Les plans d’eau douce relâchent du méthane dans l’atmosphère, un gaz à l’effet de serre 28 fois plus important que celui du CO2. Des chercheurs ont découvert qu’avec le réchauffement climatique, ils pourraient émettre jusqu’à trois fois plus de gaz à effet de serre qu’actuellement. Une nouvelle bombe à retardement climatique à surveiller de près.

À titre de comparaison, le lac suisse de Hallwil, d’une dizaine de kilomètres carrés, émet autant de méthane qu’un troupeau de 240 vaches. Et son bilan environnemental pourrait encore empirer avec le changement climatique. Dans une étude publiée en fin d’année dans la revue PNAS (1), des chercheurs britanniques ont découvert que la hausse des températures allait accroître la concentration des molécules organiques (comprenant des atomes de carbone) dans l’eau. Ces molécules sont la source d’alimentation de micro-organismes qui les dégradent et en libèrent le carbone sous forme de CO2 et de méthane.
"Le changement climatique augmentera le couvert forestier et modifiera la composition des espèces, ce qui entraînera une plus grande variété de feuilles et de déchets végétaux tombant dans les cours d’eau. Nous avons constaté que l’augmentation de la diversité des molécules organiques dans l’eau qui en résulte entraîne une augmentation des concentrations de gaz à effet de serre", a déclaré le Dr Andrew Tanentzap de l’université de Cambridge, qui a dirigé la recherche.
Un moindre impact positif lié à la reforestation
Résultat, l’impact environnemental des étendues d’eau douce pourrait être multiplié par 1,5 à 2,7 par rapport aux niveaux actuels alors qu’il représente déjà 22 % des émissions de méthane. Celui-ci est le deuxième gaz à effet de serre responsable du réchauffement derrière le dioxyde de carbone avec un pouvoir réchauffant 28 fois supérieur à celui du CO2.  
Les chercheurs estiment qu’à l’aune de ces nouveaux résultats, il faut envisager une gestion différente des forêts. La reforestation, qui constitue un puits de carbone, pourrait en effet avoir des effets moins bénéfiques que prévu sur le climat. Une question primordiale à l’heure où la compensation climatique, via des projets forestiers, est plus que jamais mise en avant par des entreprises désireuses d’afficher un bilan neutre en carbone, voire même négatif comme vient de l’annoncer Microsoft. Le géant de l’informatique entend en effet compenser d’ici 2050 tout ce qu’il a émis dans l’atmosphère depuis sa création en 1975.
Concepcion Alvarez, @conce1
(1) Voir l’étude 

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