Coronavirus : une épidémie de fake news

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Coronavirus : une épidémie de fake news

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Coronavirus, épidémie de fake news ? C'est la question au cœur des Idées Claires, notre programme hebdomadaire produit par France Culture et Franceinfo destiné à lutter contre les désordres de l'information, des fake news aux idées reçues.

Depuis le mois de janvier 2020, le coronavirus (2019 n-Cov) se propage hors de Chine, frappant de nombreux pays comme la Thaïlande, la France, le Royaume-Uni, les États-Unis. Le virus amène avec lui son lot de rumeurs et fausses informations. Sur les réseaux sociaux, de fausses images circulent, des explications infondées de l'origine du coronavirus ou encore des remèdes miracles, le tout sans source et sans analyse.  

L'Organisation mondiale de la santé vient d'ailleurs de signer un accord avec Google pour que les premiers liens d'une recherche soient ceux d'informations validées par les autorités sanitaires. Facebook, Twitter et Tencent (qui gère des réseaux sociaux chinois) ont signé des accords similaires. 

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Pour déconstruire ces rumeurs nous avons questionné Anne-Claude Crémieux, professeure de maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Louis à Paris.  

Je peux attraper le coronavirus en France ? 

Anne-Claude Crémieux : "Alors non, on ne peut pas dire qu’on peut attraper le coronavirus n’importe où en France. Certes, si l’on est en contact avec une personne infectée il y a un risque de transmission, mais le virus ne circule pas dans la population en France comme il circule en Chine. Et par conséquent, le risque aujourd’hui d’être en contact avec une personne infectée est extrêmement faible."

Fréquenter des personnes asiatiques augmente les risques ? 

Anne-Claude Crémieux : "Le fait d’être asiatique n’est pas en soi un facteur de risque. C’est, très clairement, le fait d’avoir été dans les zones hautement contaminées. Et vous savez bien que les précautions qu’on prend en France consistent à mettre en quarantaine les Français qui ont été rapatriés et qui rentrent de Wuhan." 

Je peux être infecté.e en mangeant dans un restaurant chinois ?

Anne-Claude Crémieux : "Non, la nourriture ne transmet pas le nouveau coronavirus, encore une fois la transmission se fait par un contact proche avec une personne qui est infectée." 

Porter un masque sert-il à quelque chose ? 

Anne-Claude Crémieux : "Dans la rue non, puisque encore une fois le virus ne circule pas dans la population en France. Et par conséquent, aujourd’hui, il n’y a aucune raison de porter un masque pour aller faire ses courses ou pour circuler dans le métro."   

Pouvons-nous croire au bilan communiqué par la Chine ? 

Anne-Claude Crémieux : "On peut toujours imaginer, si vous voulez, qu’en temps réel il y a une sous-estimation du nombre de morts, parce qu’effectivement il faut toujours un certain temps avant de répertorier les décès, néanmoins je pense qu’on peut considérer avec une assez grande marge de certitude que les décès qui sont actuellement comptabilisés correspondent à la réalité. Ce d’autant que les nombreuses publications scientifiques qui sont sorties depuis trois semaines, un mois, donnent à chaque fois le même taux de 2% de mortalité."

Peut-t-on guérir du coronavirus ? 

Anne-Claude Crémieux : "Oui, pour l’immense majorité des personnes qui sont infectées par le coronavirus, on peut dire qu’elles guérissent spontanément puisqu’il n’y a pas de traitement à ce stade, efficace. Et on sait que 2% des personnes vont décéder. On sait aussi, et c’est important, que les personnes qui décèdent sont plus âgées et ont plus de pathologies que les personnes qui ne décèdent pas. Et enfin, un élément plutôt rassurant, c’est que les enfants sont très peu touchés. Et lorsqu'ils le sont, ont des formes très bénignes, on le sait grâce aux données qui nous viennent de Chine."       

Un vaccin est-il en cours ? 

Anne-Claude Crémieux : "Alors il y a des médicaments qui sont en cours de développement, des médicaments connus pour avoir une activité contre des virus proches de ce nouveau coronavirus mais à ce stade on sait qu’il marche in vitro, au laboratoire, mais on n’a pas de preuve qu’il marche chez l’homme. Néanmoins ils sont essayés sur des personnes infectées puisqu’il n’y a pas d’autre possibilité. Le reste, les huiles essentielles, etc. n’ont absolument pas fait preuve de leur efficacité."

Le virus a-t-il été produit dans un laboratoire à Wuhan ? 

Anne-Claude Crémieux : "Je crois qu’on peut être vraiment formel là-dessus, on a vraiment toutes les données pour montrer que les premières victimes en décembre, de cette infection, travaillaient ou ont été en contact proche avec le marché d’animaux de Wuhan. Et c’est très plausible, si vous voulez, quand on ait affaire à des coronavirus de type Sras ou nouveau coronavirus."

Pourtant un brevet a circulé sur Internet… 

Anne-Claude Crémieux : "Il y a eu des recherches notamment après l’épidémie de Sras , (couper un bout de l’export du coup) qui étaient à l’origine de l’épidémie de Sras, étaient porteuses d’autres coronavirus. On a isolé des coronavirus qui sont proches de ce nouveau coronavirus mais ils n’étaient pas identiques donc effectivement il s’agit vraiment d’un nouveau coronavirus."

Le virus pourrait échapper aux autorités et devenir hors de contrôle ?

Anne-Claude Crémieux : "Encore une fois il est très tôt, par rapport au début de cette épidémie puisque je vous rappelle qu’elle a commencé en décembre. A priori, les choses évoluent, et notamment les données qu’on commence à avoir de Chine, vers une diminution du nombre de nouveaux cas. Et hors de Chine, il y a un nombre assez restreint de personnes infectées. Mais il est trop tôt pour être définitif, je crois qu’il faut, et c’est le travail des autorités sanitaires, être toujours prêt à plus de cas, de façon à ne pas se laisser surprendre."     

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Coronavirus, une épidémie de fake news

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