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Reconnaissance faciale: Clearview fait scandale avec ses 3 milliards de visages «aspirés»

Contrôle des frontières, maintien de l’ordre ou service client, les usages de la reconnaissance faciale ne manquent pas. David Becker/AFP

Cette société américaine a mis au point un outil en piochant des photos postées sur les réseaux sociaux. Il assure travailler avec des services de police.

Jadis cantonnée aux films de science-fiction, la reconnaissance faciale est aujourd’hui plus accessible que jamais. La société américaine Clearview AI n’a ainsi eu besoin que de deux ingénieurs pour mettre au point un outil plus performant que ceux du FBI, qu’elle clame avoir fourni à 600 services de police, selon une enquête du New York Times. Fondée par Hoan Ton-That, un entrepreneur australien de 31 ans, l’entreprise a été financée par Peter Thiel, soutien de Donald Trump, membre du conseil d’administration de Facebook et fondateur de la société de cybersurveillance Palantir.

Pour construire cet outil, Clearview a pioché parmi les photos postées publiquement sur Facebook, Twitter ou encore LinkedIn. Une pratique connue sous le nom de web scraping, largement utilisée pour constituer des bases de données mais dont l’utilisation pour construire un outil de reconnaissance faciale pose question. En tout, trois milliards d’images ont été aspirées sur ces réseaux sociaux, sans que leurs propriétaires, ni les personnes qui figurent dessus ne soient mises au courant. Cela est illégal a minima pour les mineurs américains de moins de 13 ans, dont les données sont protégées depuis 1998 par la Children’s Online Privacy Protection Act.

Série de questions

On ne sait pas pour le moment si des citoyens européens ont vu leurs photos prélevées par Clearview AI. Si c’est le cas, la société tombera sous le coup du Règlement général sur la protection des données, qui régule la collecte des données personnelles des Européens, quelle que soit la nationalité du responsable. «Les photographies sont considérées comme des données biométriques, et sont donc encore plus protégées que les autres données personnelles», explique Martin Drago, juriste à la Quadrature du Net. «De plus, la pratique du web scraping est interdite sans notifier les personnes concernées

Les réseaux sociaux mettent également des limites à ce que peut faire un acteur extérieur avec les données de leurs membres. «Il est interdit de prendre des données sur Facebook pour les ajouter à une base de données tierce. Nous enquêtons sur les agissements de cette société et prendrons les mesures nécessaires s’il s’avère qu’elle ne respecte pas nos conditions d’utilisation», a déclaré au Figaro un porte-parole de Facebook. Quant à Twitter, il interdit explicitement l’utilisation des données de ses abonnés pour construire des outils de reconnaissance faciale.

Les responsables politiques américains n’ont pas tardé à réagir suite de ces révélations. Le sénateur démocrate Edward J. Markey a envoyé une lettre à Clearview, dans laquelle il pose une série de questions: Qui utilise cet outil? À quelles fins? Des mineurs ont-ils vu leurs photos collectées? Il donne à la société jusqu’au 12 février pour répondre.

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68 commentaires
  • bpici

    le

    Je ne comprendrai jamais pourquoi on s'offusque d'atteinte à la vie privée, quand on s'affiche en ligne. Les entreprise de réseaux sociaux se rémunèrent uniquement sur l'utilisation des données personnelles (via la pub). Quand un service est gratuit, c'est l'utilisateur qui est la marchandise. Ce concept existait bien avant l'apparition d'internet. De quoi se plaint-on? C'est comme marcher sur l'autoroute, et se plaindre ensuite de s'être fait renversé(e).

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