Coronavirus : l'épidémie pourrait toucher 60 % de la population mondiale

VIDÉO. Un épidémiologiste cité par le « Guardian » estime que certains pays devraient adopter des mesures de confinement similaires à celles prises par la Chine.

Par

Temps de lecture : 4 min

Le bilan de l'épidémie du nouveau coronavirus a franchi mardi 11 février la barre symbolique des 1 000 morts. Pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le virus constitue une « très grave menace » pour le monde, a assuré mardi le directeur général de l'institution. « Avec 99 % des cas en Chine, cela reste une grande urgence pour ce pays, mais cela constitue aussi une très grave menace pour le reste du monde », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyes à l'ouverture à Genève d'une conférence de l'OMS sur la maladie. Une inquiétude partagée par le professeur Gabriel Leung, épidémiologiste hongkongais spécialiste du 2019-nCoV. Selon lui, le virus pourrait toucher près de 60 % de la population mondiale.

La newsletter santé

Tous les mardis à 9h30

Recevez notre sélection d’articles issue de notre rubrique Santé ainsi que les Palmarès des hôpitaux et cliniques, dossiers spéciaux, conseils et astuces…

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Jusqu'alors, la majorité des contaminations identifiées à l'étranger impliquait des personnes revenues de Wuhan, épicentre de l'épidémie. « Nous ne voyons peut-être que la partie émergée de l'iceberg », s'était déjà alarmé lundi 10 février Tedros Adhanom Ghebreyesus. Une question taraude justement le professeur Leung : quelle est la taille et la forme de cet iceberg ? La plupart des experts s'accordent à dire que chaque personne infectée transmettrait le virus à environ 2,5 autres individus, ce qui équivaut à un « taux d'attaque » de 60 à 80 %. « Soixante pour cent de la population mondiale est un nombre énorme », a déclaré Gabriel Leung au Guardian de Londres, présent à la réunion d'experts à l'OMS ce mardi à Genève. En effet, même si le taux de mortalité du coronavirus stagne autour de 1 % – il s'établissait ce lundi à 2,4 % –, le nombre de décès serait massif.

Lire aussi Coronavirus : comment aller en Chine

Fort de ce constat alarmant, Gabriel Leung, qui a joué un rôle majeur dans l'épidémie de Sras en 2002-2003, compte aborder une question tout aussi anxiogène à l'OMS : celle des mesures de prévention. Le scientifique estime que la seconde priorité – après l'étude de l'iceberg – est de savoir si les mesures drastiques prises par la Chine pour prévenir la propagation ont fonctionné. Dans l'affirmative, d'autres pays devraient songer à les adopter. Pour rappel, l'empire du Milieu n'a pas hésité à confiner 56 millions de Chinois…

« Le virus va peut-être atténuer sa létalité »

Le scientifique travaille en étroite collaboration avec d'autres chercheurs de renom. Fin janvier, il avait averti que les épidémies allaient probablement « croître de façon exponentielle » dans les villes chinoises. Ailleurs, « des éclosions indépendantes et autosuffisantes dans les grandes villes du monde pourraient devenir inévitables ». En cause, les mouvements importants de personnes infectées qui n'avaient pas encore développé de symptômes et de l'absence de mesures de santé publique pour arrêter la propagation.

Épidémiologistes et modélisateurs remuent leurs méninges pour tenter de prédire l'avenir, explique Leung. « Est-ce que 60 à 80 % de la population mondiale va être infectée ? Peut-être pas. Peut-être que cela se fera par vagues. Le virus va peut-être atténuer sa létalité parce qu'il ne l'aidera certainement pas s'il tue tout le monde sur son passage, parce qu'il sera tué aussi », développe-t-il.

Lire aussi Coronavirus : le docteur Li, martyr de la liberté

Le coronavirus impossible à contenir ?

