Le célèbre jockey Pierre-Charles Boudot visé par une enquête pour viol

Pierre-Charles Boudot a été confronté à son accusatrice, jeudi matin, à Chantilly. Cette dernière affirme avoir été droguée puis violée par le jockey en 2015. Ce qu’il nie farouchement.

 Pierre-Charles Boudot est considéré comme l’un des meilleurs jockeys au monde.
Pierre-Charles Boudot est considéré comme l’un des meilleurs jockeys au monde. AFP/Geoffroy Van der Hasselt

    Pierre-Charles Boudot, 27 ans, est visé depuis octobre 2018 par une plainte pour viol. Des faits que le dernier vainqueur du Prix de l'Arc de Triomphe conteste. Ce jeudi matin, sur commission rogatoire du juge Vincent Deveille, en charge de l'instruction à Senlis (Oise), le jockey a été confronté à son accusatrice à la gendarmerie de Chantilly, ville où il réside et où il figurait même sur la liste de la maire sortante, Isabelle Wojtowiez (LR) pour les prochaines municipales. La star des hippodromes a fait savoir ce jeudi midi que ce n'était plus d'actualité.

    À l'origine de la plainte, une jeune femme de 26 ans, originaire du sud de la France. Celle-ci dénonce des faits survenus dans la nuit du 18 au 19 août 2015, en marge d'une réunion hippique à Deauville (Calvados). Ce soir-là, dans la boîte de nuit « Le Brummel », elle et une amie rencontrent Pierre-Charles Boudot, venu avec des proches.

    Tous deux, qui se croisent depuis longtemps dans l'univers des courses - elle est notamment fille d'éleveur - se connaissent bien. Elle a déjà repoussé ses avances. Restée seule après le départ de son amie, la jeune femme accepte un verre que lui propose un ami du jockey. Une demi-heure plus tard, elle se sent mal.

    Une ingestion de kétamine ?

    Selon son avocat, Me Alexandre Varaut, elle a dit aux enquêteurs s'être retrouvée presque étrangère à son corps et n'avoir eu aucune prise sur les événements. Elle se souvient de flashs, d'avoir repoussé une première fois le jockey, avant de se retrouver dans sa voiture. Là, il l'aurait embrassée puis lui aurait imposé une pénétration digitale.

    Pierre-Charles Boudot l'aurait ensuite raccompagnée à son domicile où elle aurait subi, passive, un rapport sexuel après avoir pourtant dit « non à plusieurs reprises ». Suite à cette nuit, la jeune femme entrera dans une période de déni de plus de deux ans au cours de laquelle sa santé sera affectée, sa vie amoureuse aussi. Elle finira par en parler à ses parents avant de se décider à porter plainte en octobre 2018.

    Une démarche qui l'a soulagée, selon son avocat. « Déjà, elle veut l'empêcher de nuire à l'avenir, signale Me Varaut. Ensuite, elle a l'espoir que d'autres victimes se fassent connaître. » Pour lui, les symptômes décrits par sa cliente pourraient correspondre à ceux suivant l'ingestion de kétamine, produit utilisé comme anesthésique pour chevaux et également surnommé « la drogue du violeur ».

    « L'affaire relève plus du dépit amoureux »

    Des propos qui font bondir Me Florence Gaudillière, avocate du jockey, pour qui « l'affaire relève plus du dépit amoureux que de quoique ce soit d'autre ». Et d'asséner : « Elle a continué à garder le contact avec lui, à lui demander des conseils, à le féliciter lorsqu'il gagnait des courses… Puis trois ans et demi après, alors qu'elle rencontre des déboires amoureux, que le jockey est à son apogée, elle dépose plainte sans être en mesure de démontrer la moindre contrainte ? »

    Société organisatrice des courses au galop sur le territoire national, France Galop a indiqué que « les commissaires restent très attentifs à la situation et donneront les suites adaptées en fonction des éléments du dossier dont ils pourront disposer. » Et le code des courses prévoit, dans l'article 216, que les commissaires « peuvent suspendre, à titre conservatoire, l'agrément d'une personne faisant l'objet de poursuites pénales pour des faits susceptibles de porter gravement atteinte à l'image des courses. »

    Détenteur de deux titres de meilleur jockey en France (2015 et 2016) et auteur d'une année 2019 remarquable ( victoire dans le Prix de Diane, le Prix de l'Arc de Triomphe et pour la reine d'Angleterre), Pierre-Charles Boudot pourrait voir son ascension stoppée si les faits étaient avérés.