Simone Weil
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Simone Weil est une philosophe française née à Paris le 3 février 1909 et morte à Ashford en Angleterre le 24 août 1943. Sa famille est d'origine juive alsacienne du côté paternel, installée à Paris depuis plusieurs générations. Sa mère, Salomea Reinherz, est née en Russie et fut élevée en Belgique. Son père, Bernard Weil, était chirurgien-militaire. Son frère, né en 1906, est le mathématicien André Weil.
Simone Weil est une enfant à la santé fragile avec un caractère empreint d’une compassion très développée. Elle ne reçoit aucune éducation religieuse de sa famille, elle est élevée dans un agnosticisme complet. Elle effectue de brillantes études de philosophie qui débutent en 1925, quand elle entre en hypokhâgne au lycée Henri-IV, où elle passe trois ans. Elle a pour professeur de philosophie Alain, qui demeurera son maître. En 1928, elle entre à l’École Normale Supérieure, à 19 ans. Son mémoire de Diplôme d'études supérieures en 1930 porte sur "Science et Perception dans Descartes". Elle est reçue septième à l'agrégation de philosophie en 1931, à 22 ans, et commence une carrière de professeur au lycée du Puy-en-Velay, avant d'autres postes dans divers lycées de province.
Portée par une compassion peu commune pour les exploités, elle se tourne vers l'engagement politique d'extrême-gauche. Ainsi au cours de l'hiver 1932-1933, au Puy-en-Velay, elle est solidaire des syndicats ouvriers, elle se joint au mouvement de grève contre le chômage et les baisses de salaire. Décidée à vivre avec cinq francs par jour, comme les chômeurs du Puy, elle sacrifie tout le reste de ses émoluments de professeur à la Caisse de Solidarité des mineurs. Elle écrit dans les revues syndicalistes révolutionnaires L’École émancipée et La Révolution prolétarienne de Pierre Monatte. Suivant avec beaucoup d’attention l’évolution de l’expérience communiste en Union soviétique, elle est cependant hostile au régime instauré par Staline.
En 1934, elle suspend sa carrière d'enseignante, pour travailler volontairement comme ouvrière à la chaîne, afin de connaître la condition des plus humbles. Plusieurs expériences d'ordre mystique l'amèneront à se tourner vers le christianisme. Dans son engagement spirituel, elle place le souci de l'autre toujours au premier plan. En 1935, sa mauvaise santé l'empêche de poursuivre le travail en usine. Elle reprend son métier de professeur de philosophie au lycée de Bourges. En 1936, elle décide de participer aux grèves et milite pour un pacifisme intransigeant. En août 1936, elle décide de prendre part à la guerre d’Espagne où elle restera un mois et demi au sein de la colonne Durruti des combattants anarchistes. Elle portera un regard critique sur la violence aveugle et les exécutions arbitraires.
Après avoir connue la condition ouvrière et la guerre d'Espagne, Simone Weil écrit : **"Le malheur des autres est entré dans ma chair et dans mon âme". **
Simone Weil se rapproche dès 1935 du christianisme grâce à trois rencontres déterminantes avec la foi catholique : au Portugal, en Italie (à Assise) et enfin à Solesmes en France. Le 13 juin 1940, elle quitte Paris et se réfugie, avec sa famille, à Marseille où elle participe à des actions de résistance.
En juin 1941, le père Perrin demande à Gustave Thibon de l’accueillir dans sa ferme en Ardèche : "Elle est exclue de l'université par les nouvelles lois et désirerait travailler quelque temps à la campagne comme fille de ferme". Une profonde amitié naîtra entre les deux philosophes.
Le 16 mai 1942, elle s'embarque avec ses parents pour les États-Unis. Cependant, refusant ce confort, elle revient en Europe, en Grande-Bretagne, fin novembre 1942. Elle y travaille comme rédactrice dans les services de la France libre. Tuberculeuse, Simone Weil mourra quelques mois plus tard au sanatorium d'Ashford.
Se serait-elle laissée mourir ? Selon Maurice Schumann, elle souffrait de n'avoir pas été autorisée par Londres à rejoindre la Résistance intérieure, et de n'avoir pu, dans ce cas, accorder son action à sa pensée. Toujours selon Maurice Schumann, qui fut comme elle un élève du philosophe Alain :
Simone Weil n'a jamais accepté le moindre écart entre la pensée et l'action.