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Un siècle de tués sur la route

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Les statistiques d’accidentologie routière ont beaucoup évolué depuis les débuts de l’automobile. Nous les avons agrégées sur 95 ans pour aboutir à quasiment 700 000 tués sur la route.
par Julien Guillot
publié le 5 février 2020 à 6h40

Avec 3 239 morts sur les routes françaises, l’année 2019 a été la moins meurtrière depuis très longtemps. Depuis quand exactement ? Impossible à dire de manière irréfutable, mais a priori depuis presque un siècle. En 1926, ce sont 2 900 personnes qui périssent sur la route en France, chiffre qui monte à 3 285 dès l’année suivante. Il faut prendre ce décompte avec des pincettes car les méthodes d’évaluation ont évolué.

Selon l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), les premières séries annuelles sont reconstituées à partir de l'année 1924, en se fondant sur des données de la police et de la gendarmerie. L'unification des statistiques démarre en 1937 avec le premier «bulletin d'analyse d'accident corporel» (BAAC). Série qui s'arrête net avec la Deuxième Guerre mondiale. Les bilans détaillés reprendront de manière annuelle en 1954.

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Le nombre de tués le plus élevé atteint 16 545 en 1972. Néanmoins, le mode de comptage des tués a été modifié en 2005 et les données ont été recalculées avec un coefficient majorateur. En effet, auparavant, on comptait les tués jusqu’à six jours après l’accident, durée portée à trente jours depuis 2005.

Limitation à 80 km/h

L'année record pour le nombre de tués reste donc 1972, mais le chiffre réel dépasserait les 18 000. Soit l'équivalent de la totalité de la population d'une ville comme le Puy-en-Velay (Haute-Loire) décimée en un an. Au début des années 70, c'est le début des politiques de sécurité routière et, parallèlement, le début de la baisse du nombre de tués chaque année. Depuis 2013, on pensait avoir atteint un plancher mais les chiffres sont repartis à la baisse en 2017, 2018 et 2019.

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2019 restera la seule année complète où la limitation à 80 km/h sur les routes hors agglomération sans séparation centrale aura été appliquée sur tout le territoire. D'après l'ONISR, cette mesure a eu un effet bénéfique sur la mortalité sur les routes concernées en comparant la période juillet 2018-décembre 2019 à la moyenne 2013-2017. En effet, sur autoroutes le nombre a stagné (-2 tués), en agglomération, il a légèrement augmenté (+44 tués), alors que sur le reste du réseau la baisse a été importante (-211 tués).

Cette mesure et la plupart des politiques de sécurité routière reposent sur la responsabilité individuelle, comme l’expliquait à Libération le sociologue Matthieu Grossetête. Elle ne remet pas en cause la «fabrique sociale des accidents» dans laquelle on peut impliquer les constructeurs de voitures, les producteurs d’alcool, les assureurs ou encore l’Etat et sa politique d’aménagement du territoire.

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