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Cinq verbes que l’on utilise toujours mal

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Quand faut-il préférer le verbe «apporter» à «amener» et «emmener»? Qu’en est-il du verbe «postuler»? Est-il transitif ou intransitif? Florilège de ces verbes qui posent toujours un problème à l’écrit comme à l’oral.

Savoir n’est pas connaître. Et réciproquement. Pourtant, à l’oral comme à l’écrit, les deux verbes sont très souvent confondus. Comme eux, nombre de mots glissent jusqu’à se déformer et prendre un sens abusif. La liste est longue. Mais heureusement pas infinie. Le Figaro vous propose de revenir sur cinq verbes qui, selon l’Académie française, sont régulièrement mal employés.

● Amener ou apporter?

- Tu les amènes avec toi?

- Oui, ne t’inquiète pas. Je les apporte en même temps que les enfants.

Banal au demeurant, ce court échange n’en demeure pas moins incorrect. En effet, et ainsi que le relève l’Académie française, «apporter» et «amener» ne sont pas interchangeables. «Le verbe apporter, expliquent les sages, ne peut avoir pour complément qu’un mot désignant un inanimé.» Par exemple: «On apporte des fruits, des fleurs, un paquet et, au figuré, on apporte de l’aide, un conseil, etc.»

Le verbe amener quant à lui est principalement suivi d’un complément désignant un animal ou une personne. Par exemple: «On amène un enfant, des amis, son chien.» L’Académie française précise que le verbe peut aussi prendre le sens de «conduire, transporter une chose en un lieu ou jusqu’à une personne». On peut alors le retrouver dans des phrases du type: «Ces marchandises seront amenées par bateau, L’eau est amenée par des conduites, Le matelot amène la voile.»

Précisons que la formule «apporter avec soi» constitue un pléonasme. Le verbe «apporter» signifiant déjà «porter avec soi». Il en ira de même pour la locution «emmener avec soi».

Bonus : quelle différence entendre entre «amener» et «emmener»? L’Office québécois de la langue française nous éclaire: «Contrairement au verbe «amener», le verbe emmener met l’accent sur le point de départ, sur le lieu que l’on quitte et dont on s’éloigne.» Comme «emporter», le verbe «emmener» nous éloigne de l’endroit d’où l’on parle. On dira plus volontiers: «Si tu quittes Paris, il m’emmènera avec lui!».

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● Finaliser?

Non content d’être un anglicisme, le verbe est souvent mal employé au quotidien. «Finaliser» est né du mot final «qui tend vers» auquel on a injecté le suffixe «-iser». Il est tout à fait correct de l’employer dans le domaine des sciences humaines, la philosophie et la théologie, indique l’Académie française. Il signifiera alors «assigner un but à quelque chose». Exemple: «Le bien politique est un bien digne en soi de finaliser l’action humaine», écrit Jacques Maritain dans son livre Humanisme intégral.

Hormis ces thématiques, note l’Académie française, le verbe «finaliser» est à proscrire. En effet, employer le verbe dans le sens de «conclure» ou «achever» constitue un abus de langage. Les phrases: «Il finalise son travail et nous rejoint», «il finalise un contrat avec un client» sont donc incorrectes. On préférera: «Il termine son travail et nous rejoint», «il conclut un contrat avec un client».

● Monter sur?

Est-ce parce que les temps sont à la conquête que l’on souhaite à tout prix marcher sur tout et n’importe quoi? Peut-être. Reste que les tournures de phrases «monter sur», «travailler sur», «habiter sur»... que l’on peut retrouver dans des phrases comme «je monte sur Paris ce soir», «je suis sur Marseille demain» sont abusives. Les sages sont catégoriques: «La préposition «sur» ne peut traduire qu’une idée de position, de supériorité, de domination, et ne doit en aucun cas être employée à la place de “à“ ou “de“ en pour introduire un complément de lieu désignant une région, une ville et, plus généralement, le lieu où l’on se rend, où l’on se trouve.»

Toutefois, la préposition peut donner lieu à une tournure correcte. La construction pourra «éventuellement se justifier avec un verbe de mouvement, du fait de sa connotation dynamique», précise l’Académie française. Exemple: «Je déménage sur Toulouse, Strasbourg, etc.» Cette dernière formule rappelant la phrase «je marche sur Rome», qui induit le projet d’investir ou du moins, de conquérir la ville.

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● Postuler (pour)?

En général, la question ne se pose pas. On dit, comme on écrit: «J’ai postulé à ce job.» Pourtant, l’erreur est bien là. L’Académie française rappelle son bon usage dans sa rubrique Dire/ Ne pas dire. Dans un premier temps, le verbe postuler se construit intransitivement quand il appartient à la langue du droit. Il signifie alors «s’occuper des actes nécessaires à l’instruction d’une affaire». On dit: «postuler devant une cour d’appel, devant un tribunal.»

Lorsque le verbe «postuler» est employé dans la langue courante et signifie «essayer d’obtenir un emploi, un état», il devient un verbe transitif direct. «On ne dira donc pas plus ‘‘postuler à’’ que ‘‘postuler pour’’», précisent les sages. La phrase correcte est donc «j’ai postulé un emploi de boulanger» et non «j’ai postulé pour un emploi de boulanger».

● Effectuer ou faire?

C’est ce que l’on nomme des mots fourre-tout. Des verbes qui peuvent dire tout et n’importe quoi. Le terme «faire» par exemple peut tout à la fois s’employer à la place de «construire», «dessiner», «créer», «agir», «établir»... Si ces glissements sont entendus, il n’en reste pas moins que ces déplacements de sens ne sont pas réciproques. C’est le cas notamment avec le verbe «effectuer», qui devient «à mauvais escient, un verbe universel», indique l’Académie française.

«Effectuer s’emploie pour parler d’une opération d’une certaine complexité ou qui peut présenter certaines difficultés: on effectue, par exemple, une manœuvre ou un calcul mathématique», notent les sages. En revanche, lorsqu’il s’agit d’actions ordinaires, il sera préférable d’employer le verbe «faire». Exemple: «j’ai fait un voyage», «nous avons fait des courses». Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple?

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24 commentaires
  • lechattigrou

    le

    Pour éviter le va-t-en, je dirai-" retourne chez ta mère "-.