"On n'a pas le droit de se taire" : à 94 ans, il témoigne de l'horreur des camps

Sylvie Pinatel, David Salmon et Cédric Aguilar
Publié le 27 janvier 2020 à 20h30, mis à jour le 27 janvier 2020 à 20h57

Source : Sujet JT LCI

DOCUMENT - Benjamin Orenstein est l'un des derniers survivants de la Shoah. Quand ceux qui se souviennent ne seront plus, il ne restera que les livres d'histoire. Suffiront-ils contre l'amnésie, la nostalgie, le révisionnisme ? C'est le sens du combat de Benjamin Orenstein aujourd'hui. Les équipes de 20H Le Mag l'ont rencontré et vous proposent la version intégrale de son témoignage diffusé sur TF1 ce lundi 27 janvier, jour du 75ème anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz.

Pendant 48 ans, Benjamin Orenstein s'est tu. Ce sont les discours de ceux qui prétendent que les chambres à gaz n'ont pas existé qui l'ont poussé à raconter. Il a 94 ans aujourd'hui et multiplie désormais les témoignages dans les écoles et les amphithéâtres. Une cinquantaine par an. Il veut ainsi transmettre à ceux qui seront demain les témoins du témoin. Pour qu'ils racontent à leur tour. 

Benjamin est né dans un village de Pologne près de la Vistule, Anopol. Toute sa famille a été déportée et exterminée. Son père, sa mère, ses trois frères, sa sœur, sa tante et sa nièce de 8 mois. Lui a survécu, avec de la chance, dit il. Il a connu sept camps, dont Auschwitz. Il y est entré le jour de ses 18 ans. Il a aussi survécu à la Marche de la mort.

Pas le droit de se taire
Benjamin Orenstein

Libéré en avril 1945 dans le camp de Dora, il ne pesait que 32 kilos. Il est parti en Suisse puis en Israël, avant de rejoindre la France. Il y a rencontré sa femme, a vécu à Lyon et fondé une famille. Il a deux enfants et trois petits-enfants. Le premier d'entre eux, Alex, à ses côtés dans l'entretien ci-dessus, est aussi le premier à qui il a pu raconter les camps. Comme pour beaucoup de survivants, il ne pouvait le faire avant avec ses propres enfants, trop proches. 

A l'âge de 9 ans, Alex a vu le matricule sur le bras de son Zeidi (grand-père en Yiddish) et lui a posé des questions. Benjamin a attendu qu'il ait 12 ans pour lui expliquer. C'est avec lui qu'il est ensuite retourné pour la première fois à Auschwitz, 53 ans après sa déportation. Il y est ensuite retourné de très nombreuses fois avec des classes. C'est lui qui, à Lyon, a initié ces voyages scolaires. 

Le 20H Le Mag [...] du 27 janvier 2020 : Benjamin Orenstein, matricule B4416Source : Le 20h le mag

Il a arrêté il y a 3 ans pour garder ses forces et continuer de témoigner dans les classes de France. "Ce n'est pas facile de décider de parler, vous savez, explique l'homme au regard vif et au mot précis. "Mais on n'a pas le droit de se taire". Benjamin Orenstein a raconté son histoire et celle des siens dans un livre intitulé "Ces mots pour sépulture". 

Retrouvez tous les portraits diffusés dans 20H Le Mag sur notre site. 


Sylvie Pinatel, David Salmon et Cédric Aguilar

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