le moteur productif du pays mais nous n'allons pas l'arrêter", a-t-il dit. En un mois, 4.825 décès ont été enregistrés dont plus de 3.095 pour la seule Lombardie, la région de Milan, poumon économique du pays. Selon le bilan de la sécurité civile samedi, dans les dernières 24 heures près de 800 personnes ont été tuées par la maladie, un nouveau record journalier.

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Ce bilan est effroyable : dans le monde d'avant la pandémie, un peu moins de 1.800 Italiens mouraient chaque jour ; la Lombardie déplore plus de 300 décès du coronavirus par million d'habitants quand le deuxième pays le plus touché en proportion de sa population, l'Espagne, affiche un taux de moins de 30 par million. Quand il avait décrété dans la soirée du 9 mars l'interdiction de tout rassemblement et la stricte limitation des déplacements, le Premier ministre tablait sur des résultats visibles dans les deux semaines, soit au milieu de la semaine prochaine. Il avait aussi dit que l'appareil productif italien devait continuer de fonctionner.

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Mais face à des bilans sans cesse en hausse, (plus de 53.000 cas en tout, soit une augmentation de 6.500 en 24 heures), et au moment où le système sanitaire est submergé, il était confronté à une pression croissante du Nord pour prendre des mesures plus drastiques. Selon les médias italiens, face à une "situation [qui] empire", le gouverneur de Lombardie, Attilio Fontana, a d'ailleurs décidé de nouvelles mesures restrictives qui devraient entrer en vigueur dès dimanche, et ce, jusqu'au 15 avril.

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Celles-ci prévoient notamment l'arrêt des chantiers de construction et des activités artisanales sans lien avec les filières essentielles ou l'interdiction de faire du sport en extérieur, même seul. Les marchés hebdomadaires découverts seront également fermés et, dans les pharmacies ou les supermarchés, les clients seront soumis à un contrôle de la température. "Des mesures nécessaires et inévitables. Enfin!", a dit M. Fontana en réaction aux mesures annoncées par le Premier ministre.

"Fermez tout"

A Brescia, secteur le plus touché avec Bergame, Sergio Cattaneo, chef du service de cardio-réanimation du principal hôpital de la ville, prévient qu'"il n'y a plus de place de thérapie intensive en Lombardie". "Mon appel aux institutions est le suivant: 'Fermez tout'", dit-il. "La situation est grave. Dans les prochains jours, elle sera dramatique", prévient également l'ordre des médecins du Piémont, la région de Turin, où le bilan grimpe rapidement (238 morts).

Selon les derniers chiffres de l'Institut supérieur de la santé (ISS), l'âge moyen des morts est de 78 ans et demi, seul 1,1% a moins de 50 ans et près de 99% souffraient d'au moins une autre pathologie, insuffisance cardiaque, diabète et insuffisance rénale chronique notamment. Le patron de l'ISS, Silvio Brusaferro, regrette que ses compatriotes "n'aient pas encore suffisamment pris au sérieux le danger qui circule": "Prenant l'excuse de faire deux pas (dehors), on se rassemble. Deux pas oui, mais seul, pas ensemble."

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291.420 cas d'infection dans le monde

Ailleurs sur la planète, le nouveau coronavirus a fait au moins 12.725 morts dans le monde depuis son apparition en décembre, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles samedi 21 mars à 19h00 GMT. Plus de 291.420 cas d'infection ont été détectés dans 165 pays et territoires depuis le début de l'épidémie. Ce nombre de cas diagnostiqués ne reflète toutefois qu'une fraction du nombre réel de contaminations, un grand nombre de pays ne testant désormais plus que les cas nécessitant une prise en charge hospitalière.

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Depuis le comptage réalisé la veille à 19h00 GMT, 1.598 nouveaux décès et 32.485 nouveaux cas ont été recensés dans le monde. Les pays qui ont enregistré le plus de nouveaux décès en 24h sont l'Italie avec 793 nouveaux morts, l'Espagne (324) et l'Iran (123). La Chine (sans les territoires de Hong Kong et Macao), où l'épidémie a débuté fin décembre, a dénombré au total 81.008 cas (32 nouveaux entre vendredi et samedi), dont 3.255 décès (7 nouveaux), et 71.740 guérisons.

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Etat des lieux par continent

Les pays les plus touchés après l'Italie et la Chine sont l'Iran avec 1.556 morts pour 20.610 cas, l'Espagne avec 1.326 morts (24.926 cas), la France avec 562 morts (14.459 cas), et les États-Unis avec 278 morts (22.177 cas). Depuis vendredi à 19h00 GMT, les Emirats Arabes Unis, la Finlande, la Bosnie, la Lituanie, l'Île Maurice, Singapour, Israël et le Paraguay ont annoncé les premiers décès liés au virus sur leur sol. L'Angola et le Zimbabwe ont eux annoncé le diagnostic de premiers cas.

L'Europe totalisait samedi à 19h00 GMT 143.840 cas (7.319 décès), l'Asie 95.618 cas (3.461 décès), le Moyen-Orient 23.384 cas (1.581 décès), les Etats-Unis et le Canada 22.913 cas (287 décès), l'Amérique latine et les Caraïbes 3.411 cas (35 décès), l'Afrique 1.134 cas (35 décès) et l'Océanie 1.121 cas (7 décès). Ce bilan a été réalisé à partir de données collectées par les bureaux de l'AFP auprès des autorités nationales compétentes et des informations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

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Un seul cas local en Chine

La bonne nouvelle vient de nouveau du côté de la Chine qui a fait état dimanche 22 mars de 46 nouveaux cas de coronavirus, dont un avec contagion sur le sol national, après trois jours consécutif sans cas "local". Le pays d'où était partie en décembre la pandémie mondiale a parmi ses priorités aujourd'hui d'éviter que la maladie (Covid-19) ne revienne sur son sol depuis l'étranger. Le cas local a été enregistré dans la province méridionale du Guangdong, et a été relié à un cas "importé" de l'étranger, selon les autorités sanitaires locales.

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Pour tenter de ralentir l'épidémie, de Rome à New York, des centaines de millions de personnes dans le monde sont confinées chez elles pour le week-end. Pour défendre la pertinence de ces mesures de confinement, appliquées avec plus ou moins de rigueur selon les populations, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a souligné que Wuhan, épicentre de l'épidémie du coronavirus en Chine, constituait un "espoir" pour le monde. Le chef de l'agence onusienne, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a toutefois mis en garde les jeunes, souvent jugés insouciants face au risque viral : "Vous n'êtes pas invincibles".

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Plus meurtrier que le Sras

Le Covid-19 est devenu plus meurtrier que le Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) en Chine, qui y avait fait 349 victimes en 2002-2003 (774 au total dans le monde). Mais les autorités sanitaires ont noté que le taux de mortalité du nouveau coronavirus était autour des 3%, les victimes étant soit très âgées ou atteintes de complications médicales préexistantes. A l'inverse, le Sras tuait presque 10% des patients.

Enfin, l'épidémie liée au Covid-19 pourrait entraîner un manque à gagner total de près de 30 milliards d'euros pour les compagnies aériennes en 2020, selon l'Association internationale du transport aérien (Iata), qui redoute la "première baisse mondiale" des réservations depuis 2003. Mesures de quarantaine, annulations de dessertes, chute du tourisme en Chine et du monde... 2020 "sera une année très difficile pour les compagnies aériennes", a prévenu le directeur général de l'Iata, Alexandre de Juniac.