A La Rochelle, une combinaison de surf fabriquée à base de coquilles d’huîtres

Fondée en Charente-Maritime, la marque de surfwear Soöruz innove pour remplacer les modèles en matières synthétiques issues du pétrole.

 La Rochelle (Charente-Maritime). Yann Dalibot, cofondateur de Soöruz, présente la combinaison avec Jorgann Couzinet, surfeur sponsorisé par la marque.
La Rochelle (Charente-Maritime). Yann Dalibot, cofondateur de Soöruz, présente la combinaison avec Jorgann Couzinet, surfeur sponsorisé par la marque. LP/Fabien Paillot

    « En termes de poids, d'épaisseur ou de chaleur rendue, on arrive aux mêmes caractéristiques que les combinaisons plus classiques », assure Yann Dalibot, cofondateur avec Matthieu Barat de la marque de surfwear Soöruz. Fondée en 1999 à La Rochelle (Charente-Maritime), la griffe, déjà présente dans 17 pays, s'apprête à commercialiser une innovation mondiale : une combinaison de surf à base de… coquilles d'huîtres.

    Riches en calcaire, ces dernières sont réduites en poudre et mélangées à hauteur de 30 % à des huiles végétales, du caoutchouc naturel, ainsi que de la canne à sucre. L'intérêt ? Remplacer les combinaisons synthétiques fabriquées à base de pétrole et de l'un de ses dérivés, le néoprène.

    Soöruz a planché deux années durant pour mettre au point cette première mondiale baptisée « Green Line ». « Les coquilles d'huîtres servent en fait de liant, un peu comme la farine dans le pain du boulanger », détaille Yann Dalibot. Ainsi, loin d'être un gadget, cette matière première au coût dérisoire compte autant dans « la recette » que l'hévéa dont est issu le caoutchouc.

    Une invention mise à disposition des concurrents

    Prix de cette combinaison écoresponsable : 279 euros au maximum pour un modèle intégral. Avec une telle innovation, Soöruz aurait pu miser sur le haut de gamme et ses marges confortables. « Mais nous visons le cœur du marché, le grand public », explique Matthieu Barat. La griffe rochelaise a même décidé de mettre son invention à disposition de ses concurrents ! « Les marques qui veulent utiliser ce process sont les bienvenues, confirme Yann Dalibot. Cela sera hypervalorisant pour une boîte comme la nôtre. Et cela donnera du volume et de l'importance à notre innovation. »

    « Cette combinaison est incroyable, estime Jorgann Couzinet, surfeur professionnel sponsorisé par Soöruz et de passage à La Rochelle pour servir de modèle à la prochaine collection. La marque recycle beaucoup, je trouve ça incroyable, ça me tient vraiment à cœur. » Le recyclage, c'est l'autre priorité de la griffe, qui collecte déjà les combinaisons usagées en néoprène pour leur trouver de nouveaux débouchés. « Nous avons acquis une machine pour les broyer, précise Yann Dalibot. Les possibilités sont nombreuses : isolation, mobilier… Nous pensons récupérer 20 000 combinaisons cette année. L'objectif est d'en collecter autant qu'on en produit en 2023. »

    Ce virage, Soöruz l'a véritablement amorcé en 2013, « à force de surfer dans du plastique… » Depuis, l'entreprise ne cesse de réfléchir à son cycle de production, de la création au recyclage en passant par le transport et l'emballage : « 5 % de nos produits étaient écoconçus à l'époque. Nous en sommes à 50 % et visons 70 % dès cette année », affirment ses fondateurs. Après les coquilles d'huîtres, d'autres idées sont actuellement à l'essai. Le modèle féminin est, lui, attendu pour le mois de septembre.

    Le Parisien, partenaire de la consultation « Comment agir ensemble dès maintenant pour l'environnement ? », initiée par Make.org, vous invite à voter sur les propositions formulées par des internautes dans le module ci-dessous. Vous serez informés des résultats en février.