Certaines colonies de manchots ont baissé de plus de 75% au cours des 50 dernières années

Découverte : les manchots de l antarctique

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Par V.G.

Au cours de ces cinquante dernières années, certaines colonies de manchots en Antarctique ont diminué de plus de 75%, en grande partie à cause du changement climatique, indiquent des scientifiques qui ont réalisé une expédition dans l’ouest de l’Antarctique. Ils ont ainsi découvert que les colonies de manchots à jugulaire y ont chuté de façon spectaculaire depuis leur dernière enquête réalisée dans les années 70.

"Les déclins que nous avons constatés sont définitivement dramatiques. Vont-ils continuer ? C’est la question. Y a-t-il suffisamment de krill, la population se stabilise-t-elle ?", s’interroge Steve Forrest, biologiste de conservation, qui a participé à la mission avec des chercheurs de Stony Brook et la Northeastern University de Boston. "Il y a beaucoup de manchots à jugulaire dans le monde et ils ne disparaîtront pas immédiatement dans les deux prochaines décennies. La question est donc plutôt de savoir ce que ces manchots nous disent sur l’impact du changement climatique dans cette partie de l’Antarctique, où l’océan se réchauffe de façon plus spectaculaire que partout ailleurs (5°C sur les 20 ou 30 dernières années)."

Pour réaliser cette étude, les scientifiques ont voyagé sur un navire de Greenpeace. Ils ont utilisé des techniques de comptage manuelles et des drones pour observer des zones méconnues comme l’île Low dans les îles Shetland du Sud.

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Moins d’abondance alimentaire

Selon lui, "il se passe quelque chose dans les éléments fondamentaux de la chaîne alimentaire". Les manchots, les phoques et les baleines dépendent effectivement tous du krill, qui lui dépend de la glace. Donc, selon eux, si le changement climatique affecte la glace, cela a un impact sur tout le reste. "Nous avons moins d’abondance alimentaire, ce qui fait baisser ces populations de plus en plus au fil du temps et la question est, est-ce que ça va continuer ?"

Sur l’île Elephant, un habitat important de la péninsule Antarctique, le nombre de manchots a chuté d’environ 60% depuis le dernier relevé en 1971, ont précisé les scientifiques. On y retrouve désormais moins de 53.000 couples nicheurs aujourd’hui contre 122.550 en 1971.

"Cette diminution du nombre de manchots est significative. L'écosystème de l'océan Austral s'est fondamentalement modifié durant ces 50 dernières années et cela a des conséquences négatives sur les réserves alimentaires dont ont notamment besoin les espèces comme les manchots à jugulaire. Bien que plusieurs facteurs puissent avoir un rôle à jouer, toutes les preuves dont nous disposons indiquent que le changement climatique est responsable des évolutions que nous constatons", explique Heather J. Lynch, professeur agrégé d'écologie et d'évolution à l'Université de Stony Brook.

Le changement de population varie évidemment d’une colonie à l’autre sur cette île. La plus forte baisse étant de 77% dans une colonie connue sous le nom de "Chinstrap Camp"Les chercheurs ont cependant signalé une augmentation des manchots papous dans les colonies voisines, au-delà de l’île Éléphant, ce qui est une bonne nouvelle.

Des militants Greenpeace ont symboliquement installé, cette semaine au Parlement fédéral, des sculptures de glace représentant des manchots en train de fondre, afin d'attirer l'attention des parlementaires sur l'urgence climatique. Cette action a été menée dans d'autres capitales à travers le monde, de Séoul à Londres, en passant par Buenos Aires et Cape Town, pour exiger "un traité mondial sur l'océan et une action urgente afin de protéger la faune océanique".

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