Des étudiants en commerce assistent à une conférence à l'université de Stockholm.

22% des jeunes sortis de formation en 2010 étaient toujours au chômage mi-2013.

afp.com/Jonathan Nackstrand

C'est un chiffre record: trois ans après la sortie de leurs études, 22% des jeunes étaient toujours au chômage mi-2013. Le Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq) a présenté ce mardi les résultats de sa dernière enquête sur l'insertion professionnelle, réalisée auprès de 33 500 jeunes sortis de formation en 2010. Ses conclusions n'invitent pas à l'optimisme: "Une partie des jeunes de cette génération, pour la majorité sans diplôme, n'ont pas franchi en trois ans la barrière de l'emploi, avec un risque d'exclusion sociale accru", résument ses auteurs.

Publicité

Un chômage record

22% de chômage, c'est "le niveau le plus haut jamais observé dans les enquêtes d'insertion". 12% des jeunes de la "génération 2010" sont d'ailleurs considérés comme "éloignés de l'emploi": en trois ans, ils ont passé moins de 10% de leur temps au travail. Les explications à cette dégradation n'étonnent guère: les jeunes actifs sortis d'études en 2010 ont cherché un premier poste dans un marché de l'emploi touché de plein fouet par la crise financière de 2008 et celle des dettes souveraines en 2010.

Manque de chance, "il y a eu à cette époque un faible niveau d'intervention publique, avec une baisse des contrats aidés, notamment pour les non-diplômés", a pointé Alberto Lopez, directeur du Céreq. Il est encore trop tôt pour savoir si les emplois d'avenir, déployés en 2013, pourront rectifier la tendance.

Premières victimes: les non-qualifiés

Le sort des non-diplômés est particulièrement préoccupant: 48%, soit près d'un jeune sur deux, étaient toujours au chômage trois ans après leur sortie de formation, contre 32% pour la génération 2004. Le constat selon lequel le diplôme protège du chômage n'est pas nouveau, rappelle le Céreq, mais le phénomène a tendance à s'atténuer quand l'économie va mieux, pour mieux reprendre de la vigueur en temps de crise.

Les BEP et CAP dégringolent

Les CAP et BEP sont mieux lotis que les non-diplômés, mais à peine. Leur taux de chômage grimpe à 32%, trois ans après la fin de leurs études. C'est 15% de plus que pour les jeunes de la génération 20004. Seuls 29% ont été embauchés quasiment tout le temps prendant la période, les autres alternant contrats et chômage. Les chercheurs du Céreq estiment que "la concurrence avec les baccalauréats professionnels explique probablement une part de ces constats". Le chômage touche autant les CAP et BEP de l'industrie que ceux des services, mais l'étude ne s'est pas penchée sur le détail par secteurs d'activité.

Des diplômés toujours aussi cotés

A l'inverse, les diplômés du supérieur s'en sortent globalement mieux. 70% des BTS et DUT, par exemple, décrochent leur premier emploi en trois mois. Les diplômés de l'enseignement supérieur long -bac+5 et plus- limitent la casse, même si leur taux de chômage au bout de trois ans atteint 12%, soit deux fois plus que lors de la dernière enquête. Les licences professionnelles s'en sortent bien, avec un taux de chômage de 10% au bout des trois ans. En dessous de ce seuil, on trouve aussi les doctorants, les diplômés des grandes écoles et les bac+2/3 du secteur médico-social.

Toujours autant de CDI

Le Céreq a toutefois une raison de se réjouir: "La hausse du chômage ne s'est pas accompagnée d'une dégradation de la qualité des premiers emplois", pointe les auteurs de l'étude. La part des CDI est "globalement stable" par rapport aux promotions pourtant plus chanceuses de 2004 et 2007, tant lors de la première embauche qu'après trois ans de carrière: deux tiers des jeunes en avaient décroché un en 2013. La part des temps partiels subis -9%- ne bouge pas non plus. Le salaire net mensuel était quasiment identique en 2013 à celui des générations précédentes: 1450 euros en médiane.

Publicité