À Nantes, on invente les panneaux solaires du futur

Ils sont souples, ultra-légers, semi-transparents et durables. Les propriétés innovantes des films solaires mis au point par l'entreprise nantaise Armor ouvrent de nouvelles perspectives pour la production d'énergie renouvelable.

Le film mis au point par Armor est tout à la fois souple et très léger (450 g/m²).
Le film mis au point par Armor est tout à la fois souple et très léger (450 g/m²). (© Oioo)

Contenu en partenariat avec ENEDIS

Et si c'était à Nantes (Loire-Atlantique) qu'étaient conçus les panneaux photovoltaïques du futur ? C'est le pari lancé par Armor, société fondée en 1922 et spécialisée dans les encres et les cartouches d'impression. Elle mène depuis une dizaine d'années des travaux de recherche et développement pour mettre au point une « innovation de rupture » dans le domaine du solaire, selon les mots de son PDG, Hubert de Boisredon. En lien avec des scientifiques de l'Institut national de l'énergie solaire (INES), elle a lancé un film ultra-fin et d'une grande légèreté (450 g/m²) dénommé Asca.

« Sa flexibilité et sa souplesse changent la donne par rapport aux panneaux rigides que nous connaissons aujourd'hui, poursuit-il. Ces qualités lui permettent d'épouser des formes arrondies ou complexes et de couvrir des dômes par exemple ». Autre atout : le film est translucide, ce qui permet de le déployer sur des surfaces vitrées, comme c'est déjà le cas sur des serres agricoles. En laissant passer la lumière tout en la transformant en électricité, la technologie nantaise permet de développer de nouveaux revenus pour les maraîchers de la région. Enfin, Armor met en avant la « durabilité » de sa solution : « A la différence des panneaux classiques, Asca contient des éléments d'origine organique et non des métaux rares, avance Hubert de Boisredon. Il est donc écologique et parfaitement recyclable. »

Recouvrir les gratte-ciels de Dubai

Cette petite révolution a déjà séduit des clients dans le monde entier, qui se pressent autour du berceau de ce film capable de produire une énergie propre et durable. Ce savoir-faire « made in France » s'est ainsi déjà déployé en Afrique. Au Togo, l'entreprise a passé un partenariat avec l'Unesco dans le cadre d'une opération de soutien à l'éducation, afin de mettre à disposition de plus de 200 écoliers des kits solaires. Une pochette dotée d'un film photovoltaïque permet aux enfants de charger une lampe mobile durant la journée d'école. Elle leur apportera, le soir, la lumière indispensable pour étudier, dans une région où l'accès à l'énergie fait cruellement défaut.

Dans un autre ordre d'idées, c'est à Dubai qu'Armor prospecte désormais, afin de recouvrir les gratte-ciels de son film organique. L'entreprise nantaise a vu dans les ambitions de l'émirat une opportunité stratégique : l'État veut y atteindre une puissance installée d'énergie renouvelable de 1 gigawatt par an. « Les surfaces verticales vitrées vont devenir un enjeu à Dubaï et notre film peut tout à fait les recouvrir », explique Hubert de Boisredon.

Améliorer les rendements pour s'imposer

Forte de ces avancées, l'entreprise nantaise poursuit aujourd'hui ses travaux de recherches. Objectif : parvenir à faire progresser les rendements offerts par le film photovoltaïque, qui restent bien inférieurs à ceux des technologies actuelles. Si certains modules sur le marché dépassent des rendements de 20 %, « ils sont de l'ordre de 5 à 8 % pour les films », explique Hubert de Boisredon. Le PDG de l'entreprise souligne toutefois le bon bilan environnemental de son innovation : « Le temps de fonctionnement du film nécessaire pour compenser les émissions de CO2 liées à sa production n'est que de 4 à 6 mois, contre un an et demi à deux ans pour un panneau ».

En parallèle des travaux scientifiques, un outil de production a été conçu, capable de réaliser 1 million de m² de film Asca par an. « Le démarrage de la production est nécessaire pour que nous entrions dans une dynamique vertueuse qui permettra de faire baisser les coûts », explique le PDG d'Armor. Le déploiement de plusieurs démonstrateurs pilotes est actuellement en réflexion.

CONSULTEZ AUSSI

> Les belles promesses de l'énergie bleue

> Dans le Morbihan, des parkings produisent de l'électricité