Saccage à Paris, la dérive

Occupation du siège social de Black Rock France par des militants de Youth For Climate. Paris, le 10 février 2020. ©AFP - Lucas Boirat / Hans Lucas
Occupation du siège social de Black Rock France par des militants de Youth For Climate. Paris, le 10 février 2020. ©AFP - Lucas Boirat / Hans Lucas
Occupation du siège social de Black Rock France par des militants de Youth For Climate. Paris, le 10 février 2020. ©AFP - Lucas Boirat / Hans Lucas
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Des militants anarchistes et écologistes ont dévasté hier le bureau parisien de BlackRock. Par glissements successifs, la violence s'installe dans les revendications. A quand les atteintes à l'intégrité physique ?

Pas de violence sur les personnels, mais les locaux ont été saccagés par quelques dizaines de personnes qui ont scandé des « BlackRock assassin » et des « Macron assassin ». Sous l’œil des caméras bienveillantes de ceux qu’on appelle les militants-journalistes, l’action a permis d’écrire des messages tels que (selon le site Novethic), je cite, « le kérosène, ce n’est pas pour les avions, c’est pour brûler les flics et les patrons ». 

L'opération de ces anarchistes qui haïssent le capitalisme mais adorent Facebook est bien sûr condamnable, mais elle illustre surtout le glissement vers une violence dangereuse. Par glissements successifs, on passe de la manifestation à l’occupation pacifique, puis de la désobéissance civile aux dégradations matérielles. A chaque fois, des bonnes âmes justifient ce qui se passe. 

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Alors à quand les violences physiques ? 

Pacifique au début, le mouvement des Gilets Jaunes a souvent débordé – et il n’y a pas eu seulement des radars routiers qui ont été vandalisés. La défense de la cause animale justifie maintenant parfois de s’attaquer à des boucheries. Jusqu'où va-t-on aller ? 

Une fois cela dit, on hésite à aller sur le fond du sujet, parce que y aller, c’est accepter de discuter de la légitimité des modes d’action. Mais si on y va un instant, Black Rock a pris position la semaine dernière contre un investissement minier de Siemens en Australie. Le gestionnaire américain d’actifs peut mieux faire mais c’est un nain dans la gestion de la retraite par capitalisation en France. 

Sur le fond surtout, si des militants veulent manifester sur le climat, c’est plutôt devant les ambassades des Etats-Unis et de Chine qu’il faut le faire, et en Chine même – parce que c’est là que le passif climatique est le plus lourd. 

Mais ce type d’actions n’est-il pas efficace ? 

Sur le climat, la pression politique des Verts de Yannick Jadot et de Julien Bayou, dont on ne doute pas qu’ils condamneront l’action anarchiste d’hier, leur pression est certainement plus efficace, comme l’action de Pascal Canfin à Bruxelles. 

Et Notre-Dame des Landes, direz-vous ? Le pouvoir politique a cédé face aux activistes sur le site. C’est vrai. Eh bien quoi qu’on pense de l’abandon du projet d’aéroport, la façon dont cela s’est passé, en s’essuyant les pieds sur les résultats d’un référendum, n’a pas grandi le fonctionnement démocratique et a ouvert la voie à des dérives qu’on n’a pas fini de regretter dans un pays où les rendez-vous électoraux qui permettent d'exprimer ses opinions sont quasi-permanents.

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