Une récente étude publiée dans la revue Public Library of Science (PLOS) met en évidence que des bactéries présentes dans la poussière représenter un réservoir de bactéries résistantes aux antibiotiques. 


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    L'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS) considère que la résistance aux antibiotiques « constitue une des plus graves menaces sur la santé mondiale ». Une nouvelle étude publiée dans PLOS vient s'ajouter à la crainte de l'OMS. Dans la poussière, les bactéries travaillent en coopération : elles sont capables de s'échanger leurs plasmides (un phénomène connu et décrit chez les intestins des souris depuis 1964. En cela, elles transmettent leur capacité à résister aux antibiotiques à leurs homologues. Ces résultats traduisent un état de fait inquiétant mais dont on ne connaît pas encore l'impact réel concernant la santé publique.

    Tu veux mon plasmide ?

    Ce sont des chercheurs de l'université de l'Illinois qui sont à l'origine de l'étude. Partant du fait établi que des bactéries résistantes se trouvent dans l'airair, plus particulièrement dans la poussière, ces scientifiques avaient deux objectifs principaux : examiner le potentiel de dissémination de gènes d'antibiorésistance (GAR) dans les communautés microbiennes de poussières intérieures et de valider (ou d'infirmer) la présence de GAR mobilesmobiles détectés dans des bactéries de poussières viables.

    Pour ce faire, ils ont entrepris l'analyse de 166 échantillons de poussières provenant de 43 immeubles différents. Sur 183 gènes d'antibiorésistance identifiés, 52 ont potentiellement été reconnus comme mobiles par l'expérience. Les auteurs concluent que cette étude montre que la poussière dans les bâtiments modernes est un réservoir de GAR et un vecteur possible de transfert bidirectionnel de ces gènes entre le microbiome humain et l'environnement extérieur.

    D'autres études doivent être réalisées

    Cette étude a permis d'identifier que nos lieux de vies intérieurs pouvaient constituer un véritable réservoir à bactéries résistantes aux antibiotiques. Elle ne nous dit rien sur ce que cela implique pour la santé publique mondiale. Les auteurs suggèrent qu'il faut que d'autres études soient réalisées afin de mesurer l'impact que ces échanges peuvent avoir sur le problème d'antibiorésistance mondial et trouver un moyen d'endiguer le phénomène si cela s'avère nécessaire. Quoi qu'il en soit, avec ou sans échange de plasmide entre les bactéries de notre poussière, trouver une alternative fiable et durable aux antibiotiques constitue un défi et une urgence réelle pour le futur de l'humanité.


    Par Nathalie MayerNathalie Mayer le 28/03/2019

    Les bactéries voyagent dans les airs pour partager leurs gènes

    En travaillant sur des bactéries qui semblaient isolées du reste du monde, des chercheurs ont fait une découverte étonnante. Celles-ci semblent avoir trouvé un moyen de rester en contact et d'échanger des gènes avec des semblables vivants à des milliers de kilomètres. Peut-être par voie aérienne.

    Les bactéries aiment à se laisser transporter par des animaux ou par des êtres humains. Mais, selon une étude publiée par des chercheurs de l'université de Rutgers (États-Unis), elles seraient également capables de parcourir toutes seules, plusieurs milliers de kilomètres. En se laissant simplement porter par les airs.

    Rappelons que pour se défendre de l'attaque de virusvirus, les bactéries ont développé un système ingénieux. Elles volent à l'assaillant un morceau d’ADN qu'elles intègrent à leur propre génomegénome afin de pouvoir le reconnaître plus tard. Des informations qui sont stockées dans des régions appelées régions CRISPR, et qui se transmettent de génération en génération. De quoi aider les scientifiques à suivre l'évolution des bactéries.

    Pour vérifier leur hypothèse de l’existence d’une sorte de pont aérien formé par des bactéries, les chercheurs de l’université de Rutgers souhaitent, à l'aide de drones, par exemple, prélever de l’air à différentes altitudes et partout dans le monde afin d’identifier les bactéries qui pourraient s’y trouver. © ki-kieh, Fotolia, CC0 Creative Commons
    Pour vérifier leur hypothèse de l’existence d’une sorte de pont aérien formé par des bactéries, les chercheurs de l’université de Rutgers souhaitent, à l'aide de drones, par exemple, prélever de l’air à différentes altitudes et partout dans le monde afin d’identifier les bactéries qui pourraient s’y trouver. © ki-kieh, Fotolia, CC0 Creative Commons

    Des ADN identiques à des milliers de kilomètres

    Et c'est en étudiant des bactéries de même espèceespèce, mais vivant dans des sources thermalessources thermales séparées par des milliers de kilomètres que les chercheurs ont été surpris. Ils s'attendaient notamment à observer des antécédents d'infections virales indépendantes.

    « Nous avons constaté qu'il y avait entre elles des morceaux d'ADNADN viral identiques et stockés dans le même ordre », note Konstantin Severinov, professeur en biologie moléculairebiologie moléculaire et biochimiebiochimie. L'explication que les chercheurs avancent est la suivante. Les bactéries voyageraient dans les airs et pourraient ainsi échanger leur ADN. Une idée qui pourrait notamment éclairer les études sur les bactéries partageant des gènes de résistance aux antibiotiques.

    Source : Le communiqué de l’université de Rutgers (en anglais) & L'article scientifique (en anglais)