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"T'es pas chez toi ici" : le racisme ordinaire des supporters italiens

Supporters d'Hellas Vérone en septembre 2019.
Supporters d'Hellas Vérone en septembre 2019. © Massimiliano Ferraro / NurPhoto / AFP
Léa Bitton , Mis à jour le

Le 19 janvier dernier, un Français a été malmené pour sa couleur de peau par des supporters italiens au stade Renato-Dall'Ara, à Bologne.

Ils sont partis en voyage à Bologne pour fêter l’anniversaire de l’un d’entre eux, mais le séjour ne s’est pas déroulé comme prévu. Dimanche 19 janvier, une bande de jeunes hommes assiste au match de Série A entre Bologne FC et Hellas Vérone, dans la tribune visiteurs du stade Renato-Dall'Ara. À leur arrivée, ils sont dévisagés sans trop savoir pourquoi. Ce n’est que plus tard qu’ils en comprendront les raisons. 

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À quelques minutes de la mi-temps, Nicolas et ses amis se rendent à la buvette de la tribune afin d’éviter la foule et les interminables queues pour s’acheter une collation. C’est alors qu’un supporter d’Hellas Vérone s’en prend au jeune homme de 31 ans pour sa couleur de peau. «T’es pas chez toi ici, dégage». C’est la seule insulte que les Français réussiront à traduire de supporters agressifs de plus en plus nombreux.

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Le club se "dissocie de ce comportement de crétins"

«Il n’y a pas de doute, ils l’ont pris à partie parce qu’il était noir. À nous, ils ne nous ont rien dit», raconte Sébastien, un ami de Nicolas. Choqués par ce qu’il venait de se passer, les jeunes hommes s’adressent aux stewards qui leur proposent de changer de tribune. «J’avais peur pour notre intégrité physique. Ça pouvait vraiment mal tourner», confie Nicolas. Ils quittent finalement le stade avant la reprise du match.

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Décidés à ne pas laisser ces faits impunis, les jeunes Français contactent, quelques jours plus tard, le Bologne FC. Dans leur réponse, le club se dédouane complètement de ce qu’il se déroule dans les tribunes visiteurs et déclare «qu’il fallait être plus vigilant» en achetant ces places. Le club se «dissocie de ce comportement de crétins» et ajoute que «le public de Bologne n’a jamais manifesté de comportements similaires à ceux rapportés». Pourtant, en janvier 2019, Moise Kean, alors qu’il est encore attaquant à la Juventus de Turin, avait été victime de cris racistes de la part d’une partie des supporters bolonais.

La ville de Vérone "n’a rien à voir avec Berlin en 1938"

Mais ce n’est pas l’unique club italien à faire couler beaucoup d’encre. En novembre dernier, le joueur du Brescia Calcio, Mario Balotelli , avait été victime de cris de singe lors du match face à Vérone. Luca Castellini, fervent supporter du club, avait déclaré que le footballeur noir n’était «pas vraiment Italien». À la suite de cette déclaration, celui qui affirme «ne pas être le chef des Ultras», a été interdit de stade jusqu’en juin 2030.

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Très actif au sein du parti néofasciste Forza Nuova, Luca Castellini a déclaré à Paris Match «ne pas avoir entendu parler de cet incident» : «Il est vrai que les supporters de Vérone accordent une place plus importante aux origines de chacun, comparé aux autres supporters italiens. Cela s’explique par notre histoire». Pour lui, la situation actuelle dans la ville de Vérone «n’a rien à voir avec Berlin en 1938».

De 2007 à 2017, Flavio Tosi, alors membre de la Ligue du Nord, était maire de la ville. En mars 2015, il avait été exclu du parti par Matteo Salvini pour des raisons politiques.

Après sollicitation de notre part, le club vénitien n’a pas souhaité réagir.

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