Par SudOuest.fr avec AFP
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Au lendemain de la prise de parole des champions français pour "briser le silence", la plainte contre la fédération de motocyclisme d'une ancienne pilote de motocross - l'agresseur a été condamné au pénal - pourrait être le début d'un #Metoo dans le sport.

Mardi, en prolongement de l'affaire d'abus sexuels qui secoue le patinage français, 54 athlètes olympiques et champions français publiaient une tribune dans le Parisien , encourageant la prise de parole pour "briser le silence" dans le monde du sport. Mercredi, on a appris auprès de son avocat qu'une ancienne pilote de motocross, victime d'agression sexuelle de la part de son entraîneur condamné au pénal, a saisi le tribunal administratif pour dénoncer le "silence coupable" de la Fédération française de motocyclisme (FFM).

L'entraîneur Michel Mérel, fondateur du centre de motocross "Off Road" en Loire-Atlantique, labellisé pôle d'excellence jusqu'en 2017 par le ministère des Sports, a été condamné en appel fin 2018 à huit ans de prison ferme par la cour d'assises des Côtes-d'Armor pour viols sur une élève mineure, Mélissa, et agressions sexuelles sur une autre élève, Marie. En première instance en 2015 la cour d'assises de Loire-Atlantique l'avait condamné à quatre ans de prison avec sursis pour agression sexuelle, mais l'avait acquitté des faits de viols.

Récidive

"Les auditions réalisées en 2012 lors de l'enquête pénale ont montré que les représentants de la FFM avaient été informés de témoignages de jeunes filles se disant victimes d'agressions sexuelles mais ils avaient expliqué aux enquêteurs n'avoir jamais rien fait car aucune décision de justice n'avait été rendue", a indiqué Me Benjamin Ingelaere, avocat de l'ancienne pilote, Marie, aujourd'hui âgée de 25 ans, confirmant une information de Mediapart. Une inaction "qui a eu comme conséquence que les faits se sont répétés sur ma cliente ", a-t-il ajouté.

Les faits d'agressions sexuelles concernant Marie ont été commis entre 2009 et 2011, lorsqu'elle avait entre 14 et 16 ans. Une requête en indemnisation du préjudice a été déposée contre la Fédération le 21 novembre 2019 auprès du tribunal administratif de Cergy-Pontoise pour avoir "couvert ces agissements" et n'avoir pris "aucune mesure pour les faire cesser". L'ancienne pilote réclame que la faute de la FFM soit reconnue, et sa responsabilité engagée.

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Contactée, la FFM indique avoir voulu "respecter la présomption d'innocence". "La Fédération n'est responsable d'aucune faute. Quand Mélissa nous a informés de son souhait de porter plainte en 2011, nous l'avons incitée à le faire", a indiqué Vincent Chaumet-Riffaud, directeur général adjoint de la FFM. "M. Mérel n'était ni un salarié, ni un cadre d'État mis à la disposition de la fédération, ni un prestataire, ni un élu. Il avait un centre d'entraînement affilié à la Fédération mais nous n'avions aucun pouvoir de police sur lui", a-t-il ajouté, précisant qu'"en 2015, ni la justice ni l'administration n'ont jugé utile de lui interdire de continuer à enseigner lors de son premier procès, mais seulement de recevoir des jeunes filles mineures dans le cadre de son activité".