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Mauritanie: le statut de la langue française au Parlement fait débat

Le Parlement mauritanien a récemment mis en application une modification du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, adoptée en juillet dernier. La traduction du français, n’est désormais plus assurée. Les députés francophones y voient une marginalisation de cette langue. L’Assemblée nationale elle, évoque « un impératif technique ».

Des deputés mauritaniens lors d'une session au Parlement. (Image d'illustration)
Des deputés mauritaniens lors d'une session au Parlement. (Image d'illustration) Mohamed Ould Elhadj / AFP
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RFI avait écrit par erreur que le Parlement mauritanien interdisait l’utilisation du français au sein de l’hémicycle. L’Assemblée nationale mauritanienne a publié ce mercredi un communiqué démentant cette information. Cet article est donc une version modifiée.

« Le français n’a jamais fait l’objet d’une quelconque interdiction et certains députés continuent à en faire usage, pas plus tard que lors de la dernière plénière ». Dans un communiqué publié sur son site internet mercredi, l’Assemblée nationale mauritanienne met les points sur les i.

En juillet, le règlement intérieur de l’Assemblée nationale a été modifié. L’article 61 change les modalités d’interprétariat des langues lors des débats parlementaires. « Sur demande de certains députés et en conformité avec les exigences de notre règlement intérieur, le service d’interprétariat ne peut plus assurer la traduction au-delà de quatre langues : les trois langues nationales (pulaar, soninké et wolof, ndlr) et la langue officielle, en l’occurrence, l’arabe », poursuit le communiqué.

Communautarisme

Une décision mal perçue, notamment chez les députés négro-africains qui ne parlent pas l’arabe. D’autant plus que lors de la dernière session parlementaire, le président de l’Assemblée nationale, Cheick ould Baya, n’a pas caché sa position à l’égard de la langue française : « Si vous parlez aux Mauritaniens, vous avez quatre langues d’expression qui sont prévues dans l’Assemblée. Un discours en français n’a plus de sens dans l’Assemblée ici. »

Ladji Traoré, un parlementaire de l’Alliance populaire progressiste, désapprouve l’absence du français. « La langue de travail, que ce soit dans le domaine privé ou public en Mauritanie, reste le français, dit-il. C’est la langue de communication avec les pays périphériques, avec le monde extérieur. Par conséquent, on ne peut pas dire aux députés : "Exprimez-vous dans votre wolof, pulaar ou soninké". En réalité, c’est pour faire en sorte que nous ne soyons compris que par nos communautés. C’est du communautarisme, pas de la politique. »

Dans son communiqué, l’Assemblée nationale justifie quant à elle la fin de l’interprétariat en français par « un impératif d’ordre purement technique » et rappelle que l’introduction des langues nationales dans l’hémicycle a toujours été une requête des députés eux-mêmes.

Entre 1992 et 2005, le Sénat était présidé par un Négro-Mauritanien, Dieng Boubou Farba. Ne parlant pas arabe, il faisait ses discours en français et cela n’a jamais posé problème, rappelle un ancien sénateur.

« Le français reste encore une langue de communication, déclare Ibrahima Moctar Sarr, ancien député, actuellement président du parti l'AJD-MR (Alliance pour la justice et la démocratie - mouvement pour la rénovation). L’Assemblée nationale ne peut pas décider comme ça de l’empêcher. Si un député veut s’exprimer en langue française, il doit pouvoir le faire. Parce qu’il n’est pas dit qu’il peut parler de certaines questions techniques dans sa propre langue ».

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