Tous les récents indicateurs économiques pointent dans la même direction : la zone euro frôle la stagnation. Au quatrième trimestre, la croissance des pays de la monnaie unique européenne a été de seulement 0,1 %, selon les statistiques publiées par Eurostat vendredi 14 février. En décembre 2019, la production industrielle a baissé de 2,1 % par rapport à novembre, tandis que les ventes au détail ont reculé de 1,6 %. L’évolution du produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre a même été négative en France (– 0,1 %) et en Italie (– 0,3 %). En Allemagne, elle a été nulle : « Un soulagement », réagit Rosie Colthorpe, d’Oxford Economics, un commentaire qui en dit long sur le pessimisme ambiant. Et ces nouvelles médiocres ne comprennent pas les effets de l’épidémie due au coronavirus en Chine, qui n’a eu des répercussions économiques que depuis le mois de janvier.
Ce sérieux coup de frein, qui porte la croissance de la zone euro sur un an à 0,9 %, illustre une faiblesse paradoxale de la région : sa dépendance à la Chine. Les exportations de l’eurozone vers ce pays comptent pour 1,3 % de son PIB ; aux Etats-Unis, elles en valent moitié moins, à 0,6 % (les importations sont les mêmes, autour de 2,5 % du PIB). La dépendance est particulièrement aiguë en Allemagne, où les exportations atteignent 2,8 % du PIB, au même niveau que le Japon, qui est pourtant voisin géographique de la Chine.
« Pour avoir un sens des grandeurs, les exportations américaines de produits manufacturés – en pourcentage du PIB – sont plus faibles que le seul surplus allemand dans l’automobile, écrivait en 2019 Brad Setser, économiste au Council on Foreign Relations, un groupe de réflexion américain. Certes, l’Allemagne est spécialisée dans l’automobile mais la différence demeure énorme. »
Plus dépendante de la croissance mondiale
Cette dépendance européenne est le revers de la médaille d’un certain succès de la politique économique de la dernière décennie. Pendant la crise, la recette appliquée à tous a été la même : une dévaluation intérieure. Puisqu’une dévaluation de la monnaie n’était pas possible, il a fallu réduire les salaires, les aides sociales et rendre la main-d’œuvre plus flexible, afin d’améliorer la compétitivité de l’économie. Objectif : s’en sortir grâce aux exportations. La solution a été appliquée avec méthode. Alors que la balance commerciale de la zone euro était à peine à l’équilibre il y a une décennie, elle est aujourd’hui largement excédentaire.
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