États-Unis : des femmes blanches paient 2 500 dollars pour ne plus être racistes

VIDÉO. De plus en plus de femmes blanches et éduquées payent pour se faire expliquer, à table, pourquoi elles sont en réalité racistes, selon « The Guardian ».

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Temps de lecture : 3 min

Aux États-Unis, la mode est au combat contre le racisme, sous toutes ses formes. Cela inclut notamment la nécessité de faire comprendre aux femmes blanches, qui se qualifient de progressistes et qui se revendiquent démocrates, à quel point elles aussi ont en réalité un problème avec les gens de couleur, sans toutefois s'en rendre compte. Pour leur faire prendre conscience de ce racisme latent, des dîners d'un nouveau genre sont organisés, rapporte The Guardian.

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Le concept de Race for Dinner : une femme blanche se porte volontaire pour organiser un repas auquel sept autres femmes de couleur blanche sont invitées dans le but de discuter des problèmes raciaux aux États-Unis, et ce, sous la direction des deux fondatrices du projet, Regina Jackson, une Afro-Américaine, et Saira Rao, qui s'identifie comme une Indo-Américaine. Le repas coûte 2 500 dollars et les femmes s'y retrouvant ne se connaissent pas, la plupart du temps. Plutôt à gauche de l'échiquier politique américain et bien éduquées, elles sont pleines de bonnes intentions et font en général partie d'une catégorie de population dite « ouverte » sur les questions raciales, et participent à Race for Dinner pour mieux accepter leur racisme soi-disant inconscient.

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« Si nous organisions ce genre d'événement dans une salle de conférences, ces femmes quitteraient la pièce » dès le début de la conversation, estime la cofondatrice Saira Rao auprès du quotidien britannique. « Mais on a toujours appris à ces femmes blanches et aisées que l'on ne quitte jamais un dîner en plein repas. » Selon les deux organisatrices de Race for Dinner, ces femmes progressistes sont les plus à même de reconnaître un certain racisme sous-jacent dans leur comportement, mais aussi les plus à même de faire évoluer leur comportement. En clair, ces dîners ne sont pas pour les 53 % de femmes blanches qui ont voté pour Donald Trump lors de l'élection présidentielle de 2016, souligne le Guardian, et encore moins pour les hommes blancs.

Ne plus faire partie du problème raciste

De par leur proximité avec les cercles de pouvoir et d'argent, selon Regina Jackson, elles peuvent toutefois influencer leur entourage : « Si elles ne sont pas elles-mêmes des femmes de pouvoir, leurs partenaires, amis ou membres de leurs familles le sont en général. » D'où l'intérêt de ces dîners qui, visiblement, séduisent ces femmes blanches et aisées. Depuis 2019, les deux fondatrices du projet ont organisé pas moins de 15 repas dans de grandes villes américaines et elles sont de plus en plus sollicitées. Les participantes viennent parce qu'elles « savent qu'elles font partie du problème et qu'elles veulent faire partie de la solution », comme l'explique l'une d'entre elles au quotidien britannique avant un de ces dîners.

Le but est d'avoir des discussions franches sur la question raciale, et de reconnaître lorsque son comportement n'a pas été exemplaire. Ainsi, une des participantes dit regretter de ne pas avoir ouvert la bouche lorsque quelqu'un l'a félicitée, de façon condescendante, d'avoir adopté deux enfants noirs. « Avec ce que j'ai traversé pour devenir mère, le fait qu'ils soient noirs n'avait pas d'importance », dit-elle. Une phrase qui provoque immédiatement une réaction de la cofondatrice Saira Rao : « Donc tu reconnais qu'adopter un enfant noir, c'est descendre bien bas, en fait ? », laissant la mère de famille admettre que dans sa phrase semblait bien se cacher un petit relent raciste…

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Mais ces dîners connaissent aussi certaines critiques. Du moins, leurs organisatrices. Ainsi, Saira Rao, qui reconnaît ne pas prendre de gants dès qu'il s'agit de parler racisme, a été décrite par plusieurs anciennes participantes comme étant souvent agressive, provocante et pas toujours bien intentionnée, lors des premiers dîners. Certaines ont évoqué une personnalité assez « dogmatique », clivante, qui présente une version un peu déformée de l'histoire, si les faits ne servent pas son discours. Mais la plupart des participantes reconnaissent aussi que, malgré ces critiques, les dîners auxquels elles ont participé leur ont permis de faire évoluer, dans une certaine mesure, leur mentalité et leur comportement.

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Commentaires (41)

  • Yuropp

    Et comment justifier une démarche aussi ostensiblement sexiste ?

    Pour aller plus loin dans la démarche :
    Est-ce réservé aux femmes "de naissance" ? Ou bien peut-on claquer ses 2. 5 "grands" après beaucoup d'hormones et une opération ? Ou une séance de psy, il paraît que ça suffit pour changer de toilettes et de vestiaire ?
    Est-ce interdit aux "etc. " qui refusent de se voir attribuer un sexe / genre / autre ?

    Sans compter que le racisme est loin d'en être exempt… Si une femme dont le teint tire un peu trop sur le "jaune" ou le "rouge" se présente, sera-t-elle refoulée ?
    Sachant que les racistes sont toujours aussi fâchés avec le diagramme colorimétrique international, ce qui ne simplifie pas l'analyse…

  • Alice Antheaume

    Le fait qu'un hebdo important comme vous, qui se veut non de gauche, puisse publier un article aussi favorable aux thèses extrémistes indigénistes qui voient du racisme et du biais inconscient partout, qui fabriquent le racisme qu'elles prétendent combattre, qui divisent notre société et créent un monde du tous contre tous, montre à quel point par l'intimidation, l'idéologie dominante s'impose partout. C'est triste. Quand on lit cela dans Le Point, on se dit qu'effectivement seul un tout petit type de média, le "dark web", qui n'a rien de dark, résiste encore et défend encore la décence commune. Mais bientôt, toute opinion comme celle que je viens d'écrire sera interdite car considérée comme un "discours de haine", alors que le seul discours de haine, ici, c'est celui de ces militantes prétendument antiracistes.

  • MAHAKHALA

    DE LA C... RIE