«Le plus cher du monde»: Ce métal méconnu qui affole les marchés

Publié

«Le plus cher du monde»Ce métal méconnu qui affole les marchés

Peu connu du grand public et plébiscité dans l'automobile, le rhodium voit son prix s'envoler, au point d'être considéré comme le métal «le plus cher du monde».

Sa rareté et la dépendance de son approvisionnement à une zone d'extraction figurent parmi les principaux facteurs du coût élevé du rhodium.

Sa rareté et la dépendance de son approvisionnement à une zone d'extraction figurent parmi les principaux facteurs du coût élevé du rhodium.

Capture d'écran vidéo YouTube

Le prix du rhodium a presque doublé depuis le 1er janvier, passant de 6 000 dollars à 11 500 dollars l'once, vendredi, selon le cours publié deux fois par jour par le groupe de chimie, Johnson Matthey. Sept fois plus que l'or.

Qu'est-ce que le rhodium?

Le rhodium est un métal blanc argenté de la famille des platinoïdes, «d'aspect proche de l'argent, très dur et très résistant à la corrosion», explique à l'AFP John Plassard, spécialiste des marchés chez Mirabaud. «Il n'y a pas de mines de rhodium à proprement parler», ajoute-t-il, le rhodium étant un sous-produit de l'extraction du platine ou du nickel.

Considéré comme un métal rare, le rhodium ne fait pour autant pas partie de la catégorie des «terres rares», cet ensemble de 17 métaux fournis à 95% par la Chine et essentiels à une série de produits technologiques.

À quoi sert-il ?

Le rhodium «fait partie de ces métaux qui participent à la transformation du secteur automobile», indique M. Plassard. Il est principalement utilisé par l'industrie automobile dans la fabrication des catalyseurs d'échappements - ou pots catalytiques - car il permet de limiter l'émission de gaz polluants, notamment l'oxyde d'azote (NOx).

Le rhodium trouve également des utilisations en chimie et dans la composition de bijoux, comment certains colliers ou bracelets du joailler Swarovski.

Où en trouve-t-on ?

L'Afrique du Sud a extrait entre 80% et 85% de la production mondiale en 2019, selon un rapport publié mercredi par Johnson Matthey, le reste se partageant entre la Russie et l'ensemble des autres pays du monde. La production totale s'élève à environ 26 tonnes par an ces trois dernières années, auxquelles viennent s'ajouter entre 10 et 13 tonnes de rhodium recyclé, selon le même rapport.

Les conditions d'extraction «ne sont pas exemptes de certains risques», rappelle M. Plassard, qui pointe «la toxicité potentiellement cancérigène de ce type de métaux».

Pourquoi est-il si cher?

Sa rareté et la dépendance de son approvisionnement à une zone d'extraction figurent parmi les principaux facteurs du coût élevé du rhodium. La demande forte de l'industrie automobile portée par les mesures anti-pollution, en Europe mais aussi en Chine, s'est accentuée l'an dernier (14%), générant une situation de déficit du marché. De plus, «l'intérêt des investisseurs en quête de nouvelles valeurs refuges a également tiré les prix vers le haut», ajoute M. Plassard.

Si les perspectives pour son prix sont bonnes pour 2020 - Johnson Matthey s'attend à un accroissement du déficit de l'offre - certains analystes alertent sur le volet spéculatif et rappellent le revers de fortune du rhodium en 2008, dont le cours avait été brusquement divisé par dix entre juin et novembre.

Est-il le seul métal dont le prix décolle cette année?

Les cours des métaux ont plutôt souffert depuis le 1er janvier à cause des craintes pesant sur la demande chinoise, le premier importateur de matières premières étant en proie à une épidémie de pneumonie virale qui contraint son économie et menace de peser sur sa croissance.

Mais certains tirent leur épingle du jeu: le palladium a gagné près de 25% depuis le début de l'année, tiré lui aussi par la demande de l'industrie automobile, et, dans une moindre mesure l'or, soutenu par son statut de valeur refuge.

L'once de palladium s'échangeait vendredi sur le London Metal Exchange autour de 2 435 dollars l'once, contre environ 1 580 dollars pour l'once de métal jaune.

(L'essentiel/afp)

Ton opinion