Les Contamines-Montjoie proche du Mont Blanc dans les Hautes-Alpes le 8 février 2020

La commune des Contamines-Montjoie, en Haute-Savoie, là où un Britannique contaminé par le coronavirus l'a ensuite transmis.

afp.com/Marie GIFFARD

C'était un scénario redouté : sans avoir jamais mis les pieds en Chine, un Britannique contaminé par le nouveau coronavirus à Singapour l'a ensuite transmis à plusieurs compatriotes lors d'un séjour en France, avant d'être diagnostiqué en Grande-Bretagne.

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Baptisé "Super-spreader" ("Super-propagateur") par la presse populaire britannique, Steve Walsh, originaire de Hove dans le sud de l'Angleterre, aurait ainsi accidentellement contaminé onze personnes, dont un enfant de 9 ans, selon les informations actuellement disponibles. Cinq sont hospitalisées en France, cinq autres en Grande-Bretagne et un homme de 46 ans sur l'île espagnole de Majorque, où il réside.

L'homme d'affaires britannique a affirmé ce mardi qu'il était "complètement rétabli". "Je tiens à remercier le NHS pour son aide et ses soins. Mes pensées vont à ceux qui ont contracté le coronavirus", a déclaré Steve Walsh dans un communiqué écrit depuis l'hôpital londonien où il se trouve toujours en quarantaine.

Il a expliqué avoir contacté les services de santé dès qu'il avait réalisé avoir été exposé à un cas confirmé de coronavirus. "On m'a conseillé de me rendre dans une pièce isolée de l'hôpital, malgré l'absence de symptômes, puis de rester isolé chez moi", a-t-il dit. "Lorsque le diagnostic a été confirmé, j'ai été envoyé dans une unité d'isolement à l'hôpital, où je suis toujours, et, par précaution, ma famille a également été priée de rester à l'isolement", a-t-il décrit.

Un "cluster"

L'alerte est venue de la ministre française de la Santé. Samedi matin, lors d'un point-presse convoqué à la hâte, Agnès Buzyn annonce que cinq Britanniques ont été testés positif au 2019-nCoV dans une petite station de ski au pied de la chaîne du Mont-Blanc, au nom ironiquement prédestiné : les Contamines-Montjoie.

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Il s'agit d'un "cluster", c'est-à-dire un regroupement de plusieurs cas autour d'un "cas initial", explique la ministre, qui ajoute que six autres membres du groupe sont sous observation à l'hôpital. "Leur état clinique ne présente aucun signe de gravité", souligne-t-elle.

La source de l'infection est vite identifiée par les autorités sanitaires. Il s'agit d'un Britannique d'une quarantaine d'années venu passer quelques jours de vacances dans le petit village des Alpes avec ce groupe de compatriotes, après avoir assisté à un séminaire d'entreprise à Singapour, du 20 au 22 janvier.

Une centaine de personnes y participaient, selon les autorités de santé singapouriennes, dont au moins un Chinois de la province du Hubei, épicentre de l'épidémie qui a fait au moins 910 morts. Du 24 au 28 janvier, il séjourne dans l'un des deux appartements occupés par le groupe dans le même chalet, ont précisé les autorités locales samedi.

Éviter la psychose

Saisi de fièvre peu après son retour dans le sud de l'Angleterre, il se rend dans un hôpital de Brighton qui fait le diagnostic. Le 6, il est transféré à l'hôpital St Thomas de Londres, qui dispose d'une unité spécialisée dans les maladies infectieuses, a rapporté la presse britannique.

Alarmé, l'un de ses contacts en France, reparti pour Majorque, se rend à l'hôpital de Palma, où on lui confirme qu'il est porteur du virus. "La contamination s'est faite entre le 25 et le 29 janvier", a précisé à la presse le docteur Javier Murillas, responsable du service.

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L'homme "est actuellement en bonne santé, il ne présente pratiquement aucun symptôme", soulignait dimanche un responsable du ministère de la Santé, Fernando Simón. Sa femme et ses deux filles de 10 et 7 ans, également hospitalisées pour des tests, ne présentent aucun signe d'infection.

Mais le coronavirus a poursuivi son parcours. Lundi, le ministère britannique de la Santé a annoncé quatre nouveaux cas, également contaminés en France par le voyageur de Singapour, mais rentrés ensuite en Grande-Bretagne. S'y ajoute un cinquième membre du groupe, hospitalisée quelques jours plus tôt.

Allures de toile d'araignée

Les autorités sanitaires, de Paris à Londres, mènent désormais une vaste enquête pour vérifier si d'autres personnes ont pu être infectées par le virus. Un fil d'Ariane aux allures de toile d'araignée.

Dans la station des Contamines, où l'on souhaite écarter toute "psychose" en ce début de vacances scolaires, trois écoles fréquentées par l'enfant malade ont été provisoirement fermées et une centaine de personnes ont été testées. Tous les résultats sont négatifs.

Des recherches sont aussi menées auprès des passagers du vol Genève-Londres emprunté le 28 janvier par le voyageur contaminé. Enfin, une partie du personnel du pub "The Grenadier", fréquenté par le porteur du coronavirus juste avant son hospitalisation, a décidé de se placer en isolement. Mais, le pub, lui, reste ouvert, ont assuré ses propriétaires sur Facebook.

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