Macron prévient : la Russie va «continuer à essayer de déstabiliser» les démocraties occidentales

Lors de la conférence de Munich sur la sécurité, le chef de l’Etat, dont la campagne de 2017 avait été la cible de hackers russes, a mis en garde contre les ingérences russes.

    L'Elysée a beau le nier, difficile de ne pas faire le lien entre les propos tenus ce samedi par Emmanuel Macron à la 56e Conférence sur la sécurité, à Munich (Allemagne), et l'« affaire » Griveaux, contraint de renoncer à briguer la mairie de Paris suite à la publication de vidéos intimes par un activiste russe.

    La Russie va « continuer à essayer de déstabiliser » les démocraties occidentales via la manipulation des réseaux sociaux ou des opérations dans le cyberespace, a lancé, avec vigueur, le chef de l'Etat. Cette manipulation se ferait « soit (via) des acteurs privés, soit directement des services, soit des proxies. » Un proxy étant un composant informatique qui joue le rôle d'intermédiaire. L'Etat russe, ajoute Macron, est un « acteur extrêmement agressif » dans ce domaine.

    « La personne en face de vous a subi une attaque massive avant le premier tour (NDLR : de la présidentielle) et sait d'où elle vient », a rappelé l'hôte de l'Elysée. Deux groupes de hackers liés au renseignement militaire russe (GRU) auraient été impliqués dans le piratage d'e-mails de l'équipe de campagne du candidat Macron en 2017. A l'époque, son entourage avait dénoncé une « forme d'ingérence » et accrédité l'idée d'un « Macron Leaks ».

    « Renforcer les défenses technologiques »

    « Des acteurs privés utilisent des technologies de deepfakes (NDLR : hypertrucage) manipulent, pénètrent, diffusent de l'information à très grande vitesse de toutes natures, sans traçabilité, dans des systèmes démocratiques hypermédiatisés où tout se sait tout de suite, avec un effet d'émotion et d'intimidation », a déploré Macron à Munich. Il faut selon lui « renforcer les défenses technologiques, les coopérations entre services » occidentaux afin d'identifier et « d'attribuer » ces attaques qui restent souvent anonymes.

    Ce n'est pas la première fois que le président français stigmatise le double jeu de la Russie de Vladimir Poutine. Lors de leur première rencontre, quinze jours à peine après son entrée en fonction, Emmanuel Macron qui, recevait son homologue russe dans le cadre prestigieux du Grand Trianon à Versailles, dénonçait déjà les « organes d'influence » qu'auraient été Russia Today et Sputnik durant la campagne. A ses côtés, Poutine était resté imperturbable.

    Pourtant, depuis quelques mois, la diplomatie française, douchée par les volte-face de Donald Trump, notamment en Europe et sur le théâtre moyen-oriental, avait entamé un virage pro-russe. En août, Poutine – persona non grata au G7 de Biarritz (‎Pyrénées-Atlantiques) quelques jours plus tard – était reçu au fort de Brégançon, la résidence d'été du chef de l'Etat. En décembre, c'est dans cet état d'esprit d'apaisement, que l'Elysée avait accueilli un sommet de haute volée, dont le maître du Kremlin, pour tenter de régler le conflit meurtrier entre Kiev et Moscou.

    Enfin, les propos de Macron sur la « mort cérébrale » de l'Otan, traduisaient aussi, en filigrane, cette volonté de se rapprocher du voisin russe, quitte à crisper les relations avec les partenaires européens, et notamment allemand. Un ambassadeur aguerri, Pierre Vimont, a même été nommé pour soigner les échanges entre Paris et Moscou. « Ouverture n'est pas synonyme de naïveté », souligne-t-on au sein de l'exécutif où l'on dit prendre modèle sur Poutine lui-même qui n'accepte jamais de boire dans un verre non identifié…