Élu par les fascistes”, titre Die Tageszeitung ce jeudi 6 février. La veille, l’élection du député libéral Thomas Kemmerich (FDP) comme ministre-président du Land de Thuringe, dans l’est du pays, avec les voix des chrétiens-démocrates (CDU) et d’Alternative pour l’Allemagne (AfD), a déclenché un séisme politique dans tout le pays.

À la une : la “poignée de main de la honte” (comme titrent de nombreux journaux, y compris le tabloïd Bild) entre Kemmerich et le leader régional de l’AfD, Björn Höcke, qui est aussi le chef du “Flügel”, l’aile la plus radicale du parti d’extrême droite. L’accession au pouvoir, “par la grâce de l’extrême droite”, d’un élu de centre droit ultraminoritaire sur les bancs de l’Assemblée régionale, dans le but de “faire barrage à la gauche” qui gouvernait le Land depuis cinq ans et s’apprêtait à reconduire sa coalition (Linke, sociaux-démocrates du SPD et écologistes), est “une atteinte à la démocratie” sans précédent depuis l’après-guerre, dénonce le quotidien berlinois de gauche, à l’instar de la plupart des journaux.

Des manifestations ont eu lieu hier à Erfurt et dans toutes les grandes villes du pays. Suite à cette “rupture de digue” inédite, “irresponsable” et “impardonnable”, une rencontre au sommet des dirigeants de la coalition au pouvoir à Berlin (CDU-CSU et SPD) est prévue samedi 8 février pour envisager les suites à donner à cette “onde de choc” généralisée.