Les experts doivent également savoir si les restrictions dans l'épicentre de Wuhan et d'autres villes ont réduit les infections. « Si oui, comment pouvons-nous les déployer, ou est-ce impossible ? » s'interroge le chercheur, avant de poursuivre : « Supposons qu'ils ont fonctionné. Mais pendant combien de temps peut-on fermer des écoles ? Pendant combien de temps peut-on fermer une ville entière ? Pendant combien de temps peut-on empêcher les gens de faire leurs courses dans les centres commerciaux ? Et si vous supprimez ces [restrictions], est-ce que le virus va revenir ? Ce sont donc de vraies questions. »

Et si les mesures de quarantaines en Chine n'ont pas fonctionné, il faudra sans doute se rendre à l'évidence : il serait possible qu'on ne puisse pas contenir le coronavirus. Le monde devra alors changer son fusil d'épaule et tout mettre en œuvre pour atténuer les effets du 2019-nCoV. Mais pour l'heure, les mesures de confinement sont essentielles. Celles-ci permettent de s'assurer que les gens n'exportent pas le virus. Mais ce n'est pas suffisant, explique Gabriel Leung, selon qui il faudrait que tout le monde subisse un test tous les deux ou trois jours dans les lieux confinés. Et si quelqu'un dans un camp de quarantaine ou à bord d'un navire de croisière frappé se révèle positif au coronavirus, l'horloge devrait être remise à 14 jours (période d'incubation) de plus pour tous les autres.

Lire aussi Coronavirus : l'appareil qui peut révolutionner sa détection

Certains pays considérés comme à risque en raison du mouvement des personnes à destination et en provenance de la Chine ont d'ores et déjà pris leurs précautions. Lors d'une visite récente en Thaïlande, Leung a conseillé au ministre de la Santé de mettre en place des camps de quarantaine, ce que le gouvernement a fait. Mais d'autres pays ayant des liens étroits avec la Chine semblent n'avoir rien fait, à l'instar de l'Indonésie. De son côté, Hongkong, qui compte 36 cas confirmés de coronavirus, doit faire face à l'épidémie au pire moment de son histoire récente. « Vous avez besoin de confiance, de solidarité, de bonne volonté. Or […] chaque goutte de ce réservoir de carburant de capital social a été épuisée après huit mois d'agitation sociale », développe Gabriel Leung dans les colonnes du Guardian.

À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation

Commentaires (43)

  • hip68

    Avant de mourir de surinformation, contentons-nous d'écouter les dires des uns et des autres avec la même attention et la même circonspection que nous accordions à Muriel Pénicaud, ministre du Travail qui déclarait, le 12 janvier dernier au cours du "Grand Jury" sur RTL : «Je ne sais pas d'où vient cette idée saugrenue du 49. 3 (... ), je n'y crois pas une seconde» !

  • FLYTOXX

    Il convient de regarder la réalité en face.
    On ne sait toujours pas vraiment comment la maladie se propage : par l’air ? Par l’eau ? Par contact ? Par l’alimentation ? Par des animaux (rats, oiseaux) ?
    Si le Coronavirus est relativement peu létal (apparemment 2. 5 % de décès) il semble très contagieux : 70 000 cas répertoriés en Chine deux mois après son apparition, 650 personnes infectées dans l’espace confiné du Diamond Princess alors que les contacts entre passagers étaient réduits au minimum.
    Dans cette hypothèse, la contamination 60 % de la population mondiale évoquée dans l’article n’est donc pas totalement inenvisageable et pourrait provoquer jusqu’à 200 millions de morts !
    Quand les malades se comptent par dizaines de milliers avec des foyers d’infection disséminés dans de nombreux endroit du territoire Chinois, il est certain qu’en dépit des mesures drastiques prises, l’épidémie finira par se répandre et gagner le reste de la planète.
    On nous répète assez qu’il est impossible de contrôler les frontières.
    Le fait qu’aucun cas n’aient été déclarés en Afrique où dans d’autres contrées aux infrastructures médicales peu développées signifie sans doute simplement qu’ils n’ont pas été détectés. En cas de pandémie, ces pays seront les plus sévèrement touchés.
    L’épidémie peut s’éteindre assez rapidement d’elle-même comme le SRASS en 2003. Il faut aussi compter sur la découverte d’un vaccin, mais même dans le cas d’une mise au point rapide, il faudrait un minimum de 6 mois pour une production en grande série.
    En outre, la tâche peut se révéler ardue : à ce jour il n’en existe toujours pas contre le SRASS.
    Le Coronavirus n’est pas une menace à prendre à la légère.

  • Hpets

    Mais si on ne tient compte que des chiffres, ce COVID19 pourrait faire plus de 100 millions de morts si 60% de la population mondiale était touchée avec un taux de mortalité de 3%...