De la Syrie à l’hexagone, itinéraires de djihadistes

Un soldat des forces irakiennes à Mossoul inspectant un ancien centre d'entrainement utilisé par les terroristes de l'organisation État islamique en 2017. ©AFP - QARYAT ĀLBŪ SAYF
Un soldat des forces irakiennes à Mossoul inspectant un ancien centre d'entrainement utilisé par les terroristes de l'organisation État islamique en 2017. ©AFP - QARYAT ĀLBŪ SAYF
Un soldat des forces irakiennes à Mossoul inspectant un ancien centre d'entrainement utilisé par les terroristes de l'organisation État islamique en 2017. ©AFP - QARYAT ĀLBŪ SAYF
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Alors que le régime de Bachar al-Assad enregistre des victoires militaires sur le terrain, le sort des terroristes présents dans la région reste encore incertain. Retour sur l'itinéraire des djihadistes.

Avec
  • Hugo Micheron Enseignant-chercheur en sciences politiques rattaché au CERI, maître de conférence à Sciences Po, spécialiste du Moyen-Orient.
  • Marie Dosé Avocate au barreau de Paris

Les forces du régime syrien poursuivent leur offensive et sont sur le point de prendre la ville de Maaret al-Noomane, située dans la région d'Idleb, dans le Nord-Ouest du pays, jusqu’ici dominée par des jihadistes et des rebelles. Quasi-assiégée par les forces gouvernementales, cette ville est stratégique pour le pouvoir de Bachar al-Assad car elle se trouve sur l'autoroute reliant Alep à la capitale Damas, que le régime cherche à sécuriser. 

Après huit ans de guerre, se dirige-t-on vers une victoire du régime syrien ? Que faire des Français partis en Syrie désormais détenus dans les camps du nord-est syrien par les Kurdes ? À l’heure où se pose la question du retour, quel sort leur sera-t-il réservé ?

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Pour en parler, nous recevons Hugo Micheron, chercheur au sein de la Chaire d’Excellence Moyen-Orient Méditerranée de l’ENS, auteur de « Le Jihadisme français » aux éditions Gallimard. Il est rejoint par Marie Dosé, avocate des familles françaises dont les enfants et petits-enfants sont détenus au Nord-Est syrien, auteure de “Les victoires de Daech” aux éditions Plon.

Daesh, une organisation désorganisée

Daesh a perdu la quasi-totalité de ses capacités logistiques et opérationnelles dans la région. Hugo Micheron

"C’est une organisation non pérenne : Daesh a intégré un mode fonctionnement non rationnel. Ils ont intégré un fonctionnement millénariste, […] ils sont persuadés de vivre les derniers temps de l’humanité" Hugo Micheron

La pierre angulaire de Daesh, c’est véritablement le contrôle des femmes. Hugo Micheron

"Concrètement, Daesh est une organisation militaire [...] avec les djihadistes les plus extrémistes. [...] Ça donne un califat qui n’a rien d’un califat et qui a tout d’une prison à ciel ouvert, où tout est compartimenté." Hugo Micheron

On a agi trop tard face à Daesh. Hugo Micheron

Que faire des djihadistes français ?

"Daesh a cueilli nombre d’adolescents et de jeunes adultes en leur faisant croire qu’ils y feraient de l’humanitaire." Marie Dosé

"Il n’y a pas qu’un profil, et la majorité des personnes qui sont parties n’ont pas d’antécédents judiciaires." Marie Dosé

"Sur la responsabilité pénale, les collèges d’experts font un travail considérable et contradictoire. In fine, c’est difficilement contestable." Marie Dosé

L’idée que la justice serait laxiste est parfaitement fausse. Marie Dosé

"On a réduit le débat à une question de décérébrés radicalisés sur internet. […] Le djihadisme français est un défi de société beaucoup plus que sécuritaire. Et ce défi nous attend dans les années qui viennent." Hugo Micheron

"Il faut éviter le risque d'une dispersion et rapatrier les djihadistes français pour les juger. [...] C'est une victoire de Daesh de nous faire renoncer à nos valeurs, à sauver ces enfants." Marie Dosé

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