Retrait de Griveaux : qui est Piotr Pavlenski, l’activiste russe qui a diffusé les vidéos compromettantes ?

L’artiste russe Piotr Pavlenski a reconnu être l’auteur de l’article ayant diffusé des vidéos qui ont entraîné le retrait de la candidature de Benjamin Griveaux à la mairie de Paris.

    Benjamin Griveaux a annoncé ce vendredi matin qu'il abandonnait la course à la mairie de Paris en raison d' « attaques ignobles » relayées par « un site Internet et des réseaux sociaux ». Derrière le site en question, enregistré le 23 novembre dernier à Toronto, se trouve Piotr Pavlenski, un artiste russe réfugié en France, à Paris, depuis 2017.

    Mercredi, ce site a diffusé une vidéo intime et des messages connotés adressés à une femme, affirmant qu'ils émanaient de l'ancien porte-parole du gouvernement. Pour motiver cette publication, le site prétend dénoncer les « fonctionnaires et représentants politiques qui mentent à leurs électeurs en imposant le puritanisme à la société, alors qu'ils le méprisent eux-mêmes ».

    Benjamin Griveaux retire sa candidature à la mairie de Paris

    Une action revendiquée par un artiste russe

    Depuis janvier, douze « articles » au total ont été publiés sur ce site, dont trois consacrés à Benjamin Griveaux (l'original, l'un avec marqué « censuré » dans le titre, et un troisième en langue russe). Ces trois-là sont signés Piotr Pavlenski. Ce dernier a indiqué jeudi soir à Libération avoir voulu « dénoncer l'hypocrisie » du député de Paris. D'après lui, la vidéo compromettante lui aurait été donnée par une « source » ayant eu une relation consentie avec Benjamin Griveaux. Ce dernier est « quelqu'un qui s'appuie en permanence sur les valeurs familiales, qui dit qu'il veut être le maire des familles et cite toujours en exemple sa femme et ses enfants. Mais il fait tout le contraire », a cherché à justifier Pavlenski auprès de Libération. Interrogé également par Mediapart, il a assuré avoir agi seul.

    Âgé de 35 ans, Pavlenski s'était déjà fait connaître en France pour avoir incendié la façade d'une agence de la Banque de France, place de la Bastille, à Paris, en octobre 2017. Il avait été condamné en janvier 2019 à trois ans de prison, dont 2 ans avec sursis. « Vive les Gilets jaunes », avait-il lâché lors de l'audience.

    VIDÉO. Qui est Piotr Pavlenski, l'homme qui a diffusé les vidéos ?

    Auparavant, il a régulièrement défié les autorités russes. En 2012, par exemple, il s'était cousu les lèvres pour défendre la liberté d'expression en soutien aux Pussy Riot, un groupe de jeunes femmes condamnées en Russie à deux ans de camp pour avoir « profané » la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou. Un an plus tard, il s'était cloué les testicules sur la place Rouge, dans la capitale russe. En 2015, il a arrosé d'essence et incendié les portes du siège de l'ex-KGB, les services secrets russes, toujours à Moscou. En décembre 2016, alors qu'il est accusé d'agression sexuelle, il avait dénoncé une machination du pouvoir russe et s'était enfui en France, où il obtiendra le statut de réfugié politique cinq mois plus tard.

    Selon Mediapart, Piotr Pavlenski était recherché par la police française depuis le 31 décembre dernier, en raison d'une violente rixe survenue le soir du réveillon chez l'avocat Juan Branco. Celui-ci a d'ailleurs indiqué ce vendredi au Point avoir été « sollicité comme avocat » par l'activiste russe.

    Un site confidentiel jusqu'à jeudi

    Les autres articles publiés sur le site dont Pavlenski dit être le créateur concernent notamment Jeffrey Epstein, le prêtre de l'Oise accusé de pédophilie et tué en novembre dernier Roger Matassoli, ou encore Christian Nègre, un ancien haut fonctionnaire du ministère de la Culture accusé d'avoir intoxiqué des femmes pour les pousser à uriner devant lui.

    La personne qui l'a créé s'est domiciliée à une adresse correspondant à celle d'un important groupe de services Internet. Et le mail pour contacter le site est une adresse @protonmail.fr, qui est une messagerie chiffrée et sécurisée. Pas grand monde n'avait révélé son existence jusqu'à ce que le billet consacré à Benjamin Griveaux soit très partagé sur les réseaux sociaux jeudi après-midi, notamment par le député (ex-LREM) Joachim Son-Forget.