Guillaume Néry : "Comment j'ai dansé en apnée avec les cachalots"

"One breath around the world", de et avec Guillaume Néry
"One breath around the world", de et avec Guillaume Néry
Guillaume Néry : comment j'ai dansé en apnée avec les cachalots
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Guillaume Néry : "Comment j'ai dansé en apnée avec les cachalots"

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vidéo | Guillaume Néry, quadruple recordman et double champion du monde d'apnée, réalise aussi des films sous l'eau. Une performance esthétique et physique dont il raconte les coulisses : ceux de la scène clé de son 8e film, dansée avec les cachalots.

Guillaume Néry, champion du monde d'apnée, fait aussi des films sous l'eau, en plongée, dans une esthétique qui n'a rien à voir avec le film documentaire sous-marin. Il raconte les coulisses de la scène clé de son dernier film en date : "One breath around the world", quand il danse dans l'océan avec les cachalots.

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57 min

"Ce que je veux raconter, c’est une odyssée, c’est-à-dire arriver à replacer l’humain comme faisant partie du monde aquatique. La scène centrale, celle qui a motivé tout le voyage, c’est la scène que j’appelle « la scène des monolithes », ce sont les cachalots qui se mettent en chandelle. C’est une position pendant laquelle ils sont en train de dormir, de se reposer. Je pense que je l’ai rêvée plusieurs fois parce qu’elle est à mi-chemin entre l’aquatique et le spatial. Et je voulais absolument avoir ce moment où je disparais derrière un monolithe et je réapparais comme si j’étais sur une autre planète, et je n’ai pas arrêté de penser profondément et d’espérer cette collaboration de la nature, parce que c’est une collaboration.

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Il faut avoir de la patience et de la chance et puis le dernier jour, je me rappelle être sur le bateau on se rendait sur le site, et quand on a vu le groupe de cachalots qui avaient l’air assez calmes, j’ai dit à toute l’équipe "laissez-moi je veux y aller tout seul". Donc je suis allée dans l’eau ils étaient tous là en groupe. Ils ne dormaient pas à ce moment-là. Ils étaient en train de se frotter c’était un moment social, puis à un moment donné j’ai senti qu’il se passait un truc. Ils se mettaient en position et puis voilà c’est maintenant. On a eu une séquence, un plan très doux où moi je passe comme un voyageur, et je veux passer derrière le monolithe pour créer ce relief. Un cachalot c’est impressionnant c’est très massif, et de les voir flotter dans cette position totalement statique sans aucun mouvement. Il y a beaucoup de sérénité leurs yeux sont fermés. Je n’étais plus là je n’étais plus sur cette planète. C’est tellement surréaliste que moi-même dans mon expérience. Je ne savais plus si j’étais dans l’eau ou si j’étais dans l’espace. 

Tout de suite je me suis vu dans le film « Premier contact », de Denis Villeneuve, où il y a ces monolithes qui débarquent et ça faisait partie de mes références. La musique et le son parfois c’est aussi important que l’image et cet univers musical qui est à la fois aquatique et spatial va permettre d’amener encore plus le spectateur dans ce double univers. 

Le cachalot par sa morphologie très étrange est à mi-chemin entre le sous-marin le vaisseau spatial et le mammifère marin. Je trouve qu’il incarne parfaitement cette espèce de créature qui est le fruit de millions d’années d’adaptation. C’est la perfection de l’adaptation dans la grande profondeur. 

On vient tous de l’eau la vie est née dans l’eau. On est tous des humains aquatiques et on l’a oublié avec l’évolution et on essaye, nous, de recréer ce lien. Ce qu’on essaye de faire c’est d’arriver à replacer l’humain comme faisant partie du monde aquatique, le fait d’adopter des attitudes humaines je pense que le spectateur s’identifie beaucoup plus. Un plongeur on peut dire c’est un plongeur moi je n’aime pas la plongée. Là, n’importe quel danseur va regarder AMA et va se sentir touché et du coup tout de suite connecté avec l’eau. 

La marche, c’est ce qu’il y a d’universel et plonger ces attitudes-là dans l’eau c’est recréer un lien avec ce milieu originel quand on perçoit l’eau on est dans une esthétique de plongée et quand on essaye d’oublier l’eau c’est ce qu’on essaye de faire dans nos différents films parce qu’on peut marcher, courir, grimper, sauter, voler, danser. On arrive à inscrire une action humaine ; on est dans l’humain et donc il y a un rapport terrien, aérien qui est très présent, et l’eau est juste là pour nous libérer de l’apesanteur, et elle est là pour amener de la grâce de la légèreté dans le mouvement."