Pesticides : le lindane, interdit depuis 20 ans, toujours présent dans l’air

Proscrit dans l’agriculture depuis 1998, cet insecticide toxique pour l’homme et les animaux est régulièrement détecté un peu partout en France, comme le montre une base de données récemment publiée. D’autres produits, prohibés eux aussi, resurgissent ponctuellement.

 Le lindane était épandu dans les champs de maïs et de betteraves, utilisé comme antiparasitaire pour les animaux et même comme anti-poux (photo d’illustration).
Le lindane était épandu dans les champs de maïs et de betteraves, utilisé comme antiparasitaire pour les animaux et même comme anti-poux (photo d’illustration). AFP/JEAN-FRANCOIS MONIER

    Pour qualifier le lindane, un pesticide utilisé pendant plus de cinquante ans en agriculture, Pierre Dupeyrat dégaine une métaphore martiale : « C'était une arme de destruction massive. » Ce paysan périgourdin, aujourd'hui converti dans le bio, a jadis épandu du lindane sur des champs de blé et de maïs. Il insiste sur la polyvalence et l'efficacité de ce produit : « Vous mettiez la moitié d'une cuillère à café sur un nid de guêpes, le lendemain, elles étaient toutes mortes. Même les pompiers l'utilisaient. » Très fort, le lindane. Trop ?

    Le 1er juillet 1998, devant l'inquiétude que provoque la présence persistante de l'insecticide dans l'eau potable, Louis Le Pensec, alors ministre de l'Agriculture, en interdit l'usage dans les exploitations. Mais la substance, prohibée pour un risque présumé d'effets graves sur les organes en cas d'exposition prolongée, n'a pas pour autant disparu des nappes phréatiques et continue à être identifié depuis dans les sols, dans les cheveux, les couches pour bébés, les tampons hygiéniques … Ou, comme le montrent aujourd'hui des chiffres d'Atmo France, dans l'air que nous respirons.