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Cancer

INTERACTIF. L'incidence des cancers en France par régions

L'Agence Santé Publique France publie la première cartographie de l'incidence et de la mortalité de 24 cancers en France par régions et départements. Nous l'avons représentée de façon interactive.

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Y a-t-il plus de cancers du foie en Bretagne qu'ailleurs en France ? Les cancers du sein ou des testicules sont-ils autant présents en France métropolitaine qu'en Outre-Mer ? Pour répondre à ces questions et bien d'autres, le réseau français des registres des cancers (réseau Francim), les Hospices Civils de Lyon, l’Institut national du cancer (Inca) et l'agence Santé publique France publient pour la première fois une cartographie des estimations d’incidence et de mortalité à une échelle régionale et départementale pour 24 cancers en France.

Si notre infographie interactive ne s'affiche pas (PC ou tablette uniquement), retrouvez là en cliquant sur le lien.

Adapter l'offre de soins aux besoins de santé régionaux et départementaux

Des résultats de ce type avaient été publiés en 2015, qui ont été mis à jour dans ces nouvelles données. En revanche, c'est la première fois que des estimations régionales et départementales d’incidence sont disponibles pour les cancers de l’estomac, du foie, du pancréas, du rein, du système nerveux central, du lymphome de Hodgkin et pour l’entité "tous cancers". Cette nouvelle production d’indicateurs permet de décrire les variations d’incidence et de mortalité par cancer dans les 13 régions métropolitaines et 3 régions Outre-Mer (Guadeloupe, en Guyane et en Martinique) sur la période 2007-2016.

Avec cette cartographie d'incidence régionale, les autorités espèrent répondre aux besoins des Agences régionales de santé (ARS) en matière de données de surveillance épidémiologique des cancers. Elles pourront ainsi disposer "d’informations opérationnelles adaptées à leur propre région pour leur permettre de dégager des orientations de santé publique à l’échelle de leurs territoires (préventions, dépistages ou offre de soins)", explique Santé Publique France dans un communiqué. "Ces données seront très utiles pour les hôpitaux et cliniciens qui doivent adapter l’offre de soins aux besoins de santé".

Alcool, tabac et disparité des situations socio-économiques frappent différentes régions

Visualisez directement les taux d'incidence de cancer sur la carte de France. Crédits : Sciences et Avenir

  • ÎLE-DE-FRANCE. On peut noter que Paris est le département de France métropolitaine avec la plus forte incidence de cancer du sein : +15 % par rapport à la moyenne nationale. Selon les auteurs de la cartographie, cela serait lié à un meilleur accès aux soins et au dépistage dans la capitale, ainsi qu’aux caractéristiques socio-professionnelles de ses habitantes favorisant la survenue de cancer du sein, comme le report de l’âge au premier enfant à 33 ans contre 30 ailleurs en France.

 

  • HAUTS DE FRANCE. Côté Hauts de France, Santé Publique France observe une sur-incidence et une sur-mortalité par cancers de l’œsophage, de la lèvre-bouche-pharynx, du côlon-rectum, du foie et de la vessie dans les deux sexes, de la prostate et du poumon, chez l’homme, et du sein chez la femme. "Une partie importante des cancers en sur-incidence dans les Hauts-de-France présente certains facteurs de risque en lien avec le mode de vie comme les consommations de tabac, d’alcool et la surcharge pondérale", commentent les auteurs.

 

  • BRETAGNE. En Bretagne, la situation est comparable à celle des Hauts de France, avec une sur-incidence importante des cancers des lèvres-bouche-pharynx et du testicule pour l'homme et de l'œsophage et de l'estomac pour la femme par rapport à la France métropolitaine, liés à la consommation combinée d’alcool et de tabac. En revanche les bretons déclarent moins de cancers de la vessie, du rein, du pancréas, de la thyroïde et le lymphome de Hodgkin.

 

  • PAYS DE LA LOIRE. Trop d'alcool aussi en Pays de la Loire, où les hommes déclarent plus de cancers liés à cette sur-consommation par rapport à la moyenne nationale : lèvre-bouche-pharynx, œsophage, foie.

