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Griveaux et les municipales : ce que risque l’auteur de ce "revenge porn"

Le candidat de la République en Marche annonce qu’il se retire de la course à la mairie de Paris après la diffusion de vidéos à caractère sexuel dont il serait l’auteur. Une fois la crise politique et médiatique passée, Benjamin Griveaux pourrait se retourner pénalement contre un artiste russe qui affirme avoir diffusé ces contenus.

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Ce vendredi 14 février, Benjamin Griveaux annonce dans une vidéo qu'il se retire de l'élection municipale à Paris. (Thibault Camus/AP/SIPA)

Par Florent Vairet

Publié le 14 févr. 2020 à 11:49Mis à jour le 14 févr. 2020 à 11:54

Il aura fallu moins de deux jours pour que la fuite ait l’effet escompté. Mercredi soir, des images montrant de prétendus échanges de SMS et des vidéos montrant un sexe en érection ont été diffusées sur Internet. D’après Libération, c’est l’artiste russe Piotr Pavlenski, réfugié en France, qui aurait mis en ligne cette vidéo. Il dit vouloir “dénoncer l’hypocrisie” de l’ex-porte-parole du gouvernement.

“C’est quelqu’un qui s’appuie en permanence sur les valeurs familiales, qui dit qu’il veut être le maire des familles et cite toujours en exemple sa femme et ses enfants. Mais il fait tout le contraire. [...] Je vis désormais en France, je suis parisien, c’est important pour moi.”, a-t-il déclaré à Libération jeudi soir.

Quelles que soient ses motivations, le fait de diffuser ce type de contenus à l’insu de la personne concernée est puni pénalement depuis 2016, comme le rappelle ce vendredi Axelle Lemaire, la ministre socialiste qui avait porté la loi pour une République numérique.

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Avant l’entrée en vigueur de cette loi, un texte condamnait déjà ceux qui portaient atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui. Le code pénal prévoyait que l’enregistrement d’images d’une personne - sans son consentement - se trouvant dans un lieu privé était passible d’un an d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende.

L’affaire Benjamin Griveaux n’entre pas dans le cadre de cette loi. La raison : les vidéos diffusées impliquent que l’auteur était - a priori - consentant lors de l’enregistrement de celles-ci. Seule la diffusion n’était pas consentie.

En revanche, le candidat malheureux LREM à la Mairie de Paris est pour autant bel et bien protégée par la loi (à toujours supposer qu’il soit bien l’auteur de ces vidéos). Dans la loi votée en 2016, Axelle Lemaire avait en effet fait entrer dans le code pénal le cas du “revenge porn”.

Qu’est ce que le revenge porn ?

C’est le cas de figure où l’auteur est pleinement consentant concernant l’enregistrement de la vidéo, mais non la diffusion. Avec la prolifération du cyberharcèlement, les cas de revenge porn sont désormais légion et prennent différentes formes. Ce phénomène peut recouvrir le cas d’un couple qui s’échange des vidéos à caractère sexuel… vidéos qui finissent sur Internet, après une séparation douloureuse par exemple.

Il recouvre aussi ce que nous vous avions relaté : celui d’Augustin qui racontait avoir cédé aux sirènes de la tentation à la suite d’un “match” Tinder. Il avait rejoint une jeune femme sur Skype pour un échange de vidéos pornographiques. Cette dernière avait enregistré le Skype et lui avait demandé 1.500 euros, sans lesquels elle diffuserait la vidéo aux membres de son entreprise, ce qu’elle a finalement fait.

L’affaire Benjamin Griveaux entre bien dans le cas du revenge porn. A - encore - supposer qu’il soit l’expéditeur de la vidéo, la diffusion s’est faite à son insu. Il pourrait se retourner contre l’artiste russe qui encourrait deux ans d’emprisonnement et 60.000 € d’amende. L’avocat de l’ex-candidat annonce par ailleurs qu'il "poursuivra toutes les publications qui violeront la vie privée" de son client.

Florent Vairet

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