 

  • NORMANDIE. En Normandie, l'incidence de cancers ne diffère pas de la moyenne nationale pour les deux sexes. En revanche, la mortalité est plus importante chez l’homme (+9 %) et chez la femme (+4 %). Pour Santé Publique France, ce paradoxe serait dû à une moindre participation de la population aux dépistages organisés, à un diagnostic trop tardif ou à une mauvaise situation socio-économique de la population, principalement dans l'est de la région.

 

  • CORSE. Sur l'île de beauté, c'est le tabac qui est pointé du doigt par Santé Publique France. En effet, sur l'île le tabac est toujours 25% moins cher en raison d'une fiscalité réduite.  Ainsi, 2 des cancers ayant une incidence plus importante en Corse que la moyenne de la France métropolitaine, ont le tabac comme facteur de risque : estomac (+15 % chez les hommes) et poumon (+9 % chez les hommes, +36% chez les femmes). Les autres cancers avec une incidence plus importante que la moyenne : sein et prostate.

 

  • GRAND EST. Si dans le Grand Est l'incidence de tous les cancers confondus est similaire à la moyenne française, c'est avec une grande disparité entre les départements, selon leurs habitudes alimentaires ou consommation de tabac ou d'alcool, supposent les auteurs. Cependant, certains cancers sont au-dessus de la moyenne nationale (estomac, vessie, poumon, colorectal chez l'homme, corps utérin, rein chez la femme, testicule). D'autres sont en revanche en sous-incidence, comme le cancer de la thyroïde.

 

  • AUVERGNE-RHÔNE-ALPES. La situation en Auvergne-Rhône-Alpes est "globalement favorable", avec une incidence de tous les cancers confondus comparable à la moyenne nationale chez les hommes (sous-incidence de 2 %) et chez les femmes (sous-incidence de 1 %). De plus, la mortalité pour les deux sexes est plus faible de 4 % qu'en moyenne en France métropolitaine. "La région se positionne ainsi parmi les régions métropolitaines ayant le plus faible niveau de mortalité par cancer chez la femme sur la période 2007-2014", consignent les auteurs.

 

  • BOURGOGNE-FRANCHE-COMTE. En Bourgogne-Franche-Comté, l'incidence et la mortalité par cancer est comparable à la France métropolitaine, "avec néanmoins une faible sous-incidence chez la femme de -3 %". Une sous-incidence chez la femme qui s’observe dans tous les départements et pour les cancers les plus fréquents, principalement le sein (-7 %), mais aussi le poumon (-5 %), côlon-rectum (-2 %), la thyroïde (-15 %) et l’œsophage (-11 %).

 

  • OUTRE-MER. En Guyane, Martinique et Guadeloupe, la situation est globalement plus favorable qu'en France métropolitaine sur tous les cancers confondus. Leur incidence est moindre de 21% (femmes) à 24% (hommes) en Guyane, de 47% (femmes) à 13% (hommes) en Guadeloupe, et de 34% (femmes) à 15% (hommes) en Martinique. Seuls les cancers de l'estomac, de la prostate, du col de l'utérus et les myélomes multiples y échappent et montrent une sur-incidence.

 

  • AUTRES. D'autres régions, comme la Nouvelle Aquitaine, Provence-Alpes-Côte d'Azur, l'Occitanie, le Centre-Val de Loire suivent à peu près la moyenne nationale.

Seulement 20% du territoire couvert, le reste estimé via des recoupements de données

La création des premiers registres des cancers remonte aux années 1970. Ils sont nationaux pour les cancers des enfants et adolescents, mais pour les adultes, la plupart sont départementaux. En France métropolitaine, leur couverture est d’environ 20% de la population, et d'autres existent en Outre-Mer. Pour les territoires non couverts par les registres, l’incidence doit donc être estimée en recoupant les données des registres avec d’autres sources telles que les données médico-administratives issues des affections longue durée (ALD) et du programme national de médicalisation des systèmes d’information en santé (PMSI).

En Europe, l'Espagne et l'Italie ont une couverture similaire à celle de la France. En revanche, les pays scandinaves ont une couverture complète depuis les années 1970, et de nombreux autres comme l'Allemagne, la Pologne ou le Royaume-Uni font de même depuis 2017, d'après les données de l'European Network Cancer Registry (ENCR).


Crédits : European Network Cancer Registry (ENCR)

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